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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Allons, pas de scandale… Suivez-nous de bonne gr^ace, ou l’on vous colle le cabriolet !

'Evidemment, on les arr^etait. Mon-Gnasse, de stup'efaction, voulut protester.

— Non, mais, de quoi ? protesta-t-il. Je l’embrasse, c’est vrai, mais ca r’garde personne… Le pape pas plus qu’un autre… C’est ma gerce, d’abord, et si j’veux, elle s’ra ma femme demain !

On ne lui r'epondait pas, et Mon-Gnasse, qui pr'etendait conna^itre le Code, insistait de plus en plus :

— J’l’embrasse, quoi… c’est pas d'efendu ! J’vous d'efie bien d’jacter l’contraire ! Le baiser, c’est permis, c’est pas des attentats !

L’un des deux hommes qui entra^inait le couple au-dehors, sans que d’ailleurs personne ne par^ut s’'emotionner parmi les admirateurs des puces savantes, finit pas d'eclarer sur un ton d’impatience :

— Mais ce n’est pas pour cela qu’on vous arr^ete…

— C’est pourquoi, alors ? demanda Mon-Gnasse… Non, mais, c’est pourquoi ?

L’ivresse aidant, il pleurait maintenant `a grosses larmes, il 'etait tr`es doux mais il s’ent^etait :

— C’est pourquoi ? J’voudrais l’savoir… Justement qu’on 'etait aux oignons ce soir, qu’on f’sait douc’ment les amoureux, et v’l`a qu’on nous poisse !… M’sieur l’agent, c’est pourquoi qu’on m’arr^ete ?

L’agent appelait un fiacre, on y poussait les deux apaches :

— `A la S^uret'e ! commandaient les inspecteurs.

Et comme Mon-Gnasse s’ent^etait `a demander pourquoi on l’arr^etait, l’agent, brusquement, finit par lui r'epondre :

— Eh ! parbleu, tu le sauras demain ! C’est pas pour avoir fait des pieds-de-nez aux moineaux, bien s^ur !…

Mon-Gnasse ne devait pas en apprendre davantage ce soir-l`a.

XIV

Bavardages

Nerveusement, M. Havard, qui, ce matin-l`a, se trouvait seul dans son bureau, rangeait les pi`eces `a conviction dans les dossiers, toute la s'erie de documents qui paraissaient encombrer sa table de travail, et qui, en r'ealit'e, venaient de lui servir pour exp'edier une premi`ere enqu^ete fort troublante.

M. Havard s’'etait mis sur son trente et un. Lui qui, d’ordinaire, tra^inait d’un bout de l’ann'ee `a l’autre un chapeau haut de forme caboss'e, un veston 'ecul'e, des pantalons qui faisaient des poches aux genoux, lui qui se moquait pas mal d’^etre bien habill'e, avait, ce matin-l`a, rev^etu un complet tout battant neuf, ce qui l’impressionnait lui-m^eme et parfois le contraignait `a se regarder d’un coup d’oeil furtif dans la glace ornant la chemin'ee.

M. Havard s’'etait ras'e de frais. Il avait soigneusement peign'e ses cheveux, sa raie 'etait parfaitement droite, et ses manchettes elles-m^emes 'etaient immacul'ees.

Cela annoncait quelque chose, et cela l’annoncait d’autant plus qu’il n’'etait pas davantage dans ses habitudes de mettre de l’ordre dans son bureau, de veiller `a ce que rien ne tra^in^at, de prendre enfin grande attention `a ce que la pi`ece f^ut dans un 'etat parfait.

Que se passait-il donc ?

De temps `a autre, le chef de la S^uret'e tirait sa montre, v'erifiait l’heure, puis se frottait les mains.

— Voyons ! murmurait-il. Tout est-il bien ?… Oui. Alors, ils peuvent venir…

Et l’examen rapide qu’il passait de lui-m^eme et de ses appartements devait assur'ement le rassurer, car M. Havard se r'epondait `a lui-m^eme avec un air de satisfaction 'etal'e sur son visage :

— Vraiment, tout est tr`es bien !

Au bout de quelques minutes, M. Havard appuyait sur un timbre plac'e sur son bureau.

Imm'ediatement, un huissier parut. C’'etait un vieux bonhomme qui 'etait depuis de longues ann'ees attach'e au cabinet du chef de la S^uret'e. Il ne prenait jamais rien au tragique, 'etait toujours souriant et accomplissait son service avec une n'egligence apparente qui ne l’emp^echait point d’^etre au fond tr`es ponctuel.

L’huissier accourait, tenant, sans m^eme le dissimuler, un journal `a la main. Il 'etait 'evidemment occup'e `a lire lorsque le timbre l’avait arrach'e `a ses loisirs.

Voyant cela, M. Havard ne se retint pas de froncer les sourcils.

— Cuche, jetez-moi ce journal ! ordonnait-il. On n’a pas id'ee de lire comme ca dans les antichambres !… Vous faites bien mal votre service !

L’huissier Cuche, `a cette r'eprimande, ouvrait des yeux extraordinaires. Il n’avait pas l’habitude de recevoir des reproches, et celui-ci, entre autres, lui paraissait compl`etement injustifi'e.

Il y avait bien vingt ans en effet que Cuche occupait la petite table plac'ee dans le couloir, et depuis vingt ans Cuche lisait le journal ostensiblement du matin au soir sans que jamais on e^ut trouv'e ca mal, sans que jamais M. Havard se f^ut formalis'e de la facon dont il occupait son poste.

Le chef de la S^uret'e pourtant continuait :

— Et qu’est-ce que c’est que ce gilet d'eboutonn'e ? En v'erit'e, vous vous moquez du monde ! Ma parole, c’est `a se demander `a quoi vous pensez ! Fermez donc votre gilet, Cuche !

Cuche, de plus en plus abasourdi, donna satisfaction `a M. Havard, ce qui n’'etait pas sans m'erite pour lui, car il poss'edait une grosse bedaine et n’aimait pas `a ^etre serr'e.

M. Havard, cependant, continuait `a d'evisager l’huissier.

— Vous me ferez le plaisir, commandait-il, de mettre en ordre 'egalement votre table dans le couloir. Je lui ai jet'e un coup d’oeil en passant, c’est inimaginable de voir dans quel 'etat vous laissez ca !

Cuche roulait toujours des yeux effar'es, se demandant d’o`u venait l’'enervement de M. Havard. Il hasarda :

— Oui, monsieur le chef, je ferai cela ce soir.

Or, `a ces mots, M. Havard sursauta :

— Ce soir ! disait-il, jamais de la vie ! Vous allez me faire le plaisir de faire ca tout de suite, imm'ediatement… Je veux que dans dix minutes il n’y ait plus rien qui tra^ine. Vous m’avez entendu ?

Cuche avait entendu mais ne comprenait pas.

Il fut brusquement renseign'e.

— Parbleu ! continuait M. Havard, nous n’allons pourtant pas recevoir le ministre de l’int'erieur et le ministre de la Justice dans un service abominable ! J’entends que rien ne cloche !

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