Сочинения в двенадцати томах. Том 2
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Le comit'e d’agriculture et de commerce a pr'esent'e un projet de d'ecret que me font croire tr`es nuisible quelqu’experience en administration, des voyages en Europe pour y 'etudier le g'enie des nations leurs relations commerciales et tr`es particuli`erement la naissance et le progr`es de cet esprit qui veut et doit faire, des int'er^ets priv'es — les 'el'ements de l’int'er^et public. Tout et l’histoire d’Angleterre, et la n^otre propre, et les grandes vues de Turgot et les erreurs d'esastreuses de Necker, tout prouve que le gouvernement ne s’est jamais m^el'e d’aucun commerce, d’aucune fabrique, d’aucune entreprise, qu’il ne l’ait fait avec des frais 'enormes en concurrence avec des particuliers et toujours au pr'ejudice de tous; que toutes les fois qu’il a voulu s’entrem^eler dans les affaires des particuliers, faire des r`eglements sur la forme sur le mode de disposer des propri'et'es, de les modifier `a son gr'e il a mis des entraves `a l’industrie, fait ench'erir la main d’oeuvre et les objets qui en sont r'esult'es.
L’objet des subsistances est dans ce cas plus particuli`erement qu’aucun autre parcequ’il est de premi`ere n'ecessit'e, qu’il occupe un grand nombre d’individus et qu’il n’en est pas un seul qui n’y soit int'eress'e. Les entraves annoncent, appellent, pr'eparent, accroissent, propagent la d'efiance; et la confiance est le seul moyen de faire marcher une administration dans un pays libre. La force — quelque moyen coactif qu’on imagine — ne sauroit ^etre employ'ee que dans les convulsions dans les momens violens et irr'efl'echis, mais dans une suite de travaux dans une continuit'e d’op'erations, l’emploi de la force n'ecessite la continuit'e de son usage; elle en 'etablit le besoin, elle le multiplie et l’aggrave sans cesse; de mani`ere que bient^ot il faudrait armer la moiti'e de la nation contre l’autre. Tel sera toujours l’effet des d'ecrets qui auront pour but de contraindre ce que la justice et la raison veulent et doivent laisser libre.
Or, toute d'eclaration exig'ee et fait de subsistances sp'ecialement sera fausse et n'ecessitera la violence: tout ordre de porter ca o`u l`a, en telle ou telle quantit'e, de vendre en tel lieu et non en tel autre, `a telle heure aux uns, `a telle heure aux autres; tout, ce qui 'etablira la g^ene tendra `a l’arbitraire et deviendra vexatoire. Le propri'etaire s’inqui`ete d’abord, se d'ego^ute ensuite; il finit par s’indigner, le peuple, alors peut s’irriter et se soulever. La source des prosp'erit'es seroit tarie, et la France deviendroit la proi d’agitations longues et cruelles. C’est une arme terrible dont les malveillans ne tardent pas de s’emparer, qu’un decret qui porte avec soi la contrainte et laisse `a la violence de le diriger. D'ej`a celui du 16 septembre dernier qui ordonne le r'ecensement des grains et autorise l’emploi de la force pour son ex'ecution, r'epand l’allarme et favorise les emeutes. Encore une entrave, encore une provocation de l’autorit'e pour la soutenir, je ne connois, je ne concois plus de puissance humaine capable d’arr^eter les d'esordres.
On ne se repr'esente pas assez, qu’en administration, en l'egislation, comme en m'echanique, la multiplicit'e de rouages g^ene les mouvemens, retarde ou diminue l’effet. Faute d’un plan raisonn'e fond'e sur l’histoire des faits, sur le r'esultat des combinaisons, sur la somme des moyens moraux et physiques, un code se trouve charg'e d’articles dont les uns sont destin'es `a rectifier les autres. Il s’en suit une complication susceptible de commentaires et l’ex'ecution devient 'egalement difficile et hazardeuse. Les inconv'enients de cette nature sont infiniment graves, dans la l'egislation des subsistances, qui devient alors un arsenal d’armes meurtri`eres que saisissent tous les partis.
Pr'esident de la repr'esentation d’un grand peuple, montrez que le grand art est de faire peu et que le gouvernement, comme l’'education, consiste principalement `a pr'evenir et emp^ech'er le mal d’une mani`ere n'egative pour laisser aux facult'es tout leur d'eveloppement; car c’est de cette libert'e que d'ependent tous les genres de prosp'erit'e. La seule chose peut-^etre que l’assembl'ee puisse se permettre sur les subsistances c’est de prononcer qu’elle ne doit rien faire qu’elle supprime toute entrave; qu’elle d'eclare la libert'e la plus enti`ere sur la circulation des denr'ees; qu’elle ne determine point d’action; mais qu’elle en d'eploie une grande contre quiconque attenterait `a cette libert'e. La gloire et la s^uret'e de la convention me paroissent attach'ees `a cet acte de justice et de raison, parcequ’il me semble que la paix et le bonheur de la nation en d'ependent.
J’abonde en motifs: le temps et l’espace sont trop courts; mais je joins ici des observations que j’ai cru devoir adresser `a la commune de Paris avec la proclamation du Pouvoir Ex'ecutif et ma lettre d’envoi de cette proclamation `a la convention elles concouriront `a d'evelopper mes id'ees. Elles m’ont paru m'eriter assez d’attention pour ^etre 'etonn'e que le comit'e charg'e d’un projet auquel sont int'eress'ees les destin'ees de la France, se soit 'eloign'e de m’entendre sur une partie d’administration dans laquelle il importe autant de recuillir les vues, de peser les raisons pour se garantir de l’erreur et n’^etre pas expos'e `a des m'eprises.
Je soumets `a la sagess'ee de l’assembl'ee mes repr'esentations sur le sujet de mes plus importantes sollicitudes: je les lui dois comme citoyen et c’est `a ce titre que je lui en fais hommage.
Roland.
VIII
Нац.
С. 239. Pce № 1.
№ 264.
Paris le 23. 9-bre 1792.
L’An 1-er de la R'epublique francaise.
Второе письмо Ролана.
23 ноября 1792 г.
Monsieur le Pr'esident,
Je fais passer, ci joints, `a la Convention Nationale, deux 'etats de la situation actuelle des subsistances `a Paris. Le premier est le compte qui a 'et'e rendu, le 17. de ce mois, au Conseil g'en'eral de la Commune, par les Administrateurs de ces subsistances, et le second comprend le d'etail des ressources en grains et farines, pour la Consommation de la Capitale, au 20. du m^eme mois; Il est bon de r'epandre la connaissance de ces deux Etats, autant qu’il sera possible, pour rassurer le Peuple sur les inqui'etudes, que l’on cherche `a lui donner relativement `a la subsistance.
L’Assembl'ee verra que nous n’aurions `a craindre si la confiance laissait `a la circulation des denr'ees, la libert'e, qui lui est n'ecessaire, mais que nous avons tout `a redouter, parceque cette confiance n’existe pas, et que l’administration de la commune de Paris est propre `a l’'eloigner de plus en plus et d'efinitivement `a l’an'eantir. La foiblesse du Corps Municipal ou le d'esir, mal calcul'e, de procurer quelque adoucissement aux habitans de Paris, l’a port'ee `a faire vendre, depuis longtems, la farine `a une taux inf'erieur au prix d’achat. D`eslors presque tous les approvisionnemens des environs se font faits dans Paris, d’o`u l’on retire sans cesse, au lieu d’y apporter; par cette disposition, la Municipalit'e fait chaque jour une d'epense de 12, 000 1, qui ne sert qu’`a l’'epuiser, et qui, pour un avantage apparent et momentan'e, produit le double mal d’une surcharge qui doit finir par retomber sur le Peuple m^eme, et d’un app^at pour le voisinage qui vient retirer de Paris tout ce qui seroit n'ecessaire `a sa Consommation.
C’est ainsi que la fixation du bois va porter l’effroi dans ce genre de commerce et y faire sentir aussi la disette.
Je ne veux point accuser les intentions; je ne suppose point que ces op'erations soient dict'ees par le d'esir de capter la popularit'e et le dessein, de pr'eparer des malheurs, qu’on auroit le soin de rejetter sur l’administration sup'erieure; mais je dis que ces op'erations sont mauvaises parce qu’elles flattent pour tromper, parce que sous l’apparence d’un bien passager, elles pr'eparent des maux affreux.
Je veille, autant qu’il est possible `a l’approvisionnement g'en'eral, mais je d'eclare que je ne puis r'epondre de rien, lorsque des op'erations d'esastreuses en arr^etent les effets.
Les fermiers, les laboureurs, n’osent plus paro^itre dans un march'e, mettre en route ou en vente, un sac de bl'e: Le pr'etexte d’accaparement fait menace et craindre d’^etre 'egorg'e; et au sein m^eme de l’abondance, nous sommes pr^ets `a p'erir de mis`ere.
Voil`a le fruit de l’inqui'etude, de l’agitation, des 'eternelles d'eclamations avec lesquelles on souleve les esprits, r'epand la menace et l’effroi. Les fripons s’agitent, les sots s’'epouvantent; je suis assailli de plantes, de reproches, d’arr^et'es de la Commune, qui d’ailleurs ne r'epond jamais aux Lettres officielles que je lui adresse, aux questions que je lui fais. Les Sections recoivent son impulsion, en propagent les effets; les parties de l’administration sont toutes n'eglig'ees; C’est un d'esordre affreux que je d'enonce de nouveau, dussai-je y perdre la t^ete sur l’heure, car il faut que la chose publique soit sauv'ee o`u que je p'erisse avec Elle.