Франция: Общественно-политические реалии
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Lorsqu'il sera clair pour chacun que la qualit'e de la vie quotidienne est de la responsabilit'e des communes, que l'innovation en mati`ere de protection sociale — 4e ^age, handicap'es, pr'evention de la d'elinquance et de la drogue — est d'epartementale, que l'animation du d'eveloppement 'economique, incluant la recherche appliqu'ee, la formation et le financement de la cr'eation, est r'egionale, alors l''Etat sera d'esencombr'e de t^aches qu'il accomplit mal. Il pourra se concentrer sur les siennes propres. Il lui restera `a garantir un niveau minimal de prestations et `a assurer les r'epartitions n'ecessaires. Plut^ot qu'au national lib'eralisme d''Etat sous lequel nous vivons, nos concitoyens aspirent `a une vraie lib'eralisation des comportements quotidiens et des d'ecisions `a la base, accompagn'ee par un 'Etat qui, lui-m^eme, ne renonce pas `a sa responsabilit'e de fixer des r`egles du jeu 'equitables.
12. Еurope. Voil`a nos vraies fronti`eres. `A ces 320 millions de femmes et d'hommes qui peuplent un espace exigu mais que soudent des si`ecles d'une histoire commune, le patrimoine d'une immense culture, `a ces 320 millions de femmes et d'hommes, rien n'est impossible.
D'o`u vient alors que, trente ans apr`es le trait'e de Rome, l''edification ait si peu avanc'e ? On y voit une double cause.
La premi`ere tient `a ce qu'on a fait les choses `a rebours. Parce que la cr'eation d'une Europe politique 'etait malheureusement impossible si peu de temps apr`es la guerre, les p`eres fondateurs ont d^u se contenter d'actions sectorielles. Elles ont produit des r'esultats dont certains furent grandioses mais dont aucun, jamais, ne pourra suppl'eer une volont'e politique commune que le March'e commun, et son cort`ege d''ego"ismes nationaux, n'a pas vraiment fait na^itre.
Pour surmonter ce handicap, il fallait une pression tr`es forte des opinions publiques nationales. Et celle-ci, longtemps, n'a pas exist'e pour une raison laquelle est la seconde cause de stagnation.
Rappelons-nous : dans les vingt derni`eres ann'ees, le discours europ'een s'articulait presque exclusivement autour de l'alternative "l'Europe ou la mort". D'eclin'ee sur tous les modes, illustr'ee de toutes sortes d'exemples, elle 'etait pr'esent'ee comme le motif principal rendant n'ecessaire la construction europ'eenne. Mais si fond'es qu'en soient les arguments, si pertinentes les d'emonstrations, ce discours ne peut pas convaincre parce qu'il est n'egatif.
Complex'ee `a l''egard des 'Etats-Unis par un sentiment de vieillesse, complex'ee `a l''egard du Tiers Monde par le souvenir du colonialisme, complex'ee `a l''egard de la plan`ete enti`ere d'avoir 'et'e le lieu o`u commenc`erent les guerres mondiales, l'Europe, pendant des d'ecennies, a voulu timidement se faire pardonner d'exister, a trouv'e beau ce qui venait d'ailleurs pour cela seul que ce n''etait pas d'elle.
Mais le moment est venu d'une Europe d'ecomplex'ee.Car enfin, faut-il avoir honte de dire que nous voulons cette construction non pas parce qu'elle est vitale, mais tout simplement parce qu'elle est belle ? Revenus d'un sentiment d'inf'eriorit'e pleurnichard, nous avons toutes les raisons de penser et de dire que l'Europe, c'est au monde l'endroit o`u il fait le meilleur vivre.
Elle a la libert'e. Elle a la richesse. Elle a la protection. La libert'e, sans laquelle il ne fait pas bon vivre. La richesse, sans laquelle la libert'e est formelle. La protection, sans laquelle la richesse est oppressive. `A l'Est, manquent les droits de l'homme. Au Sud, manque le d'eveloppement. `A l'Ouest, manque la protection sociale qui corrig`e les injustices de la nature et de l''economie. Et en Europe occidentale seulement on trouve, `a un tel niveau, la libert'e flanqu'ee de l'opulence d'un c^ot'e, de la solidarit'e de l'autre, et le tout couronn'e d'une richesse culturelle sans 'equivalent.
13.Santй. Ce qui devrait ^etre la source d'une joie sans m'elange devient la cause d'inqui'etudes grandissantes. L''el'evation du niveau sanitaire a permis d'augmenter l'esp'erance de vie des femmes et des hommes. Ils vivent mieux et plus longtemps, et s'il est un signe auquel se mesure le progr`es, c'est bien celui de ce double resultat.
Les causes du d'eveloppement des d'epenses de sant'e sont multiples, parfois inattendues, tant^ot communes `a tous les pays occidentaux, tant^ot propres `a la France.
Les causes communes tiennent d'abord `a une demande accrue de soins qu'il faut avoir le courage d''evoquer avec une froideur clinique.
Premi`erement, la population vieillit, et les personnes ^ag'ees consomment naturellement pr`es de deux fois plus de soins que la moyenne. Deuxi`emement, des affections qui, autrefois, entra^inaient un d'ec`es rapide sont aujourd'hui soign'ees, mais le sont au prix de traitements longs et co^uteux. Troisi`emement, les conditions de la vie moderne sont pathog`enes (accidents de la route, modification du r'egime alimentaire, conditions de travail, etc.). Quatri`emement, le seuil d'acceptation de la douleur et de l'inconfort s'est abaiss'e. Cinqui`emement, enfin, nombre de probl`emes sociaux ou psychologiques, qui jadis n''etaient pas pris en charge ou l''etaient d'une autre mani`ere, sont d'esormais m'edicalis'es (h'ebergement des personnes ^ag'ees, traitement de l'angoisse, de la toxicomanie, de l'alcoolisme, des difficult'es familiales, voire sexuelles...).
Mais l'accroissement consid'erable des d'epenses de sant'e ne tient pas seulement `a la demande, nouvelle ou r'enov'ee ; elle tient aussi `a l'offre, et particuli`erement au r^ole grandissant des 'etablissements hospitaliers.
L'extension de l'assurance maladie a permis d'assurer `a toute la population un v'eritable droit aux soins. C'est un progr`es social essentiel que celui qui a fait passer de 29 millions en 1955 `a 53 millions aujourd'hui le nombre de personnes couvertes par cette assurance. Mais on ne saurait s''etonner de ce qu'il contribue, dans une proportion difficile `a appr'ecier, `a accro^itre la consommation m'edicale.
14. Idйologies. «Ensemble d'id'ees, d'opinions, constituant une doctrine
Or aucune exp'erience ne permet d'enregistrer une harmonie naturelle ni entre individus ni entre 'Etats. Les rapports naturels sont des rapports de force, les relations spontan'ees sont de domination. Force est de constater que la libert'e de chacun s'accommode mal de celle d'autrui.
`A l''evidence, l'homme a besoin de r^eve pour soutenir son action, tout comme les peuples pour conserver leur coh'esion. Mais il est n'ecessaire d''equilibrer l''elan du r^eve dans une architecture sociale pour d'efier l'aspect destructeur qu'il charrie immanquablement.
L'homme aspire `a la libert'e, mais sa libert'e ne se concoit que par rapport `a un cadre. Il lui faut des bornes pour qu'elle puisse s'appr'ehender comme telle, sans quoi elle n'est que d'esorganisation et anarchie, sans quoi triomphe la loi du plus fort.
Imputer `a la propri'et'e priv'ee la responsabilit'e de la violence, c'est inverser la relation de causalit'e. La propri'et'e priv'ee est un instrument puissant de cette violence, son levier d'action, mais non sa cause. La m^eme perversion intellectuelle conduit `a accuser la planification d'amoindrir l'esprit de solidarit'e, `a faire croire que les 'ego"ismes individuels sont exacerb'es car accul'es `a lutter contre des organisations qui broient la personne, alors que c'est l'oubli de la violence des hommes qui conduit le syst`eme `a devenir autoritaire pour les rendre bons, ce qui `a l''evidence ne marche pas.