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ЖАНРЫ

L'agent secret (Секретный агент)
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— Ces maudites gens, ajoutait-il, ont trouv'e moyen de nous br^uler la politesse…, mais j’ai plus d’un tour dans mon sac et l’aventure n’est pas termin'ee…

— Qu’allez-vous faire, Juve ?

— Gagner Londres, de toute urgence… venez-vous mon lieutenant ?

Henri de Loubersac r'efl'echissait :

— Non, d'eclarait-il enfin… d’abord je n’ai pas le droit de passer `a l’'etranger sans autorisation, je ne suis pas libre comme vous d’op'erer comme bon me semble… et puis j’ai id'ee qu’il doit y avoir `a faire `a Paris. Il est inadmissible qu’en surveillant Bobinette qui, d’apr`es ce que vous me disiez hier, est certainement m^el'ee de pr`es `a toutes ces intrigues, nous ne trouvions point des choses int'eressantes. Pendant que vous allez enqu^eter `a Londres, je vais donc de mon c^ot'e enqu^eter `a Paris… vous m’approuvez, Juve ?…

— Je vous approuve…

Juve accompagna jusqu’`a la gare le lieutenant de Loubersac qui, maintenant qu’il avait d'ecid'e de regagner la capitale, semblait pris d’une extr^eme h^ate.

Tandis que le policier revenait `a pas lents vers la jet'ee de Dieppe pour y attendre le d'epart du bateau d’excursion qui, fort opportun'ement allait lui permettre de gagner l’Angleterre sans avoir `a patienter jusqu’`a l’heure du paquebot r'egulier, Henri de Loubersac, seul dans son compartiment, songeait, m'elancolique.

Depuis longtemps il aimait Wilhelmine. Son affection, sinc`ere, franche, 'etait n'ee petit `a petit, s’'etait d'evelopp'ee. `A pr'esent, elle tenait tout son coeur, envahissait toute sa pens'ee…

Les paroles de Juve, la veille, l’avaient profond'ement troubl'e. Dans la pr'ecipitation des minutes, dans l’inqui'etude de la poursuite qu’il conduisait alors avec Juve, dans l’attente du caporal Vinson, il avait pu s’en distraire. Mais elles revenaient maintenant `a sa pens'ee, mauvaises, bourdonnantes, elles assaillaient son cerveau, il ne pouvait les chasser…

Le jeune homme s’absorba si bien dans ses r'eflexions qu’il perdit conscience de la marche, assez lente, de son train. Les stations succ'edaient aux stations, sans qu’il pr^it connaissance des arr^ets… le convoi stoppait en gare de Rouen, qu’Henri de Loubersac s’imaginait `a peine avoir quitt'e Dieppe.

— Il faut me secouer, pensa-t-il…

Homme d’action, il avait horreur des r'eflexions st'eriles, des agitations vaines et sans but…

Henri de Loubersac sauta de son wagon, profitant des minutes d’arr^et, il alla se d'egourdir les jambes, arpentait les quais de la gare, fl^anant aux vitrines des kiosques de journaux et d’ailleurs, l’esprit toujours hant'e d’une m^eme vision : Wilhelmine…

Il lui fallait bient^ot regagner son compartiment ; les hommes d’'equipe h^ataient les voyageurs :

— En voiture !… en voiture pour Paris !…

L’officier mit la main sur la rampe, s’appr^eta `a reprendre sa place. Une stupeur le cloua sur le marchepied…

Tandis qu’il fl^anait dans la gare de Rouen, une jeune femme voyant le wagon vide, y avait pris place. Elle s’'etait assise dans un coin du compartiment, et probablement occup'ee `a faire des adieux ou `a surveiller l’animation de la gare, avait baiss'e la glace de la porti`ere, situ'ee `a l’oppos'e de celle o`u Henri de Loubersac, montait.

Le jeune homme ne pouvait encore distinguer le visage de cette voyageuse, mais en v'erit'e rien qu’`a son attitude, rien qu’`a sa ligne, il croyait la reconna^itre…

C’'etait… oui, c’'etait…

Apr`es un coup de sifflet strident, le convoi s’'ebranlait, lentement d’abord, puis, petit `a petit, il acc'el'erait son allure… comme il quittait d'efinitivement la gare, la voyageuse qu’Henri de Loubersac ne perdit point de vue se recula, releva la place et, se retournant enfin, s’assit `a sa place… Henri de Loubersac la vit.

— Vous, monsieur Henri ?

— Vous, mademoiselle Bobinette !…

Henri de Loubersac, cependant, se ressaisit rapidement :

— Par quel hasard, commencait-il…

Mais, du ton le plus naturel, Bobinette l’interrompit :

— C’est plut^ot `a vous qu’il faudrait demander cela, monsieur Henri… moi je reviens de passer quatre jours dans ma famille qui habite Rouen.. J’avais demand'e un cong'e `a M. de Naarboveck, mais vous ?…

Le lieutenant Henri mordilla nerveusement un bout de sa moustache blonde, il haussa les 'epaules en r'epondant :

— Oh ! moi ! il n’est jamais 'etonnant de me rencontrer dans un train, puisque je voyage toujours et suis toujours par monts et par vaux… Vous avez des nouvelles de M lleWilhelmine ?…

— D’excellentes nouvelles. Vous viendrez `a la maison prochainement, monsieur Henri ?

— Je compte aller saluer M. de Naarboveck ce soir m^eme…

La conversation se poursuivit, banale, quelconque, sans aucun int'er^et…

— Elle ment ! pensa Henri, tout en 'ecoutant Bobinette qui lui donnait des d'etails sur son s'ejour dans sa famille ; elle ment !… Mais je dois feindre d’^etre dupe.

Dans le wagon cahot'e `a chaque virage, le lieutenant et la jeune femme causaient de choses et d’autres, d’insignifiances, de mondanit'es… Mais soudain…

Sous la jupe de taffetas clair, que portait la jeune femme, Henri de Loubersac, tout d’abord, avait distingu'e un vague lis'er'e noir.

Mais, quelques minutes apr`es, comme la jeune femme faisait un mouvement, sa robe s’'etait un peu soulev'ee…

Et cette fois, le lieutenant Henri de Loubersac n’avait pu s’y tromper.

Il avait vu, nettement vu.

Ce qui d'epassait par moments de la robe de Bobinette… le v^etement qu’elle portait sous cette robe, c’'etait… c’'etait une soutane de pr^etre !…

Bobinette, sous sa robe, avait un d'eguisement de pr^etre…

Ah ! parbleu ! Henri de Loubersac comprenait le r^ole jou'e par la perverse cr'eature ! Il se rendait compte pourquoi il la rencontrait dans ce train revenant de Rouen… Bobinette avait jou'e le r^ole du pr^etre aupr`es du caporal Vinson…

Tout autre que le lieutenant Henri de Loubersac se f^ut peut-^etre trahi dans la surprise d’une pareille d'ecouverte… C’'etait, en effet, pour lui, la confirmation douloureuse des paroles de Juve, car il semblait difficile d’admettre que Wilhelmine f^ut compl`etement innocente des compromissions terribles dans lesquelles 'etait engag'ee sa dame de compagnie.

Il fallait arr^eter Bobinette.

Mais comment proc'eder ?

Tout en continuant `a parler de choses et d’autres, Henri de Loubersac se d'ecidait :

— Je ne peux pas, moi, officier, pensait-il, m^eme en un cas aussi grave, appr'ehender cette femme personnellement. Le scandale serait 'enorme. Mes chefs me bl^ameraient… et puis, enfin, ce n’est pas mon m'etier. D`es que nous arriverons `a la gare Saint-Lazare, je m’arrangerai pour faire signe `a l’un des agents de service, je sauterai s’il le faut jusqu’au commissariat de surveillance… deux agents la boucleront avant m^eme qu’elle ait eu le temps de se reconna^itre…

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