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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Or, Juve `a ces mots, 'eclata de rire encore une fois.

— Monsieur Havard, ripostait-il, c’est tout simplement un fait du hasard. Ce timbre n’est pas un timbre quelconque, c’est le timbre m^eme des assassins, d’apr`es ce que vous dites, de M. Baraban partant en fugue, d’apr`es ce que je crois. Figurez-vous qu’hier, comme je venais voir Fandor, la concierge m’a montr'e cet objet. Je suis tr`es bien avec elle. Cette brave femme me demandait si ca ne venait pas d’une de ses sonneries et si, par hasard, je ne saurais pas arranger cela, vu que sa porte d’entr'ee ne sonnait plus. J’ai mis l’objet `a ce moment-l`a dans ma poche, sans y pr^eter grande attention. C’est tout `a l’heure que son importance m’a saut'e aux yeux. C’est tout `a l’heure que je me suis dit :

« La concierge a ramass'e cela dans le vestibule, est-ce que par hasard, ca n’aurait pas servi `a la fugue ? »

Une demi-heure plus tard, Juve venait de prendre cong'e de M. Havard et il remontait `a l’appartement tragique. Juve 'etait soucieux.

— M. Havard se trompe, murmurait-il. Le voil`a maintenant d'ecid'e `a ordonner la mise en libert'e de Th'eodore Gauvin et de Brigitte, mais le voil`a aussi d'ecid'e `a arr^eter Fernand et Alice Ricard. Ah, sapristi, que c’est donc assommant qu’il veuille marcher si vite !

Juve, en effet, ne pouvait pas admettre, ne voulait pas admettre au moins, qu’il y ait eu assassinat. Plus il r'efl'echissait `a la myst'erieuse affaire qu’il 'etudiait depuis quelque temps, et plus il lui apparaissait qu’elle devait s’expliquer par la fugue et non par le crime.

« Ce mouchoir, pensait Juve, de nouveau `a genoux devant la chemin'ee o`u avait 'et'e retrouv'e cet indice compromettant, ce mouchoir, c’est bien extraordinaire qu’il soit rest'e dans ce sable. Et puis ce sable, comment serait-il tach'e de sang, puisqu’en fait, il n’aurait pas servi ? Comment se fait-il, surtout, que, lors de ma premi`ere enqu^ete, je ne l’ai point vu et que Fandor non plus ne l’ait pas vu ? »

Or, comme il disait ces mots, Juve sursauta, se redressa brusquement :

— Oh, oh, dit-il, parlant `a haute voix. Mais est-ce que ? Tiens, parbleu, cela expliquerait tout… Ca, par exemple.

Juve sortit de l’appartement avec une extr^eme pr'ecipitation.

Il grimpa l’escalier dans une h^ate folle, monta jusqu’au sixi`eme 'etage. L`a, il avisa une 'echelle sous une lucarne, se hissa jusqu’`a l’'etroit vasistas, l’ouvrit, et se trouva sur le toit.

Juve, alors, courut, risquant une chute, de chemin'ee en chemin'ee. Brusquement, il se frotta les mains.

— Cela, par exemple ! disait-il, c’est plus que je ne pouvais esp'erer. M. Havard est d'ecid'ement un imb'ecile.

Qu’'etait donc venu faire Juve sur le toit ? Que venait-il de trouver ?

Tout simplement il y avait au pied de la chemin'ee qu’il regardait, de vagues traces de sable. Et Juve raisonnait ainsi :

« Fandor, la nuit derni`ere, a entendu – il me l’a dit `a d'ejeuner – des bruits myst'erieux, dans l’'epaisseur de sa muraille. Il a cru que quelque chose s’'ecroulait, puis il a suppos'e que de l’eau coulait dans une tuyauterie. Oh, oh, est-ce que par hasard ca n’aurait pas 'et'e autre chose ? »

Et Juve imaginait encore :

« Parbleu, je n’ai pas vu de sable dans l’appartement, lors de la premi`ere enqu^ete, parce qu’il n’y avait pas de sable `a ce moment-l`a. J’en ai vu aujourd’hui parce qu’on l’y a mis hier, ou plut^ot la nuit derni`ere. Comment l’a-t-on mis ? Mais par la chemin'ee. C’est ce sable que Fandor a entendu d'egringoler.

»

Et, apr`es un instant de r'eflexion, Juve concluait : « D'ecid'ement, ce Baraban est tr`es fort, il veut se faire passer pour mort co^ute que co^ute. La piste de Th'eodore Gauvin et de Brigitte allait craquer. Il en a invent'e une autre, il cherche maintenant `a compromettre son neveu et sa ni`ece. Je parierais bien que c’est lui qui a jet'e ce sable, ce sang et ce mouchoir dans la chemin'ee.

En redescendant du toit, Juve faisait la grimace :

« Comment, par exemple, se demandait-il, persuaderai-je M. Havard de la chose ? Comment l’emp^echer d’arr^eter les Ricard ? Faut tout de m^eme essayer de pas lui laisser faire trop de gaffes. »

Philosophe, Juve d'ecida, apr`es avoir encore r'efl'echi quelque temps :

« Apr`es tout, tant pis, qu’on les arr^ete. Il faudra bien qu’on les rel^ache. »

15 – L’HOMME AU MONOCLE NOIR

Le lendemain, pour la vingti`eme fois peut-^etre depuis une demi-heure, on frappait `a la porte du cabinet directorial o`u tr^onait M. de Parcelac.

Le haut fonctionnaire, aux mains duquel 'etait confi'ee la haute direction du Comptoir national, l’'etablissement de cr'edit le plus important de Paris, ne put retenir un geste d’'enervement et, d’une voix courrouc'ee, lanca :

— Entrez, bon Dieu, entrez ! Mais qu’est-ce qu’on a donc ce matin `a me d'eranger de la sorte ?

Le garcon de bureau p'en'etra dans le cabinet directorial, le dos courb'e, n’osant regarder son patron qui fulminait derri`ere un bureau ministre.

— Monsieur le directeur, dit-il, en lui tendant un plateau d’argent sur lequel se trouvait une carte de visite, c’est un monsieur qui demande `a vous voir.

— M. Dominet ? demanda Parcelac, Dominet. Qu’est-ce que c’est que cela ?

Le directeur de la banque retourna la carte en tous sens, son propri'etaire n’avait fait suivre son nom d’aucune qualit'e imprim'ee, ni m^eme de la moindre indication manuscrite.

— Que veut ce monsieur ? Et pourquoi me l’avez-vous amen'e ici ? Il aurait pu indiquer le motif de sa visite, je n’ai pas l’habitude de recevoir n’importe qui !

— Monsieur le directeur, j’ai d’abord essay'e d’'econduire ce visiteur, mais il a tellement insist'e en disant que c’'etait personnel, et que vous le recevriez, que j’ai cru bien faire.

M. de Parcelac r'efl'echit un instant :

— Vous allez l’envoyer `a… `a…

Puis il se r'etracta :

— Apr`es tout, non, qu’il entre ! Je saurai bien m’en d'ebarrasser rapidement.

Et, cependant que l’huissier s’'eclipsait, le directeur du Comptoir national se carra dans son fauteuil, attendit. Il s’'ecoula trente secondes `a peine, et devant le haut fonctionnaire se pr'esenta un homme `a la silhouette 'el'egante, au visage distingu'e. Il avait cette particularit'e, assez peu ordinaire, de porter, viss'e dans son arcade sourcili`ere, un monocle en verre fum'e, ce qui lui donnait une assez 'etrange expression.

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