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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Une pendule sonnait six heures. Une aube p^ale pointait. L’Espagnole ne paraissait aucunement troubl'ee, bien au contraire, elle arrivait souriante, les pommettes roses, les yeux 'etincelants.

— Enfin ! d'eclara-t-elle, en consid'erant Backefelder qui la regardait ahuri, enfin te voil`a ! Je d'esesp'erais de te retrouver !

— Pardon, fit Backefelder, mais il me semble que c’est `a moi d’^etre surpris. Qu’es-tu donc devenue depuis ces jours derniers ?

— Je me suis occup'ee de toi, d'eclara-t-elle, j’ai voulu te venger de Fant^omas.

— Et ?

— Alors, conclut simplement la Recuerda, apr`es un silence, je ne l’ai pas fait, voil`a tout.

L’Am'ericain se leva, s’habilla machinalement, fronca les sourcils, se rapprocha de sa ma^itresse :

— La Recuerda, fit-il, je n’aime gu`ere qu’on se moque de moi. Nous nous sommes unis librement, nous nous sommes donn'es l’un `a l’autre sans contrainte, il importe, si nous devons nous s'eparer, que nous le fassions avec la m^eme franchise.

— Que veux-tu dire ?

— Je veux dire, pr'ecisa Backefelder, que tu me trompes avec le premier venu, et que cela me d'epla^it. Tu sors, il y a dix minutes, un quart d’heure peut-^etre, d’une maison du boulevard Malesherbes o`u tu as pass'e la nuit avec un homme rencontr'e sans doute par hasard `a Montmartre. C’est l`a une conduite indigne de moi, indigne de toi.

La Recuerda tressaillit. Elle 'etait bien trop fi`ere pour nier, mais il lui 'etait fort d'esagr'eable d’autre part que Backefelder f^ut si bien au courant de ses faits et gestes. Et puis peut-^etre la Recuerda aimait-elle toujours le flegmatique Am'ericain, bien qu’elle n’e^ut pas h'esit'e `a le tromper une heure auparavant ?

— Le premier venu, grommela-t-elle, non Back, je ne te trompe pas avec le premier venu.

L’Am'ericain haussait les 'epaules :

— Quel est donc cet homme ? demanda-t-il.

— Il s’appelle le baron Stolberg.

— Connais pas.

Mais la Recuerda riait d’un rire nerveux, exasp'erant. L’Am'ericain s’en apercut, le rouge lui monta au front. Certes, il 'etait impassible et flegmatique, mais nerveux `a l’occasion, il pouvait avoir des col`eres terribles.

Brusquement, il prit la Recuerda par le bras.

— Allons, tr^eve de plaisanteries, dit-il, explique-toi, qu’est-ce que c’est que cet homme ?

L’Espagnole elle aussi, s’emporta. Son sang fier et bouillant ne fit qu’un tour. Elle n’admettait pas qu’on la trait^at de la sorte. Elle 'etait libre d’elle-m^eme et saurait le montrer.

— Tu veux savoir la personnalit'e qui se dissimule sous le nom du baron Stolberg ? Eh bien soit, apprends-le donc, le baron Stolberg mon amant, c’est Fant^omas !

L’Espagnole s’attendait `a une explosion de stup'efaction ou de fureur. Il n’en fut rien. Soudain Backefelder semblait s’^etre calm'e.

— Je m’en doutais, dit simplement Backefelder. Au surplus, cela n’a aucune importance, il suffit que mes soupcons soient confirm'es.

Reprenant un air autoritaire, il d'esignait `a la Recuerda, une chaise.

— Assieds-toi l`a, fit-il et ne bouge plus.

Puis d’un mouvement brusque, il courut `a la porte, la verrouillait, mettait la cl'e dans sa poche. Inqui`ete, outr'ee surtout de l’attitude de son amant, la Recuerda l’apostropha :

— Qu’est-ce qui te prend ? Que vas-tu faire ?

Et elle ne s’assit pas, elle se rapprocha au contraire de Backefelder, menacante, agressive. L’Am'ericain ne pr^eta aucune attention `a cette attitude, il alla s’asseoir devant son bureau, sur lequel se trouvait un appareil t'el'ephonique. Au moment de d'ecrocher le r'ecepteur, il d'eclara :

— `A mon tour, de te faire une r'ev'elation la Recuerda, elle sera courte, mais cat'egorique : dans un instant, je communiquerai avec Juve, je l’informerai que je te tiens prisonni`ere et je me mettrai `a sa disposition pour le conduire chez Fant^omas.

La Recuerda hurla :

— Tu ne feras pas cela !

Pour toute r'eponse, Backefelder d'ecrocha le r'ecepteur.

— Tu ne feras pas cela, c’est indigne, l^ache, c’est abuser de ma confiance. Je t’ai fait une r'ev'elation, je t’ai parl'e franchement, comme une ancienne ma^itresse parle `a son amant. Tu n’as pas le droit de profiter de ce que je t’ai dit pour renseigner la police.

— All^o, All^o.

Pas de r'eponse. L’Am'ericain apr`es avoir insist'e, se retournait soudain, cependant que la Recuerda poussait un 'eclat de rire sardonique.

L’Espagnole se tenait `a quelques pas derri`ere lui, elle avait les bras crois'es sur sa poitrine, et dans sa main fine et potel'ee, elle tenait un poignard.

`A ses pieds, le fil du t'el'ephone qu’elle venait de couper.

— Voil`a, criait-elle, ce que j’ai fait.

Puis, d’un air de supr^eme d'efi, elle hurla :

— T'el'ephone donc maintenant `a la police, l^ache que tu es, mouchard !

Backefelder bondit sous l’insulte. Un instant, il vit rouge, et au paroxysme de la col`ere, il se pr'ecipita sur l’Espagnole :

— Canaille ! hurla-t-il.

Mais un grand cri lui r'epondit, puis lui-m^eme g'emit sourdement, poussa un profond soupir et comme s’il avait recu un coup de massue en pleine t^ete, s’'ecroula les bras 'ecart'es.

— Ah mon Dieu, prof'era la Recuerda, je l’ai tu'e !

Au moment o`u Backefelder se pr'ecipita sur elle, l’Espagnole, d’un geste machinal et rapide, avait lanc'e son arme en avant et, sans peut-^etre tr`es bien se rendre compte de ce qu’elle faisait, elle avait dirig'e la pointe ac'er'ee vers la poitrine de l’Am'ericain. Celle-ci n’'etait prot'eg'ee que par une fine chemise de soie. D'ej`a le poignard p'en'etrait dans ses chairs et transpercait le coeur. Backefelder 'etait tomb'e, mort.

`A genoux, pr`es du cadavre, la Recuerda demeura quelques instants muette d’horreur, atterr'ee, puis soudain, sa gorge se serra, les sanglots l’'etouff`erent.

— Mon Dieu, mon Dieu, prof'era-t-elle, pauvre Back, je l’aimais, je l’aimais !

***

Fant^omas d'ecid'ement 'etait un homme qui avait toutes les audaces et auquel la longue habitude de l’impunit'e faisait faire les pires imprudences.

Lorsque le soir de cette nuit tragique, il avait pour ainsi dire enlev'e la Recuerda et l’avait fait monter dans son automobile, il ne s’'etait pas pr'eoccup'e de savoir si quelqu’un les suivait. C’est pour cela que Backefelder avait pu d'ecouvrir son domicile, en se faisant v'ehiculer par la propre voiture du bandit.

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