Франция: Общественно-политические реалии
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Pour la gauche, tant syndicale que politique, l'entreprise fut longtemps un champ de bataille, bien plus qu'une unit'e de production. Les moyens de l'entreprise 'etaient confondus avec la fortune du patron.
L'opinion enregistre: parmi les personnalit'es connues figurent d'esormais des capitaines d'industrie. Tandis qu'il y a trente ans un sondage r'ev'elait qu'au sein des grandes 'ecoles d'ing'enieurs 3 % des 'el`eves souhaitaient cr'eer leur propre entreprise, ils sont aujourd'hui plus de 40 %. Les prouesses techniques ou commerciales, enfin, prennent rang dans la liste des sujets de fiert'e nationale.
Dans nos soci'et'es en voie d'atomisation, o`u la cellule de base se limite au couple avec ou sans enfants, l'isolement s'aggrave. Paroisse et village tendent `a dispara^itre, le quartier ne vit gu`ere. L'entreprise est aujourd'hui, pratiquement, la derni`ere communaut'e d'hommes et de femmes. Elle le supporte mal, n'est pas faite pour cela ; la charge psychologique est trop lourde quand elle est d'abord pr'eoccup'ee de survivre `a une concurrence effr'en'ee.
De plus, les besoins collectifs augmentent trop vite, que seule peut satisfaire la taxation de la production. Au-del`a d'un certain seuil, le d'eveloppement en est entrav'e. Nous y sommes `a peu pr`es.
L''economie d'entreprise — le capitalisme — a pris son essor dans l'Europe du Nord. On a longtemps cru l'Europe du Sud porteuse d'un mal'efice `a cet 'egard. La pr'esente d'ecennie bouscule des id'ees recues. Le dynamisme, la volont'e d'entreprendre, apparaissent en Espagne, en Italie, en France, tandis que rigidifient les soci'et'es du Nord, l'am'ericaine comprise au moins en partie. Mais si l'Espagne et l'Italie enregistrent un progr`es au niveau du pays tout entier, la France, globalement, pi'etine et prend du retard. Tout se passe comme si la pesanteur de nos structures nationales, 'Etat, administration, 'ecole, corporatismes, castes, exc`es de r'eglementation, paralysaient encore largement le dynamisme de notre appareil productif. Ce n'est pas au sommet qu'il faut du lib'eralisme. Plus que jamais l'Etat doit ^etre attentif aux r`egles du jeu. Mais `a la base, l`a o`u l'on travaille et produit, il faut d'esentraver. C'est l'aventure de demain et la perspective de mobiliser toutes les intelligences du pays.
Le social, aujourd'hui, tient l''economique, parce qu'il n'est d'effort que consenti. La collectivit'e peut et doit soulager, dynamiser, ses entreprises. Alors seulement celles-ci trouveront toute leur place dans l'ensemble social, et toute leur dignit'e aussi, si elles assument pleinement leurs responsabilit'es.
30. Pr'esident de la R'epublique. Il ne doit pas tout faire parce qu'il lui faut incarner la France dans son unit'e, dans son avenir, dans son mouvement. Veillant `a l'essentiel, qu'il s'agisse de le pr'eserver ou de le conqu'erir, le subalterne n'est pas son fait et il doit ^etre attentif `a ne pas capter ce qui rel`eve de la comp'etence d'autres acteurs.
Il ne doit pas tout faire tout seul, car il est bien des domaines o`u sa comp'etence se limite `a d'efinir les lignes et `a donner l'impulsion. Son efficacit'e alors se mesure moins `a son action personnelle qu'aux relais dont il sait l'entourer, `a l''ecoute qu'il maintient, `a la proximit'e qu'il conserve avec les Francais, lors m^eme que la pente naturelle de la fonction est de l''eloigner d'eux.
Il doit faire, car il n'est pas 'elu seulement pour ^etre l`a. Porteur d'une vision, `a tout le moins de perspectives, il n'a pas seulement pour fonction de regarder la France 'evoluer, le gouvernement gouverner, en se bornant, ca et l`a, `a 'emettre quelques opinions. Il lui faut aider le pays `a mettre en oeuvre une politique dynamique qui contribue `a r'egler les probl`emes et non `a les gommer.
Il doit faire seul parfois, car il est quelques d'ecisions qui lui reviennent en propre, qu'il ne peut d'el'eguer, pour lesquelles il peut interroger, consulter, 'ecouter, mais qu'il doit ^etre en mesure de prendre seul en derni`ere analyse, sans autres secours que ceux de sa conscience, de son intelligence, de sa pr'eparation.
31. Premier ministre. Constitutionnellement, il dirige l'action du gouvernement, est responsable de la d'efense nationale, assure l'ex'ecution des lois, et, sous r'eserve des pouvoirs d'evolus au chef de l''Etat, il exerce le pouvoir r'eglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.C'est dire `a quel point son r^ole est fondamental. Le poids du pr'esident de la R'epublique ne doit jamais faire oublier que le chef du gouvernement est, au mieux, son interm'ediaire oblig'e, au pire, son rival au sein de l'ex'ecutif.
Juridiquement, le pr'esident de la R'epublique n'a de pouvoirs propres qu'en nombre limit'e. Si, naturellement, son influence s'exerce bien au-del`a de ce que la Constitution lui attribue, c'est dans la mesure (et dans la limite) de la subordination politique qu'il peut imposer au Premier ministre. Que cette subordination politique disparaisse (c'est le cas depuis mars 1986), et les pouvoirs du chef de l''Etat se r'eduisent brutalement, m^eme s'ils restent importants. Que cette subordination dure, et le chef de l''Etat peut prendre les d'ecisions qu'il souhaite, mais presque toujours `a condition que le Premier ministre leur donne la force juridique.
Dans cette derni`ere hypoth`ese, le Premier ministre peut difficilement refuser de faire ce que le pr'esident attend de lui. Ou, plus exactement, il pourrait juridiquement refuser (les pouvoirs qu'il exerce sont les siens, et le pr'esident n'a pas le pouvoir de le r'evoquer), mais politiquement il ne le peut g'en'eralement pas.
Dans ces conditions, les deux seules assurances dont le pr'esident dispose quant `a la subordination du Premier ministre r'esident d'une part dans la loyaut'e de ce dernier, d'autre part dans ceci que la majorit'e parlementaire est g'en'eralement plus fid`ele au chef de l''Etat qu'`a celui du gouvernement.
Potentiellement, ils sont rivaux en attributions tout d'abord, car il est bien normal que le chef du gouvernement s'estime apte `a la plus grande autonomie. Rivaux en popularit'e ensuite, car leurs deux courbes sont pr'esent'ees c^ote `a c^ote sans pour autant 'evoluer toujours parall`element. Et parfois m^eme rivaux en int'er^ets, car le pr'esident de la R'epublique est naturellement conduit `a voir dans son Premier ministre un successeur possible, tout comme ce dernier peut aspirer `a l'etre.
Ainsi le Premier ministre a-t-il, par d'efinition, une position d'elicate. M^eme dans l'ordre coutumier des choses, c'est-`a-dire lorsqu'il est celui que le pr'esident a effectivement choisi sans qu'il lui soit plus ou moins impos'e par les circonstances, il lui faut appliquer efficacement une politique dont il approuve les orientations sans, cependant, d'eterminer les grandes lignes.
32. Egalit'e. L'in'egalit'e n'est qu'un autre nom de la diff'erence. Mais l'une est rejet'ee quand l'autre est cultiv'ee. En fait, pour mieux servir l''egalit'e, mieux en cerner le sens et pr'eciser la port'ee, il faut un instant l'oublier pour lui pr'ef'erer la notion d'ind'ependance. Ce qui est intol'erable, en effet, n'est pas en soi l'in'egalit'e.
C'est un lieu commun de rappeler qu'il n'est au pouvoir de personne d'imposer une stricte 'egalit'e d'intelligence, de force, de moyens, etc. Mais ce qu'aucun socialiste, en tout cas, ne saurait accepter, c'est l'id'ee que ces in'egalit'es emportent d'ependance, que celui qui est faible d'epende de qui est fort, que celui qui est pauvre d'epende de qui est riche, que celui, qui est inculte d'epende de qui est cultiv'e. Il va de soi que ce qu'est dit pour des hommes vaut aussi pour les nations.