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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— Ainsi donc, fit l’infant, puisque tout est d'ecid'e, nous n’avons plus rien `a nous dire pour le moment ?

— Plus rien, monseigneur.

L’infant se retira. Arriv'e sur le pas de la porte, il se retourna et reprit :

— Il est quatre heures de l’apr`es-midi ; vers sept heures, mademoiselle, je vous demanderai de vouloir bien ^etre pr^ete. Les domestiques seront 'econduits, nous pourrons quitter l’h^otel.

La myst'erieuse personne s’inclina. Quelques instants apr`es, elle 'etait seule, elle reprit sa place sur la chaise longue et se remit `a lire.

***

— Casimir ! Casimir !

— Voil`a, patron.

— Vite, Casimir, pr'epare le cabinet du premier 'etage, deux couverts, c’est des amoureux !

Dans le petit restaurant du Rond-Point d’Auteuil, le patron et son unique domestique s’empressaient. Ils avaient vu entrer un monsieur et une dame. Cette derni`ere portait une 'epaisse voilette, et ils avaient compris ce dont il s’agissait. Il 'etait sept heures et demie. Deux amoureux, deux amants, vraisemblablement, venaient d^iner et, `a coup s^ur, d'esiraient rester seuls. Sans les consulter au pr'ealable, et n'egligeant de leur proposer une place dans la salle commune, Casimir, sur l’instigation de son patron, les invitait `a monter un escalier conduisant `a l’entresol et les faisait p'en'etrer dans un petit salon orn'e de glaces, meubl'e d’une table, de quelques chaises et d’un divan.

— Ces monsieur et dame, d'eclara-t-il, avec un sourire 'equivoque, seront tout `a fait tranquilles ici ; s’ils veulent bien me commander le d^iner tout de suite, je ne les ferai pas attendre.

Le couple jeta un regard distrait sur la carte, puis, commanda un repas frugal dont le garcon prit bonne note.

— Du champagne, naturellement ?

Mais la dame voil'ee hocha la t^ete. Son compagnon commanda simplement :

— Une bouteille d’eau min'erale.

Lorsque Casimir se fut retir'e, l’homme s’excusa :

— Je suis d'esol'e, mademoiselle, fit-il, de vous avoir amen'ee dans un endroit aussi peu digne de vous, mais nous sommes s^urs de n’^etre pas remarqu'es.

Avec gr^ace et lenteur, la jeune personne enlevait sa voilette :

— C’est parfait comme cela, Monseigneur, dit-elle, au surplus, nous n’allons pas nous 'eterniser ici.

Les deux myst'erieux convives du petit restaurant d’Auteuil que Casimir et son patron prenaient pour des amoureux, n’'etaient autres, en effet, que don Eugenio, infant d’Espagne, et la jeune fille avec laquelle il s’'etait entretenu deux heures auparavant dans sa majestueuse demeure de la rue Erlanger.

`A la grande surprise du garcon, ce couple acheva rapidement son d^iner, puis disparut. Les amoureux, si c’en 'etait, n’avaient pas pass'e, en tout, plus de trois quarts d’heure dans l’'etablissement.

Silencieux, marchant vite l’un `a c^ot'e de l’autre, ils regagn`erent, par les rues d'esertes d’Auteuil, la rue Erlanger, plus d'eserte encore. Par une porte de service, ils p'en'etr`erent dans l’h^otel, mais, comme ils entraient dans le vestibule, et que l’infant d’Espagne tournait le commutateur, la jeune fille et lui-m^eme sursaut`erent. Au milieu du hall, on avait pos'e une grande bi`ere oblongue, orn'ee de poign'ees d’argent. Tous deux s’'etaient arr^et'es, tressaillaient, n’osant se regarder. L’infant prit la parole :

— Montez, mademoiselle, montez dans votre chambre, je vous en prie, mademoiselle, remettez-vous. Je vous jure que vous n’avez rien `a craindre.

La jeune fille leva les yeux vers lui :

— Je vous crois, monseigneur, fit-elle. J’ai en vous une absolue confiance.

Elle r'eprimait cependant d’involontaires frissons. La gorge serr'ee, et comme si les mots en sortaient avec peine, elle demanda au terme d’un silence :

— Je crois que le moment est venu. Cette boisson, o`u est-elle ?

— Je vais vous la chercher, d'eclara l’infant qui disparut pour quelques instants.

Il revint avec une fiole dont il vida le contenu dans un verre. La jeune fille prit le verre des mains de don Eugenio, le vida d’un trait. Elle releva la t^ete, et, d’un pas r'esolu, traversa la pi`ece dans laquelle elle s’'etait tenue tout l’apr`es-midi. L’infant la suivit dans la chambre voisine au milieu de laquelle se trouvait un grand lit `a colonnes autour duquel on avait dispos'e des couronnes de fleurs, des cierges, que l’infant, d’un geste machinal, d'eplacait pour livrer passage `a la jeune fille.

— Monseigneur, je n’ai plus besoin de vous, vous pouvez vous retirer.

L’infant se pencha vers elle et mit un genou en terre, lui prit les mains, les baisa respectueusement :

— Jamais, mademoiselle, d'eclara-t-il d’un ton p'en'etr'e, je n’oublierai le d'evouement que vous avez en cette circonstance, la g'en'erosit'e avec laquelle vous nous sauvez tous du d'eshonneur.

— Retirez-vous, monseigneur.

— Je vais prier Dieu pour vous.

Lorsqu’elle fut seule, la jeune fille se d'ev^etit en h^ate, elle d'enoua ses cheveux qu’elle laissa tomber sur ses 'epaules et s’enveloppant ensuite d’un grand peignoir de soie, elle s’'etendit sur le lit et ne tarda pas `a s’y endormir d’un sommeil cataleptique.

***

— Alors c’est ici, D'egueulasse ?

— Faut croire, mon vieux Fumier, pas moyen d’ailleurs de se tromper, on nous a dit la plus chic taule de la rue Erlanger et celle-ci m’a l’air d’^etre un peu l`a.

Deux hommes 'etaient descendus du grand fourgon vert. Ceux qui virent ce v'ehicule s’arr^eter au milieu de la rue Erlanger reconnurent la voiture des pompes fun`ebres qui venait apporter les tentures murales et les d'ecorations fun'eraires. Les rares passants s’'ecartaient instinctivement devant les deux hommes qui descendaient du v'ehicule. Deux ^etres aux aspects sinistres : l’un, la face rougeaude et enlumin'ee, l’autre les yeux creux comme des cavernes et le teint terreux. Tous deux v^etus de l’habit noir, coiff'es du chapeau de cuir bouilli, qui sont l’uniforme des croque-morts de Paris.

Les deux hommes, d’un pas lourd, se rapprochaient de l’h^otel de l’infant.

— Crois-tu, murmura l’un d’eux, crois-tu, D'egueulasse, qu’on en fait un m'etier ? Passer son temps `a charrier des cadavres, c’est pas une existence pour d’honn^etes gens comme nous.

— Bah, fit l’autre, philosophe, mon vieux Fumier, inutile de se frapper, ca n’y change rien. Dans le temps nous 'etions des boueux. On ramassait les ordures faites par les bourgeois. Maintenant on trimballe les bourgeois eux-m^emes. Peu importe le fourbi du moment qu’il y a toujours la thune au bout, `a la fin de la journ'ee.

« Le plus emb^etant, poursuivit D'egueulasse, c’est qu’avec ce turbin-l`a on n’a pas le temps d’aller prendre un verre avant une heure, quelquefois deux de l’apr`es-midi.

— Ca d'epend, des fois on trouve dans la client`ele des gens qui vous rincent. Mais c’est pas chez les riches que ca arrive. Rien qu’`a en juger par la taule o`u nous allons travailler ce matin, on pourra toujours se bomber pour licher quelque chose.

Un domestique en livr'ee venait au-devant des croque-morts.

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