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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Ca s’ra pour l’garcon, disait Marie-Salope qui enfouissait sa part dans ses bas.

Ils avaient tous `a ce moment les poches pleines, ils se regardaient avec des airs b'eats, r^evant d'ej`a des noces prochaines, des saouleries certaines qu’ils allaient assur'ement s’octroyer, des caprices qu’ils se passeraient.

Pr'ecis'ement, le patron du cabaret rentrait. Il connaissait 'evidemment Fant^omas, mais Fant^omas `a coup s^ur, d'esireux de se m'enager ses faveurs, de s’assurer aussi de sa discr'etion, l’avait royalement pay'e. Le bonhomme qui avait peut-^etre, lui aussi, ses raisons d’^etre aimable, reparaissait, portant trois bouteilles pleines d’absinthe.

— Voil`a, voil`a, commencait-il, j’en ai retrouv'e !…

Il n’avait pas pos'e les litres sur la table que tous se bousculaient vers eux…

— Ah ! ca, c’est fameux, par exemple, grommelait OEil-de-Boeuf. Quelle biture qu’on va s’envoyer !

Mais Fant^omas intervenait encore :

— Halte ! leur ordonnait le bandit.

Et comme un piqueur qui, brandissant son fouet, arr^ete la meute aboyante `a l’heure de la cur'ee, Fant^omas, le bras tendu, immobilisait ses compagnons.

— Pas un de vous ne boira ici ! ordonnait-il. Ma parole, si je vous laissais faire, vous seriez gris dans cinq minutes et bavards dans une heure… Dehors, vous tous, je ne veux m^eme pas que vous rentriez ensemble… Allez, les uns `a droite, les autres `a gauche. Vous vous saoulerez ce soir s’il vous pla^it, brutes que vous ^etes, mais vous le ferez quand vous serez loin et quand vous ne pourrez pas me compromettre…

Il y eut de sourds grognements, des jurons 'etouff'es, des protestations col'ereuses.

C’'etait assommant, `a la fin, avec Fant^omas, c’'etait pire que dans un couvent ! On ne pouvait pas seulement bosser un quart d’heure tranquille… On avait la langue d’amadou, et il vous emp^echait d’licher ! C’'etait pas Dieu possible !

Mais tout cela se disait `a voix basse, sournoisement. Nul n’e^ut os'e braver le Ma^itre en face, nul n’e^ut os'e lui d'esob'eir.

Le regard de Fant^omas, d’ailleurs, ne permettait pas aux autres de le fixer.

La force du bandit, la myst'erieuse autorit'e qu’il exercait si facilement, l’ascendant irr'esistible qu’il prenait sur tous r'esidait peut-^etre m^eme en ce regard, ce regard extraordinaire, percant, volontaire, qui n’autorisait aucune discussion, qui forcait tous les yeux `a se baisser.

— Dehors ! r'ep'etait Fant^omas. Allez vous-en !

Ils partirent les uns apr`es les autres. D'egueulasse et Fumier se h^ataient vers la gare, avides de retourner `a Paris o`u ils iraient tout de suite s’enfermer dans un caveau des Halles pour tirer une bord'ee colossale.

OEil-de-Boeuf et Bec-de-Gaz, eux, d'ecidaient tout d’abord d’aller danser un peu dans un des bals de l’endroit. Cela n’emp^echait pas, parbleu, de vider trois ou quatre bouteilles ; ils emmenaient Marie-Salope et Ad`ele.

Sans mot dire, la Puce et Mon-Gnasse descendirent vers le tramway qui se dirigeait vers Montrouge.

Pour Fant^omas, il sortait le dernier, s’enfoncait dans les bois. Il avait murmur'e deux mots `a l’oreille du patron du bouge, et celui-ci, rest'e seul, `a genoux, riant d’aise, promenait d'esormais dans la salle ses mains crochues, rep^echant de temps `a autre, enfoui dans les d'etritus, un louis d’or dont il 'eprouvait l’authenticit'e en le m^achant imm'ediatement du bout des dents !

Deux heures plus tard, la Puce et Mon-Gnasse se trouvaient sur les boulevards ext'erieurs `a la hauteur des Entrep^ots, au coin de la rue de Flandre, tout juste `a l’endroit o`u se tenait une f^ete foraine dont les orgues et les chevaux de bois causaient un v'eritable tintamarre.

La Puce 'etait grise et Mon-Gnasse 'etait amoureux.

— T’es rien gironde, ma poule, disait tendrement l’apache `a sa ma^itresse. Ah ! c’est pas pour dire, mais dans Pantruche, y en a pas beaucoup encore qui te f’raient la l’con…

Ils allaient de baraque en baraque. L’or qui tintait dans leurs poches semblait les embarrasser, il les grisait au moins autant que les liqueurs qu’ils avaient absorb'ees. La Puce voulait tout voir ; elle avait fait six tours de chevaux de bois, elle avait tir'e `a la carabine, elle 'etait entr'ee, poussant des 'eclats de rire 'enervants, dans une baraque o`u l’on admirait la femme chameau. De l`a, elle s’'etait pr'ecipit'ee dans une boutique de charcuterie, o`u, sur un pari de Mon-Gnasse, elle avait aval'e du boudin cru. Par l`a-dessus, elle avait d’ailleurs d'evalis'e un marchand de pain d’'epices, et son corsage s’ornait de quatre cochons roses sur lesquels le pr'enom de Mon-Gnasse avait 'et'e dessin'e avec du sucre fondu.

— Ah ! c’que c’est chouette !… Ah ! c’que c’est bath !… C’qu’on rigole !…

La Puce dansait le cancan, cependant que Mon-Gnasse, qui avait le vin sentimental, s’arr^etait `a tout bout de champ pour l’embrasser et pour lui proposer de l’'epouser.

— Tiens, on f’ra ca d’main, disait-il, rien que pour voir la gueule des poteaux… M. l’maire, qu’on l’y dira, au bonhomme qu’a l’ruban en travers, M. l’maire, c’est pas la peine de faire du chichi !… Puisqu’on est ensemble, on s’marie ; c’est rapport `a c’qu’on a des sous, maint’nant ! Tu veux, dis ?

Mais la Puce voulait tout autre chose. Contre les arcades du m'etropolitain, elle venait pr'ecis'ement d’apercevoir une baraque qui la faisait se p^amer d’aise.

— Ah ! ca, c’est rien farce ! hurlait-elle. J’veux y entrer ! M`ene-moi l`a !

L’'ecriteau annoncait : Man`ege des Puces savantes.

Il 'etait 'evidemment tout indiqu'e que la ma^itresse de Mon-Gnasse all^at voir celles dont elle usurpait le nom.

— Des puces savantes ! s’exclamait-elle. Non mais des fois !… Elles vont p’t’^etre me donner des conseils pour mieux y faire !

Elle lancait des regards langoureux `a Mon-Gnasse qui la serrait de plus en plus.

Ils entr`erent dans la baraque. On n’y voyait pas tr`es clair. Mon-Gnasse, qui perdait la t^ete et commencait `a parler de radiner vers la t^ole, histoire de voir si l’plumard n’avait pas d'em'enag'e, embrassa la Puce.

— T’es rien chouette ! disait-il.

Juste `a ce moment, la Puce et Mon-Gnasse sursaut`erent. Ils venaient, l’un et l’autre, de se sentir empoign'es par le bras.

En m^eme temps, deux voix rudes murmuraient :

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