Франция: Общественно-политические реалии
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La maitrise de l'environnement, c'est d'abord etre capable de premunir les citoyens contre les agressions quotidiennes de la pollution, du bruit ; c'est contr^oler efficacement les transports de mati`eres dangereuses, 'etendre `a tout le pays un assainissement des eaux et un traitement des d'echets adapt'es au XXIe si`ecle. La pr'evention des risques majeurs est aussi une priorit'e, car notre collectivit'e doit s'assurer contre les dangers qui la guettent encore. `A cet 'egard, notre d'emocratie peut se donner des formes incontestables d'expertise publique, d'information transparente sur les grandes fonctions 'economiques g'en'eratrices de risques, comme le nucl'eaire ou la chimie lourde. Enfin, la gestion locale de l'environnement, les missions multiples de pr'eservation et de mise en valeur attendent encore une organisation technique et sociale qui permette de valoriser leur extraordinaire potentiel d'emploi et d'insertion professionnelle.
Mais il faut aussi veiller `a trois d'efis nouveaux qui p`esent sur notre avenir commun:
— l'am'enagement de l'espace rural exigera des d'ecisions majeures `a mesure que la comp'etition et la rigueur financi`ere ecarteront de la production agricole des espaces d'efavoris'es ; la mise en valeur des paysages ruraux est une responsabilit'e publique dont d'epend l''equilibre futur de notre territoire ;
les nouvelles technologies fines, pour
leurs le demandent eux-m^emes ;le rapport environnement-comp'etitivit'e est en train de se modifier compl`etement ; l'exigence des consommateurs est telle, le souci de qualit'e se propage si vite, que les contr^oles et les standards de protection sont maintenant un puissant argument de vente ; la production
« propre » devient rentable dans tous les domaines. Dans ce contexte,
la frilosit'e avec laquelle les organisations patronales et les administrations sp'ecialis'ees abordent — notamment `a Bruxelles — les mises aux normes n'ecessaires t'emoigne d'une r'eflexion insuffisamment renouvel'ee.
26. Responsabilitй. Elle a une double dimension : r'epondre de ses actes et agir consciemment. Prenons l'exemple d'un ministre et de celui qui le conteste. Le ministre, constitutionnellement, est responsable de ses actes (politiquement, voire p'enalement), tandis que son opposant ne l'est pas. Mais, par b^etise ou par incomp'etence, par int'er^et ou par d'emagogie, le ministre responsable peut prendre des d'ecisions irresponsables, alors que son opposant qui n'exerce pas de responsabilit'es peut prendre des positions responsables (il peut 'egalement se produire qu'un ministre soit responsable dans les deux sens, et plus facilement encore qu'un opposant ne le soit dans aucun...). `A n'egliger cette dualit'e, on amputerait la responsabilit'e quand elle n'a de signification qu'`a condition d'^etre enti`ere. Fuir ses responsabilit'es est haissable.
L'exigence d'autonomie s'accompagne d'esormais d'une revendication de responsabilit'e. `A celle-ci prennent go^ut tous ceux qui en pressentent la dignit'e. Ils sont chaque jour plus nombreux ceux qui aspirent `a faire davantage par eux-m^emes et sont pr^ets `a en supporter les cons'equences. Les entreprises les plus performantes sont souvent celles qui en tiennent compte avec leurs salari'es. Les fonctionnaires aiment moins qu'on ne dit le fameux parapluie qu'ils ouvraient nagu`ere en faisant d'ecider par autrui. Il les prot`ege mais il leur p`ese.
27. Patrie. Vouloir preserver sa purete en l'isolant du monde, etre exclusif et sourcilleux et, comme on faisait jadis de femmes recluses derriere des jalousies, cacher sa beaut'e de peur que d'autres ne la voient, c'est qu'on appelle un patriotisme machiste. Il n'exclut pas l'amour, mais ne le prouve pas non plus.
L'aimer par habitude mais la trouver vieillie, ne voir de vraie vitalit'e que dans des nations plus jeunes, qui fascinent et qu'on singe, c'est avoir l'attachement nostalgique. L'amour de la patrie conna^it aussi ses d'emons de midi.
Etre `a ce point p'en'etr'e de ses qualit'es propres qu'on les croit sup'erieures `a tout ce qui existe,ne percevoir les autres qu'avec condescendance et ne les supporter qu''ebahis, c'est l'amour vaniteux, le patriotisme arrogant.
La patrie est une m`ere exigeante, mais trop de ses enfants sont des fils abusifs.
28. Parlement. Au-del`a des apparences, il ressort bien vite que le Parlement francais a presque exactement les m^emes pouvoirs que ses homologues des d'emocraties comparables, anglaise, allemande, espagnole, scandinaves... Dans chacun de ces pays, c'est l'ex'ecutif qui domine le syst`eme, la majorit'e soutient le gouvernement plus qu'elle ne le contr^ole, le Parlement vote les lois qui lui sont demand'ees plus qu'il n'en prend l'initiative. Le m^eme ph'enom`ene se produit en France. Plus qu'il ne s'est abaiss'e, le Parlement francais s'est align'e sur les Parlements 'etrangers, sur les syst`emes modernes qui font que le pouvoir est principalement aux mains de l'ex'ecutif.
Il reste que l'Assembl'ee nationale et le S'enat francais fonctionnent notablement plus mal que leurs 'equivalents europ'eens. Mais le rem`ede `a ce d'efaut ne r'eside certainement pas dans la perspective d'un r'e'equilibrage mythique entre les pouvoirs de l'ex'ecutif et ceux du l'egislatif, solution illusoire et anachronique.
Il r'eside au contraire dans une autre mani`ere d'exercer des pouvoirs inchang'es. Si, plut^ot que se croire en pays `a peu pr`es conquis gr^ace au fait majoritaire, les ministres appel'es `a faire voter des lois se pr'eoccupaient de leur dur'ee, ils seraient conduits `a rechercher des compromis avec leur majorit'e autant qu'avec l'opposition. Moins soucieux d'imposer, ils le seraient de transiger. Cela n'a pas grand-chose `a voir avec ce qu'Edgar Faure a appel'e
« les majorit'es d'id'ees », dans lesquelles il voyait le moyen de prendre acte d'un consensus existant au-del`a des divisions partisanes. Le consensus se constate, tandis que la transaction se recherche.29. Entreprise. «Patrons francais, soyez fiers de l'^etre». C''etait le titre superbe que donnait Jaur`es `a son 'editorial de La D'ep^eche de Toulouse du 28 mai 1890.Objets de m'efiance pour l'opinion, l'entreprise et son chef se voyaient 'ecart'es du prestige, recherch'e dans les arts ou les sciences, puis dans le sport ou la fonction publique, mais pas chez eux.
Seul pays du monde dont l'histoire mini`ere fut migratoire, seul d'Europe dont la densit'e de population ne permettait pas de rentabiliser le chemin de fer, la France fut mieux dot'ee par la nature pour l'agriculture que pour l'industrie. Que de faillites derri`ere ce constat simple!
La banque, dans un environnement plus dur qu'ailleurs, a t^ot pris l'habitude de se m'efier du risque : `a l''Etat donc de prot'eger ou de combler les pertes (Colbert, au demeurant, n'a jamais h'esit'e `a cr'eer des entreprises royales quand un besoin apparaissait). Quand d'autres pays b'en'eficiaient de liaisons fluviales ou maritimes, notre g'eographie a vite exig'e des infrastructures routi`eres. Le co^ut est bien plus grand, tant en g'enie civil qu'en protection de police. L''Etat a gard'e l'habitude de ne marchander ni l'un ni l'autre, sans calcul de rentabilit'e.De ce fait la situation des travailleurs n''evoluait de temps `a autre, en droit, que par la loi, le plus souvent `a l'issue de graves crises sociales (1936, 1945, 1968), que provoquait notamment la volont'e historique du patronat de ne faire aucune concession quant au pouvoir au sein de l'entreprise. Seuls lois et d'ecrets ont pu l'y contraindre quand ailleurs cela s'est fait par des conventions n'egoci'ees.Le consensus 'etait moindre et l'efficacit'e aussi.
Tout cela se trouvait encore aggrav'e par un curieux comportement national `a l''egard de l'argent. Est-ce `a l''Eglise que nous le devons? Le temp'erament rural y a sa part 'egalement. Le go^ut excessif du secret, l'opprobre collectif `a l'encontre du profit, ont contribu'e aussi `a d'egrader l'image g'en'erale. Tr`es logiquement, par voie de cons'equence, l'organisation patronale dispose, en France, d'une repr'esentativit'e, d'une capacit'e `a ^etre ob'eie par ses membres, d'une autorit'e pour n'egocier, tr`es inf'erieures `a ce que connaissent tous les autres pays d'evelopp'es. Cela compte beaucoup dans nos difficult'es nationales.