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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Comme Juve r'epondait avec enthousiasme, Dupont de l’Aube ajouta :

— Tenez, savez-vous ce que vous devriez faire, Juve ? Sauter dans le Sud-Express ce soir, nous prendrions rendez-vous, par exemple, `a Madrid m^eme, aux portes de la prison centrale. Vous viendriez assister `a la mise en libert'e de Fandor.

Bien entendu, le policier accepta. Quelques instants plus tard, Dupont de l’Aube, toujours se frottant les mains, toujours joyeux et satisfait, quittait le bureau de poste pour se rendre chez lui, mettre ordre rapidement `a ses affaires et retourner `a la gare o`u il comptait prendre le train de luxe.

Dupont de l’Aube habitait boulevard Suchet, le long des fortifications, `a mi-distance `a peu pr`es entre Auteuil et Passy.

Il occupait l`a un ravissant petit h^otel luxueusement install'e et qu’il se d'esolait de n’habiter pas plus souvent. Toujours occup'e, en effet, de graves combinaisons, toujours en d'eplacement, toujours accompagnant le Pr'esident de la R'epublique dans ses voyages officiels, maintes fois charg'e d’ambassades secr`etes, Dupont de l’Aube, depuis qu’il 'etait arriv'e `a une sorte de c'el'ebrit'e, au S'enat, passait en r'ealit'e tr`es peu de temps `a Paris, ce qui n’'etait que pour lui faire m'ediocrement plaisir.

Dupont de l’Aube, ayant t'el'ephon'e `a Juve, gagna la gare Saint-Lazare, s’installa dans un confortable wagon de premi`ere classe, et n’en descendit qu’`a la gare de Passy. La nuit 'etait v'eritablement superbe, de rares 'etoiles commencaient `a briller au ciel, les r'everb`eres clignotaient dans les all'ees d'esertes et majestueuses du Ranelagh. Dupont tira un bon cigare et, les mains derri`ere le dos, en fl^aneur, entreprit de rejoindre son domicile.

— Il est sept heures un quart, songea-t-il, j’ai `a peu pr`es pour une heure de travail `a la maison. Je serai pr^et `a huit heures et demie, `a neuf heures un quart je serai `a la gare. J’y prendrai un rapide d^iner au buffet et, ma foi, `a dix heures trente je me coucherai dans mon wagon, tout tranquillement, pour ^etre en temps opportun `a Madrid et annoncer `a cet excellent Fandor que ce n’est pas encore en Espagne qu’il devra quitter la vie.

Dupont de l’Aube, au sortir de la gare de Passy, avait donc pris par l’all'ee qui longe la voie de chemin de fer et s’infl'echit ensuite sur la droite, traversant les fortifications pour se rendre aux lacs. Il y avait naturellement, `a cette heure d'ej`a tardive de la journ'ee, tr`es peu de passants, et Dupont de l’Aube n’apercevait gu`ere sur les pelouses vertes qu’un groupe attard'e d’hommes et de femmes qui, venant de d^iner sur l’herbe, jouaient au ballon, les hommes en bras de chemise, les femmes secouant leurs jupes et tous faisant grand tapage et grand bruit.

— Ma foi, songeait encore Dupont de l’Aube, voil`a des joueurs que j’admire. Au moins, ils sont venus faire d^inette au moment o`u les pelouses ne sont pas encombr'ees.

Avancant toujours, Dupont de l’Aube, arriva bient^ot au croisement du boulevard Suchet, dans lequel il allait tourner. Il avait encore dix minutes de marche et ne s’en plaignait pas, tr`es satisfait qu’il 'etait de humer en paix la bonne atmosph`ere de la soir'ee.

Or, comme il tournait sur le boulevard, le s'enateur croisait trois individus `a mine de r^odeurs qui, lui sembla-t-il, en le voyant, avaient brusquement tressailli, Dupont de l’Aube d'ej`a se mettait sur la d'efensive, aimant peu cette rencontre en un endroit si d'esert, lorsque l’un des voyous, tr`es poliment, prenait sa casquette `a la main, et s’approchait de lui.

— Faites excuse, monsieur, on pourrait-y pas avoir du feu ?

— Voil`a, mon ami, r'epondit le s'enateur.

Et, obligeamment, ayant secou'e la cendre de son havane, il tendait `a l’'eph`ebe son cigare pour lui permettre de prendre du feu.

Or, tandis que le s'enateur complaisamment tendait, son cigare au voyou, les deux acolytes de celui-ci qui, d’abord, 'etaient demeur'es `a quelque distance, se rapprochaient, et soudain, encadraient Dupont de l’Aube. Alors, la sc`ene brusquement changea, avec une rapidit'e telle que le malheureux s'enateur n’eut gu`ere le temps de tenter la moindre d'efense.

Le voyou qui, soi-disant, cherchait `a prendre du feu, lui passa un croc-en-jambe, l’envoya sur le sol et au m^eme moment se jetant sur lui, d'eboutonnait son veston, plongeait ses mains dans ses poches, se redressa, prit la fuite, ayant soulag'e Dupont de l’Aube de son portefeuille et du brevet d’extradition de J'er^ome Fandor.

Or, l’agression avait 'et'e si soudaine que le vol n’avait pr^et'e `a aucune difficult'e. Le s'enateur 'etait encore 'etendu sur le sol que d'ej`a, apr`es l’avoir `a moiti'e 'etourdi d’un coup de pied, le voyou gagnait le large accompagn'e de ses deux acolytes, au comble de la joie.

Dupont de l’Aube, pourtant se releva aussit^ot.

— Au secours, au voleur !

Il hurla des appels d'esesp'er'es, et, courageux, se jeta `a la poursuite de ceux qui venaient de le d'epouiller. Par malheur, il n’'etait plus tout jeune. Il comprit vite qu’il s’essoufflerait avant les individus auxquels il donnait la chasse et que si du secours ne lui venait pas, infailliblement, ceux-ci lui 'echapperaient.

Toujours courant, Dupont de l’Aube hurla encore :

— `A l’aide, au voleur, `a l’assassin, arr^etez-les !

Or, derri`ere lui, il eut le r'econfort d’entendre que l’on se pr'ecipitait, que des gens accouraient qui criaient eux aussi :

— Tenez bon, nous voil`a !

Dupont de l’Aube tourna la t^ete, toute une foule s’ameutait sur ses pas, des jeunes gens qui le rattrapaient lestement, des femmes qui galopaient, 'eperdues.

— Les joueurs de ballon, pensa Dupont de l’Aube. Ah, sapristi, il faut qu’on les rejoigne…

On arrivait `a sa hauteur, il tendait le bras dans la direction des fuyards :

— Vite, vite, l`a-bas, ils m’ont pris mon portefeuille. Il faut les pincer. R'ecompense !

Mais il n’eut pas besoin d’exciter le z`ele de ceux qui venaient lui pr^eter main-forte, les joueurs faisaient merveille. Laissant Dupont de l’Aube courir, ils le d'epass`erent, et, de toute la vigueur de leur jeunesse, s’'elancaient en avant. Et d`es lors, la poursuite changea de face.

Les trois voyous qui avaient attaqu'e Dupont de l’Aube comprenaient sans doute qu’ils allaient ^etre rejoints, car, au lieu de continuer `a s’enfuir, droit devant eux, le long du boulevard Suchet, ils firent un brusque crochet, travers`erent la chauss'ee, se dirig`erent vers les fortifications, dans l’espoir peut-^etre de dispara^itre `a la faveur de l’ombre.

Mais ils avaient compt'e sans leurs poursuivants. Oh, ce ne fut pas long ! Dupont de l’Aube arrivait tout juste quelques secondes plus tard au moment o`u les trois voyous 'etaient proprement couch'es sur l’herbe, solidement maintenus par les joueurs si opportun'ement arriv'es.

Haletant, essouffl'e, un vertige devant les yeux, Dupont de l’Aube s’arr^etait :

— Ah, les mis'erables ! commenca-t-il.

Et il allait donner des explications, il allait remercier ses sauveteurs, lorsqu’une voix railleuse r'epliqua avec un 'epouvantable sang-froid.

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