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ЖАНРЫ

L'agent secret (Секретный агент)
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La femme r'epliqua, hautaine :

— J’appartiens au service des renseignements, et le Deuxi`eme Bureau…

— Le Deuxi`eme Bureau n’arr^ete pas… que je sache… mon capitaine ?

Haussant les 'epaules, le capitaine Loreuil d'esigna son compagnon :

— Monsieur appartient au service secret du minist`ere de l’Int'erieur… Mais peu importe… nous perdons du temps… agissons…

Tout cela si vite que Bobinette avait `a peine pu comprendre qu’il se passait quelque chose. Mais la respiration lui manqua lorsqu’elle vit les quatre myst'erieux personnages s’approcher de sa chambre et dire `a haute voix :

— Nous commencons par ici !…

— Mademoiselle, d'eclara l’inspecteur Michel en s’adressant `a la jeune femme effroyablement p^ale, ^etes-vous seule dans votre chambre ?

Incapable de r'epondre, Bobinette hocha la t^ete affirmativement.

Peu convaincu cependant, l’inspecteur Michel s’introduisit dans la chambre et jeta un rapide coup d’oeil circulaire autour de la pi`ece.

Bobinette, les yeux fous, le regarda faire.

Elle n’avait pas vu se cacher Vagualame, et elle commencait `a esp'erer que peut-^etre le myst'erieux vieillard avait pu s’'echapper, mais la grosse femme que Bobinette prenait encore pour une personne de son sexe se livrait `a un examen plus minutieux de la chambre.

Sans la moindre discr'etion, la fausse m`ere du faux palefrenier remua les chaises, souleva les tentures, regarda sous le lit. Brusquement, elle 'ecarta les rideaux derri`ere lesquels 'etait cach'e Juve, et Vagualame apparut. Juve 'etait appr'ehend'e, arrach'e hors de sa cachette. Deux hommes fort habiles et exp'eriment'es lui passaient les menottes.

— Vagualame, d'eclara l’inspecteur Michel, au nom de la loi, je vous arr^ete !…

Cependant que le capitaine Loreuil, reprenant sa voix naturelle, dont l’intonation faisait un contraste 'etrange avec sa silhouette de grosse femme, s’'ecriait `a son tour :

— Enfin, nous le tenons.

Le faux Vagualame ne broncha pas.

Il attendait la suite et, dans son esprit, la suite imm'ediate de son arrestation ne pouvait ^etre que l’arrestation de Bobinette… 'Evidemment, l’affaire 'etait dans le sac. Son intervention n’aurait pas 'et'e inutile, puisqu’il emm`enerait avec lui la complice du vrai bandit, Bobinette, enfin d'emasqu'ee. Juve 'etait tellement convaincu que tels 'etaient les 'ev'enements qui allaient se d'erouler qu’il faillit tomber de son haut lorsqu’il entendit l’agent Michel s’excuser aupr`es de la jeune femme de l’'emotion qu’il venait de lui causer :

— Hein ! vous ne vous doutiez pas de ce voisinage, mademoiselle ?

Et l’inspecteur ajouta :

— Vous l’avez s^urement 'echapp'e belle, car ce bandit en voulait, j’en suis convaincu, `a votre existence. Mais… Vagualame est d'esormais hors d’'etat de nuire.

L’inspecteur Michel fit un signe.

Son coll`egue et l’agent du minist`ere de l’Int'erieur entra^in`erent brutalement Juve hors de la pi`ece, cependant que le faux Vagualame, se laissant faire, songeait :

— Ah c`a ! mais Michel est donc compl`etement idiot ?

— Allons, en route pour le D'ep^ot ! ordonnait Michel en secouant le faux Vagualame par l’'epaule.

Un instant, le policier faillit arracher sa fausse barbe, se faire conna^itre et, renversant soudain les r^oles, d'ecider ses coll`egues `a arr^eter Bobinette. Toutefois, Juve se ravisa.

Il avait eu, quelques instants auparavant, le soupcon que la jeune femme doutait de son authenticit'e. Cette arrestation sous ses yeux devait d'esormais la rassurer et la persuader que le Vagualame qu’on menait en prison 'etait bien le vrai Vagualame. Mieux valait donc laisser s’accr'editer chez elle cette opinion. Juve, une fois sorti de l’h^otel de Naarboveck, s’expliquerait avec ses coll`egues, et ca ne serait pas long.

Cependant, le prisonnier, encadr'e des agents de la S^uret'e, descendit l’escalier, gagna la rue.

Au premier 'etage, il avait apercu, dissimul'e dans un coin de l’antichambre, le baron de Naarboveck, tr`es digne, et Wilhelmine, terroris'ee. D’autre part, n’ayant pas jug'e opportun de se faire conna^itre des ma^itres de la maison, la pseudo-m`ere entra^inait son fils, criant `a tue-t^ete :

— En voil`a une boutique ! je ne veux pas que tu restes l`a-dedans !… Sosth`ene, mon enfant, viens-t’en avec ta bonne m`ere qui te trouvera une place plus tranquille !

***

Bobinette 'etait tomb'ee assise dans un fauteuil, `a demi morte d’'emotion. Les id'ees se pressaient en foule dans son esprit, mais elle 'etait incapable d’en pr'eciser une seule, tant ces 'ev'enements 'etranges s’'etaient pr'ecipit'es, ne lui permettant pas de s’y reconna^itre. N'eanmoins, deux grands faits lui apparaissaient.

Le premier, c’est que Vagualame 'etait arr^et'e, tandis qu’elle 'etait libre, et le second, c’est qu’on n’avait pas cherch'e dans sa chambre le fameux d'ebouchoir vol'e `a l’arsenal, et que, le lendemain, elle irait selon les ordres recus transporter au Havre en compagnie du caporal Vinson, porteur, lui, du plan de l’appareil.

19 – LE MYST'ERIEUX ABB'E

Fandor pensa r^ever en ouvrant les yeux…

Depuis que les hasards de l’enqu^ete polici`ere `a laquelle il se livrait l’avaient contraint `a adopter la personnalit'e de Vinson, il s’habituait `a la vie militaire. La chambr'ee 'etait devenue pour lui :

« sa chambre ». Au r'eveil il ne s’'etonnait plus d’apercevoir `a sa droite le grand mur nu, blanchi `a la chaux, `a gauche le bat-flanc, attribut de son grade de caporal, sur lequel 'etaient grav'ees de multiples inscriptions : « Plus que 653 jours `a tirer… Vive la classe ! »…

Or, ce matin-l`a, J'er^ome Fandor se r'eveillait dans de tout autres conditions…

Les yeux `a peine entrouverts, il voyait autour de lui des meubles, de vrais meubles, point comme ceux qui se trouvent `a la caserne, mais plut^ot comme ont coutume d’en fournir `a leurs clients les h^oteliers…

Et il 'etait en effet dans une chambre d’h^otel, d’h^otel fort modeste `a coup s^ur. Des rideaux de cretonne tamisaient le jour. Un rayon de lumi`ere se r'efl'echissait `a une glace de dimension exigu"e, 'ebr'ech'ee, suspendue au-dessus d’une table de toilette dont le marbre sale, fendu, 'etait garni d’une cuvette, d’un savonnier en porcelaine d'epareill'ee.

Fandor h'esitait `a se r'eveiller. Le peu de confort de son appartement ne l’engageait gu`ere, il est vrai, `a sortir de la somnolence o`u il se trouvait encore mollement plong'e. Il faisait chaud dans son lit, la chambre semblait glac'ee, au contraire, par tous ces courants d’air qui y p'en'etraient librement par la chemin'ee, la fen^etre disjointe, la porte fendue.

— C’est tout de m^eme malheureux, pensa Fandor apr`es avoir d’un regard perspicace appr'eci'e l’'etat du logis o`u il se trouvait ; c’est tout de m^eme malheureux de payer r'eguli`erement son terme, de poss'eder rue Richer un appartement qui, sans ^etre luxueux, est cependant habitable, et d’^etre oblig'e de venir coucher `a l’ H^otel de l’Arm'ee et de la Marine, dans une chambre `a quarante sous la nuit…

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