Франция: Общественно-политические реалии
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Troisi`eme 'el'ement, la composition du Conseil lui est plut^ot un_ atout. L'^age de ses membres fait qu'ils occupent probablement l`a leur derni`ere fonction officielle. Ainsi ne peut-on rien faire miroiter, `a leurs yeux, en contrepartie de services 'eventuels. C'est l`a un facteur essentiel qui donne le go^ut de l'ind'ependance m^eme `a ceux qui ne l'auraient pas spontan'ement. Le fait, ensuite, qu'ils aient souvent accompli une longue carri`ere politique leur a donn'e l'exp'erience n'ecessaire pour distinguer le possible du d'eraisonnable. S'ils savent m^eler l'audace et la prudence, c'est `a peu pr`es toujours `a bon escient.
18. Constitutions. Il n'en est pas de parfaite. Il n'y a que constitutions qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas.
Fonctionne celle qui offre `a l''electeur des choix clairs et qui permet, `a ceux que le scrutin a d'esign'es, de gouverner dans de bonnes conditions. Au regard de ces crit`eres, il ne fait aucun doute que la Constitution de la Ve R'epublique fonctionne. Aussi faut-il 'eviter de mettre en cause `a chaque instant ses r`egles du jeu, et s'attacher davantage `a le jouer loyalement. Nous avons mieux `a faire que de nous mobiliser, et pire encore de nous d'echirer, sur un d'ebat constitutionnel.
On a la tentation `a opter pour un r'egime pr'esidentiel, sans responsabilit'e du gouvernement devant le Parlement, sans possibilit'e pour l'ex'ecutif de dissoudre le l'egislatif. On y voit des avantages : revalorisation du r^ole du Parlement, partage clair des t^aches entre ex'ecutif et l'egislatif. Or non seulement il existe d'autres moyens d'obtenir les m^emes r'esultats, mais celui-ci serait le pire. Aux 'Etats-Unis, ce syst`eme donne satisfaction pour trois raisons au moins qui toutes feraient d'efaut en France : la pr'esence de fort contrepouvoirs, li'es notamment `a l'existence d''Etats f'ed'er'es ; l'absence de fracture grave entre d'emocrates et r'epublicains qui permet d''eviter les blocages ; enfin la tradition qui a huil'e tous ces rouages.
A la fin des fins les r'egimes parlementaires modernes se ressemblent tous beaucoup et que, les pouvoirs des organes respectifs dans les syst`emes britannique, allemand, scandinaves et francais, par exemple, sont beaucoup plus proches qu'on ne dit g'en'eralement.
'Elargir les possibilit'es de r'ef'erendum, raccourcir la dur'ee du mandat pr'esidentiel, pour ne citer que les deux hypoth`eses les plus fr'equemment 'emises, voil`a des choses parfaitement concevables. Ce qui importe alors n'est pas de savoir si elles constitueraient ou non des changements importants. Cela importe d'autant moins que ce type d'appr'eciation est al'eatoire.
Ce qui importe vraiment, c'est que de telles modifications ne soient pas l'occasion de d'echirements politiques. Il ne faut les entreprendre que si elles sont sinon voulues par tous, au moins accept'ees par `a peu pr`es tous. La Constitution n'est pas la chose d'une majorit'e. Il est bien assez de sujets sur lesquels se diviser pour n'en pas rajouter qui ne soient pas indispensables. En mati`ere constitutionnelle, la preuve est faite qu'ils ne le sont pas puisque, au total, nos institutions ont affront'e avec succes toutes les 'epreuves auxquelles l'Histoire les a soumises. Dans ce domaine plus que dans tout autre, que l'on propose, soit ! Que l'on impose, surtout pas.
19. Culture. L'id'ee qu'elle puisse relever du politique ne va nullement d'elle-m^eme.
La culture est avant tout affaire de go^uts, pourra-t-on dire, et rel`eve donc de choix individuels. Faire intervenir l''Etat au-del`a de la seule defense du patrimoine risque d'ouvrir la porte `a un art officiel ou, au contraire, `a des artistes autoproclam'es dont nul public ne viendrait sanctionner la cr'eation.
Une conception inverse soutient que c'est du foisonnement que vient la d'ecouverte, que toute cr'eation est intrins`equement respectable et doit ^etre encourag'ee dans la mesure du possible, que les plus grands artistes n'ont pas forc'ement atteint de leur vivant la notori'et'e que m'eritait leur g'enie, qu'il vaut donc mieux risquer, en aidant tout le monde, d'en faire profiter quelques m'ediocrit'es que de laisser sans ressources un Mozart ou un Van Gogh.
Une autre approche ne se pr'eoccupe que des richesses du pass'e. Les pr'eserver d'abord, en diffuser les t'emoignages ensuite, et veiller par la formation `a ce qu'ils ne soient pas l'apanage de quelques cat'egories sociales, voila a quoi il est l'egitime que l''Etat consacre ses efforts.
20. Drogue. Entre la pr'eoccupation et la psychose, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. Lutter contre la drogue exige d'abord de voir le ph'enom`ene dans son ampleur r'eelle, qui est relative. .
En France, il semble qu'il y ait une stabilisation. Chaque ann'ee, depuis quatre ans, entre 150 et 200 morts sont dues `a une
Cela dit, la d'ependance `a l''egard de la drogue — co^uteuse et ill'egale, contrairement `a l'alcool — aggrave l'ins'ecurit'e. Pour se procurer leur dose, les usagers se font d'elinquants ou dealers.
Poursuivre les trafiquants avec fermet'e, les punir avec s'ev'erit'e, naturellement ! Encore faut-il avoir conscience des limites de cette r'epression. En premier lieu, elle doit concerner 'egalement les dealers, qui incitent `a la consommation et sont `a l'origine de nombreuses rechutes. En second lieu, aux grands r'eseaux de nagu`ere ont succ'ed'e des trafiquants moyens, plus nombreux, moins r'eguliers, plus difficiles encore `a mettre hors d''etat de nuire.
Agir sur l'offre n'est donc pas suffisant, et c'est aussi vers la demande de drogue qu'il faut se tourner. De ce point de vue, initiative est bienvenue. Celle `a laquelle Michel Platini a apport'e son prestige, celles auxquelles l''Education nationale apporte son soutien, celles que relayent des films ou des chansons, montrent la voie qu'il nous faut suivre.
21. Nationalisations-d'enationalisations. Au d'epart, il y avait un probl`eme simple : en France, traditionnellement, l''epargne se portait sur la pierre et la terre plus que sur l'industrie et l'entreprise. Plusieurs grandes soci'et'es, de ce fait, ne trouvaient, ni aupr`es de leurs actionnaires ni sur le march'e financier, les capitaux dont elles avaient besoin pour investir, c'est-`a-dire pour affronter l'avenir.
Deux solutions s'offraient alors : recourir aux capitaux 'etrangers ou faire appel au contribuable. La seconde fut naturellement pr'ef'er'ee. C''etait cela, c'aurait d^u n'^etre que cela.
Mais l''equivoque est n'ee de ce que cette mesure que le bon sens guidait a pris l'allure d'une remise en cause de l''economie de march'e. Destin'ee `a procurer des capitaux, elle devenait anticapitaliste ! Financi`ere, elle devenait id'eologique. Moyen, elle devenait une fin.
De l`a est venue l'id'ee fausse selon laquelle `a l'importance des nationalisations, et `a leur pourcentage, pouvait seul se mesurer l'enracinement `a gauche. De l`a aussi, et de ce fait, le choix de proc'eder `a 100%.