Чтение онлайн

ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Шрифт:

— Allons, fit l’employ'e de banque, en se frottant les mains, esp'erons que tout se passera bien.

Il appela deux hommes qui travaillaient dans la salle :

— Th'eophile ! Martial !

Les deux employ'es se retourn`erent, vinrent aux ordres :

— C’est vous, n’est-ce pas, qui ^etes d'esign'es pour aller livrer ce soir, `a la Chambre des notaires, les sacs de num'eros ?

— Oui, monsieur le directeur, r'epondirent-ils ensemble.

Le personnage se tourna vers M. Dominet :

— Vous voyez que tout est pr'evu. Ce soir, `a sept heures exactement, ces deux employ'es seront `a votre administration.

Et le directeur demanda encore :

— Les scell'es sont-ils d'ej`a mis sur les sacs ?

— Ils y sont, monsieur le directeur, r'epondit Martial.

— Oh, oh, observa M. Dominet, je vois d'ecid'ement que vous poussez les pr'ecautions `a l’extr^eme. Tous mes compliments !

Il tourna sur ses talons, pr'ec'eda son h^ote vers la sortie de la salle.

En longeant une 'etag`ere, il apercut un cachet rouge, sur une feuille de papier blanc.

— Qu’est-ce que c’est ? interrogea-t-il curieusement.

— Eh bien, cher monsieur, fit aimablement le directeur des services ext'erieurs, c’est pr'ecis'ement le cachet des scell'es dont je vous parlais tout `a l’heure.

Il prit la feuille de papier.

— Vous voyez, ajouta-t-il, la cire porte les initiales entrelac'ees de notre raison sociale. C. N. Comptoir national.

M. Dominet gardait le cachet dans la main :

— Le chiffre est joli, fit-il.

Et il confia `a l’oreille de son interlocuteur :

— Je vous avoue que j’ai un temp'erament de collectionneur et je m’occupe tout particuli`erement du gothique. Or, les lettres de votre chiffre sont de l’'epoque que j’aime, elles ont 'et'e grav'ees par un artiste, assur'ement, qui s’y connaissait.

— C’est possible ! fit le directeur des services ext'erieurs, qui ajouta avec emphase :

— Chez nous, monsieur, on fait toujours bien les choses.

M. Dominet insinua :

— Je vais ^etre indiscret, mais les amateurs de mon esp`ece ont toutes les audaces. Je voudrais ce cachet pour ma collection. Puis-je l’emporter ?

— Ce n’est que cela ? fit l’employ'e de banque. Mais comment donc, cher monsieur, comment donc !

Le plus cordialement du monde, les deux hommes s’entretinrent quelques instants encore, puis M. Dominet prit cong'e de son h^ote.

— Je suis un importun, dit-il, et je m’excuse. Mais vous avez 'et'e si aimable que je suis enchant'e d’avoir fait votre connaissance.

— Non, non, protestait le directeur des services ext'erieurs, je vous assure, monsieur Dominet, que tout le plaisir est pour moi.

Vingt minutes apr`es, l’homme au monocle noir quittait le luxueux 'etablissement de cr'edit. Avec les plus minutieuses pr'ecautions, il avait mis le cachet rouge dans sa poche, entre deux morceaux de carton qui, chose curieuse, semblaient n’attendre rien d’autre.

Et lorsqu’il se retrouva sur le boulevard, l’'el'egant personnage laissa errer sur ses l`evres un tr`es 'enigmatique sourire.

***

Tandis que M. Dominet, secr'etaire de la Chambre des notaires, sortait de la banque, dans un quartier tout oppos'e, rue Claude-Bernard, une sc`ene touchante se d'eroulait.

Jacques Faramont, le jeune avocat stagiaire qui, depuis une demi-heure, allait et venait dans son petit appartement, en proie `a une indicible 'emotion, entendit soudain retentir un violent coup de sonnette. Il 'etait seul chez lui, il courut ouvrir. `A peine avait-il entreb^aill'e la porte, qu’une femme se pr'ecipitait `a l’int'erieur de l’appartement et, toute haletante, poussant des g'emissements inarticul'es, des cris de joie, elle se jetait `a son cou, l’'etreignait sur son coeur.

— Jacques, Jacques ! Me voil`a, je suis libre !

Le jeune stagiaire rendait froidement `a la personne qui venait d’arriver, les tendres caresses que celle-ci lui prodiguait.

— J’en suis fort heureux, Brigitte, d'eclara-t-il. Viens dans mon cabinet, nous avons `a causer.

C’'etait la jolie ma^itresse, en effet, de l’avocat, qui venait de rejoindre son amant. Il y avait trente-cinq minutes `a peine qu’elle 'etait sortie de l’affreuse prison de Saint-Lazare, o`u elle avait pass'e des heures cruelles, sous la plus terrible des inculpations.

Depuis la veille au soir, elle bouillait d’impatience. Elle n’avait pas ferm'e l’oeil de la nuit, sachant que son innocence 'etait reconnue, et qu’on allait enfin la lib'erer :

— Figure-toi, disait enfin la jeune femme, qui, tout `a sa joie d’^etre libre, ne remarquait pas l’attitude 'etrange de son amant, figure-toi qu’au moment o`u j’allais sortir de Saint-Lazare, il m’a fallu encore passer au Palais de Justice, pour y signer je ne sais quels papiers. Enfin, j’'etais sur le chemin de notre nid d’amour, et cela ne m’a pas trop retard'ee. J’ai d’ailleurs retrouv'e dans ces sales bureaux du tribunal, ce pauvre jeune homme qui a 'et'e arr^et'e avec moi, et dont on m’accusait d’^etre la complice.

Jacques Faramont tressaillit. Il interrogea durement :

— Tu veux parler de Th'eodore Gauvin ? Qu’est-ce qu’il t’a dit encore celui-l`a ?

— `A moi ? fit Brigitte. Mais rien de particulier, si ce n’est qu’il 'etait bien content d’^etre libre. Son p`ere 'etait l`a aussi. Un brave homme qui semblait fort heureux. Ils sont, para^it-il, de passage `a Paris, en ce moment, rapport aux affaires du p`ere.

— Ah, fit 'evasivement Jacques Faramont, qui interrogea encore :

— Sais-tu quelle est leur adresse ?

Brigitte 'eclata de rire :

— Eh bien, mon cher, tu as de la veine. Jamais je n’aurais song'e `a la leur demander, mais il s’est trouv'e que par hasard, j’ai entendu le p`ere qui disait `a son fils :

« Nous sommes au Continental, ta chambre, Th'eodore, est `a c^ot'e de la mienne. »

Brigitte cependant, s’apercevait enfin de l’attitude pr'eoccup'ee de son amant. Elle esquissa une moue :

Поделиться с друзьями: