Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— H'elas, murmura Juve, je ne puis vous promettre mon concours pour le moment. Il est une chose qui prime tout pour moi, c’est Fandor. O`u est-il ? Qu’est-il devenu ? O`u pourrais-je le retrouver ? L`a pour moi est le principal probl`eme et j’'eprouve `a son 'egard de telles appr'ehensions que je me sens incapable de m’occuper d’autre chose.
— Je vous en prie, Juve, cela ne vous emp^echerait pas de rechercher Fandor, tout en enqu^etant pour mon compte.
Le magistrat s’arr^eta, on venait de frapper `a sa porte :
— Qu’est-ce que c’est ?
Un jeune attach'e du Parquet se pr'esenta :
— Monsieur le juge, fit-il, c’est de la part du procureur g'en'eral. Une plainte qu’on vient de lui adresser et qui peut avoir un int'er^et pour les affaires que vous instruisez.
L’attach'e du Parquet se retira apr`es avoir remis une lettre au magistrat. Celui-ci la lut rapidement, puis la d'eposa sur un coin de son bureau.
— Est-il indiscret de vous demander… ?
— Mais non, fit Fuselier, seulement la chose n’a qu’une importance m'ediocre, c’est l’infant d’Espagne, don Eugenio qui se plaint qu’on lui a vol'e sa voiture. Je me demande quel rapport cela peut avoir avec les affaires dont je suis charg'e. Mon cabinet n’est pas le bureau des objets perdus.
Mais Juve qui s’'etait pench'e par-dessus l’'epaule du magistrat pour lire le document qu’il avait recu poussa une exclamation :
— Mais sa voiture, c’est le n° 67.921.
— Peut-^etre. C’est bien cela, en effet.
— Mais savez-vous, monsieur Fuselier, que c’est la voiture retrouv'ee cette nuit au pont Caulaincourt ? La voiture dans lequel 'etait ce nomm'e Person, l’entrepreneur de maconnerie qui, apr`es avoir racont'e `a un inconnu trouv'e au caf'e qu’il avait vingt mille francs sur lui, a 'et'e d'epouill'e.
Juve mit son chapeau, prit cong'e :
— Eh bien, d'eclara-t-il, en s’en allant, je change d’avis. Fuselier, comptez sur moi pour m’occuper de toutes ces affaires.
Puis le policier, `a toute allure, descendit l’escalier de l’instruction, quitta le Palais de Justice, sauta dans un taxi-auto.
***
— J’ai de la chance, murmurait Juve.
Et le policier, sans s’asseoir, comme l’avait invit'e `a le faire un vieux domestique en livr'ee, allait et venait dans un salon richement meubl'e, mais dont les meubles couverts de housses pour la plupart tendaient `a prouver que la pi`ece 'etait rarement habit'ee.
Juve, en quittant Fuselier, s’'etait fait conduire directement rue Erlanger. Il n’esp'erait gu`ere rencontrer l’infant d’Espagne, mais avait eu la chance d’apprendre que Son Altesse Royale ne demandait pas mieux que de le recevoir.
Quelques instants plus tard, don Eugenio rejoignait le policier :
— Monseigneur, d'eclara Juve, en s’inclinant respectueusement, je vous suis adress'e par la Pr'efecture de Police au sujet de la plainte que vous avez port'ee. On vous a vol'e votre voiture automobile ?
— En effet, monsieur, r'epliqua l’infant, qui raconta en d'etail `a Juve les conditions dans lesquelles la porte de sa remise avait 'et'e fractur'ee, puis comment la voiture avait disparu.
Et Juve, `a son tour, dit `a l’infant d’Espagne les incidents survenus la veille au soir.
Or, tandis qu’il parlait, l’infant 'etait tr`es p^ale. Il se troubla tout `a fait, lorsque Juve lui d'eclara :
— Ce qu’il y a de curieux, monseigneur, c’est que, `a quelques exceptions pr`es, les manifestations de ce fant^ome extraordinaire se produisent toujours dans le voisinage imm'ediat du caveau de la famille de Gandia. Pourriez-vous en conclure quelque chose ?
— Non, balbutia l’infant.
Juve, apr`es une minute d’h'esitation, interrogea encore :
— Permettez-moi, monseigneur, puisque j’ai l’honneur de vous rencontrer, de vous demander de pr'eciser certains d'etails de votre existence.
— Parlez.
— Voil`a, fit Juve. On s’est 'etonn'e, `a Paris de l’existence de M lle Merc'ed`es de Gandia, existence que l’on a connue surtout le jour de son d'ec`es.
— Ma ni`ece, observa l’infant, vivait tr`es retir'ee. Son p`ere 'etait mort, il y a de cela six mois `a peine, et ni l’un ni l’autre n’avaient jusqu’alors habit'e Paris, c’est pour cela que Merc'ed`es 'etait peu connue de mon entourage parisien.
Juve poursuivit :
— Permettez-moi, monseigneur, une question plus d'elicate. Vous ^etes c'elibataire, n’est-il pas vrai ?
— Oui, monsieur.
— D`es lors, monseigneur, comme tout c'elibataire j’imagine que vous avez des relations f'eminines. Des aventures galantes, parfois, et des personnes un peu de tous les mondes ?
L’infant rougit, esquissa un sourire.
— Mon Dieu, monsieur, 'evidemment, mais je ne comprends pas ?
— Est-il vrai, monseigneur, qu’il y a deux mois environ, vous avez cherch'e `a enlever, 'etant `a Biarritz, une femme, une femme mari'ee, connue sous le nom de Delphine Fargeaux ?
L’infant baissa la t^ete. Fort g^en'e, mais sinc`ere, il se mit en mesure de r'epondre :
— Vous ^etes bien renseign'e, monsieur. Il y a beaucoup de vrai. Tout au moins dans les intentions. Mais l’affaire n’a pas eu de suite. L’enl`evement ne s’est pas effectu'e.
— Je le sais, fit Juve, mais n’avez-vous pas essay'e d’enlever en son lieu et place une autre personne ?
— Non, monsieur. Si on a fait courir le bruit que j’avais enlev'e une autre femme, c’est l`a une accusation fausse.
— Je n’insiste pas, d'eclara Juve, qui s’inclina.
De son c^ot'e, l’infant n’insista pas pour retenir le policier et le reconduisit avec empressement. Sur le seuil de la porte, Juve, cependant, s’arr^eta :
— Permettez-moi, fit-il, encore une question.
— Parlez, monsieur.
— Par le fait du d'ec`es de M lle Merc'ed`es de Gandia, vous h'eritez, n’est-il pas vrai, de son immense fortune ?
L’infant d’Espagne eut un sursaut. Il toisa le policier.
— Monsieur, pourquoi cette question ?
— C’est un simple renseignement, monseigneur, que je sollicite de votre obligeance.
— Dans ce cas, fit-il, je veux bien vous r'epondre. Il est exact, en effet, que j’h'erite de ma ni`ece.
Juve s’inclina :
— Merci, monseigneur.
Cette fois, il s’en alla pour de bon. L’Altesse royale le reconduisit jusqu’`a l’entr'ee du jardin.
— Adieu, monsieur, d'eclara don Eugenio, qui semblait fort satisfait de voir enfin se terminer cet entretien.