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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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— Monsieur le chef de la S^uret'e me demande ? interrogea-t-il.

— Oui, donnez-moi la pi`ece `a conviction.

M. Havard brandit alors, sous les yeux de Juve, deux d'ebris encore humides, encore souill'es de vase et difficilement identifiables.

— Savez-vous ce que c’est, Juve ?

— Ma foi non, patron.

— Regardez bien.

Juve prit les deux objets et les consid'era attentivement.

— Cela, disait-il, c’est une serrure, et cela c’est un morceau de bois.

Alors M. Havard 'eclata sur un ton de triomphe :

— La serrure, Juve, c’est une serrure de malle, on en trouvera facilement le fabricant. Quant aux d'ebris de bois, il provient lui aussi des restes d’une malle, d’une malle jaune, vous comprenez ?

Abasourdi, Juve murmura :

— Patron, vous croyez donc qu’il s’agit l`a des restes de la malle jaune que nous avons vainement recherch'ee ?

— Je ne crois pas, r'epondit M. Havard, je suis certain ! Il y a une nuance.

Et M. Havard avoua brusquement :

— Juve, cette fois-ci, le doute n’est plus permis. Trois minutes d’examen vous convaincront de ce que j’avance. Cette malle jaune, que nous avons tant cherch'ee et qui a servi, en premier lieu, `a transporter le corps du malheureux Baraban, nous ne la retrouverons jamais, pour la bonne raison qu’elle a 'et'e d'etruite. Tout ce qu’il en reste, le voici, mais c’est assez pour constituer une terrible charge contre les assassins. Savez-vous o`u j’ai retrouv'e cela ?

— Ma foi, non, avoua Juve. O`u donc ?

— Dans le puits, tout simplement.

Juve, `a ce moment, paraissait compl`etement ahuri :

— Dans le puits ? r'ep'etait-il. Dans quel puits ? Ah ca, patron, je vous en prie, expliquez-moi les choses clairement, car je ne saisis rien `a ce que vous me racontez.

— Juve, mon cher Juve, c’est pourtant bien simple : voici ce que j’ai fait depuis que je vous ai vu. En partant de la rue Richer, j’'etais convaincu, `a la suite de la d'ecouverte du mouchoir sanglant marqu'e des initiales A. R., que les 'epoux Ricard avaient tremp'e dans le crime, car il y a eu crime, c’est manifeste.

— Ah, fit Juve, et alors ?

— Alors, Juve, j’ai pens'e : il faut que j’arr^ete ces Ricard, mais pour les arr^eter, il faut que j’aie une preuve certaine, irr'efutable. Cette preuve, je l’aurai co^ute que co^ute. Vous me comprenez, Juve ?

— Tr`es bien, remarqua le policier, mais j’attends la suite.

— Laissez-moi parler. L`a-dessus, 'enerv'e, je passai ma nuit `a r'efl'echir, ma journ'ee d’hier aussi, enfin `a cinq heures du matin, vous m’entendez, Juve, `a cinq heures, j’arrivais ici en compagnie de Michel et de l’un de mes nouveaux inspecteurs, celui-l`a, tenez : Jean, je vous pr'esenterai tout `a l’heure.

— Alors ? haleta Juve, qu’est-ce que vous avez fait `a Vernon ?

M. Havard expliqua tout d’un trait :

— De la bonne besogne, mon cher Juve. J’ai requis un ouvrier et j’ai commenc'e `a fouiller tout le jardin de cette villa. Vous comprenez, `a cette heure-l`a, tout le monde dormait et nul ne me d'erangeait. Bref, `a six heures et demie, alors que je pensais `a me retirer bredouille, j’eus l’extraordinaire bonne fortune de d'ecouvrir, `a l’int'erieur du puits que j’avais fait curer par cet ouvrier, la serrure que vous venez de voir ainsi que le morceau de bois provenant de la malle jaune. Vous comprenez, mon cher Juve, que, d`es lors, tout 'etait infiniment clair. Parbleu ! Je reconstitue la chose `a merveille. Les Ricard ont tu'e leur oncle pour h'eriter, l’ayant cru riche. Ils sont sortis comme vous l’avez vous-m^eme expliqu'e, en dupant la concierge `a l’aide d’un timbre, ce qui leur permettait de se m'enager l’alibi du train de 11h45 qui nous a si longtemps g^en'es. Qu’ont-ils fait du cadavre ? Cela je l’ignore encore, mais en tout cas, il appara^it qu’ils l’ont emport'e dans la malle jaune, malle qu’ils ont d'etruite et dont je viens de retrouver les vestiges. J’ajoute que, de la malle jaune, ils ont d^u le transf'erer dans la malle verte. Cela importe peu, d’ailleurs, les Ricard ont fait ce changement pour embrouiller les pistes, voil`a tout… Eh bien, qu’en dites-vous ? Tout cela est-il limpide, maintenant ? Vous rendez-vous ?

— Non ! r'epondit Juve. Cent fois non !

Et, ne tenant pas compte de l’air d'esappoint'e de M. Havard, plus obstin'e que jamais, Juve dit tr`es lentement :

— Je ne me rends pas, parce que, voyez-vous, patron, j’ai relev'e jusqu’ici trop de d'etails significatifs, contre vos hypoth`eses pour que je puisse les oublier jamais. `A mon avis, Baraban n’est pas mort.

— C’est de la folie, Juve.

Juve prit un air modeste.

— Mettons que je suis fou.

Se rendant compte toutefois du d'eplaisir que son obstination causait `a son chef, le policier se h^ata d’ajouter :

— Et qu’allez-vous faire maintenant ? Maintenir l’arrestation ?

M. Havard prit Juve par le bras et l’entra^ina `a petits pas le long des all'ees.

— Ayant trouv'e ces vestiges, Juve, je me retirai ce matin, laissant toutefois Michel en surveillance dans ce petit bouquet de bois que vous apercevez. Mon intention 'etait d’aller demander un mandat d’arr^et au Procureur de la R'epublique. Ce mandat naturellement, je l’ai obtenu et me voici pr^et `a l’ex'ecuter. Ah, j’oubliais de vous dire que Michel, rest'e en observation, avait vu sortir Fernand Ricard `a huit heures du matin. Le courtier, naturellement, ne se doutait de rien. Michel l’a fil'e jusqu’`a la gare, il l’a vu prendre un billet d’aller et retour, nous l’avons cueilli au moment o`u il allait rentrer chez lui.

— Et maintenant, qu’attendez-vous ?

— Les gendarmes, Juve, car l’arrestation de Fernand Ricard a 'et'e vue et je crains les manifestations.

M. Havard se tut quelques secondes, puis brusquement interrogea Juve :

— Mais vous ? Qu’est-ce que vous faisiez ici ? Je parie d’abord que Fandor n’est pas loin ?

`A cette phrase, Juve 'eclata de rire :

— Fandor est en effet au salon avec nos deux prisonniers, disait-il, et quant `a ce que nous faisons ici, monsieur Havard, vous le devinez, nous enqu^etons.

— Naturellement, mais `a quel sujet ?

— Fandor cherchait un indice pour retrouver le cadavre de Baraban, et moi, monsieur Havard, je t^achais d’obtenir des renseignements pour me permettre de d'ecouvrir la retraite de cet honorable c'elibataire.

— Tout est bien qui finit bien, concluait le chef de la S^uret'e. Je ne peux pas vous mettre d’accord, vous et Fandor, mon pauvre Juve, puisque je n’ai pas retrouv'e Baraban ni mort ni vivant, mais enfin, l’affaire s’'eclaircit puisque cette fois je tiens les v'eritables assassins.

M. Havard paraissait s^ur de son fait :

— H'elas, patron, quand on a arr^et'e Th'eodore Gauvin et Brigitte on pensait bien aussi tenir les v'eritables assassins, et cependant…

— Je n’ai pas la pr'etention d’^etre infaillible, Juve, Mais j’ai le m'erite de savoir reconna^itre mes erreurs. Tout le monde ne peut pas en dire autant.

`A cela, Juve ne r'epliquait pas.

« Cela se g^ate, estima le policier. Havard se vexe. Ne le f^achons pas tout `a fait.

»

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