L'agent secret (Секретный агент)
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— Le jugement ne fait pas mention, monsieur, des v^etements que vous portez, mais il semble 'etabli qu’ils ne vous appartiennent pas. Restituez-les le plus t^ot possible `a l’autorit'e…, sans quoi, nous serions oblig'es de vous assigner `a nouveau pour d'etournement d’effets militaires.
Toutefois, peu `a peu, la foule s’'ecoulait et Fandor, demeur'e avec quelques confr`eres de la presse, pouvait les entretenir un peu plus longuement de ses 'emotions et de ses peines.
Mais soudain Juve arriva.
Fendant la foule des gens qui entouraient Fandor, Juve s’approcha du journaliste, l’embrassa sur les deux joues, puis, apr`es cette effusion de sympathie, il lui murmurait pr'ecipitamment `a l’oreille :
— Maintenant, mon vieux Fandor, ce n’est pas le moment de nous attarder. Partons vite. Je te conduis chez toi, pour que tu changes de v^etements, car ce soir… nous avons `a faire…
— Ce soir ?
36 – AMBASSADEURS !… ?
— Filons, Fandor, nous allons arriver en retard…
J'er^ome Fandor passait son pardessus et, d'egringolant l’escalier `a la suite de Juve, qui lui-m^eme descendait deux marches par deux marches, cria au policier :
— Voil`a o`u je vous attendais, Juve, depuis un quart d’heure. Il va bien falloir que vous donniez une adresse `a notre cocher ? Cette adresse m’apprendra enfin o`u vous me menez, pourquoi vous m’avez fait mettre en habit. Pourquoi vous-m^eme vous vous ^etes mis en queue de morue…, chose que, de m'emoire d’homme, je ne vous ai jamais vu faire…
— Au fait ! c’est vrai ! dit Juve, je m’amuse `a t’intriguer, c’est probablement stupide… Fandor, nous allons au bal…
— Au bal ?
— Parfaitement ! et j’imagine que nous y ferons danser quelqu’un… de la belle facon !
— Qui donc ?
— Le ma^itre de la maison !
— Juve, vous parlez par 'enigmes…
— Non… sais-tu chez qui nous allons ?
— Je ne vous demande que cela, Juve…
— Nous allons chez Fant^omas !… pour l’arr^eter.
— Mais, bon Dieu, Juve, que voulez-vous dire ?… Vous m’avez affirm'e l’autre jour qu’il vous 'etait impossible d’arr^eter Naarboveck, n’'etait-ce pas l`a la v'erit'e ?
— Si.
— Et ca ne l’est plus ?
— Ca l’est encore !
— Ah ca ! ne jouons pas sur les mots. C’est trop grave, Juve. Nous savons que Naarboveck est Fant^omas, mais vous m’avez jur'e qu’il 'etait impossible d’arr^eter Naarboveck, vous me l’affirmez encore et pourtant vous m’annoncez que nous allons arr^eter Fant^omas… Que voulez-vous dire ?
Pour toute r'eponse, Juve tira sa montre et, le doigt sur le cadran :
— Tiens, regarde, Fandor, il est exactement dix heures et demie, n’est-ce pas ? nous allons ^etre chez Naarboveck `a onze heures moins le quart. Il me sera impossible de l’appr'ehender – tu le comprendras, cela, `a onze heures vingt environ… – mais tu verras qu’`a minuit moins le quart, minuit peut-^etre au plus tard, il me sera fort ais'e de mettre la main au collet de Fant^omas… et je ne m’en ferai pas faute !
— Juve, vous ^etes assommant avec vos myst`eres…
— Mon cher Fandor, r'epondait Juve, pardonne-moi de n’^etre pas plus explicite… Je t’ai dit que Naarboveck 'etait au-dessus d’une arrestation, je t’ai dit que nous allions arr^eter Fant^omas, tout cela est subordonn'e `a une volont'e qui doit lever ce soir un dernier obstacle qui m’emp^eche de proc'eder `a la capture du bandit…
— La volont'e de qui, mon Dieu ?
— La volont'e d’un roi !… mais chut !…
— Bien, Juve, je m’en rapporte `a vous… quoi qu’il arrive, j’aurai soin d’^etre continuellement `a vos c^ot'es… si vous avez besoin de moi…
— Merci, Fandor !…
« Tu sais, ajouta Juve, qu’une fois encore nous risquons notre peau ?… Je suis s^ur de la victoire finale, sauf si la balle stupide d’un revolver…
— Ca va bien ! Juve, vous voulez me faire peur.
La voiture tournait `a l’extr'emit'e du pont Alexandre.
***
L’h^otel du baron de Naarboveck 'etait brillamment illumin'e.
Le bal battait son plein dans les salons du premier 'etage.
Un orchestre de tziganes dissimul'e derri`ere un massif de plantes vertes dans un angle de la principale pi`ece ex'ecutait ses valses les plus entra^inantes, et joyeusement la foule tourbillonnait, foule nombreuse, 'el'egante, compos'ee de tout ce qui compte `a Paris.
M meParadel, la d'elicieuse femme du Ministre des Affaires 'Etrang`eres, s’entretenait cordialement avec le ma^itre de maison. Consid'erant Wilhelmine, qui passait affair'ee devant elle, sans toutefois omettre de la saluer d’un gracieux signe de t^ete, elle murmura :
— Charmante jeune fille !
Puis, se tournant vers de Naarboveck et affectant une mine inqui`ete :
— Mais vous devez ^etre d'esol'e, mon cher baron ! N’ai-je pas entendu dire que vos jeunes mari'es allaient partir pour le centre de l’Afrique ?…
— Oh ! riposta en riant le diplomate, on a beaucoup exag'er'e, madame. Mon futur gendre, Henri de Loubersac, quitte en effet l’'Etat-Major, mais c’est avec le grade de capitaine, et ses chefs l’envoient, non pas, comme vous le croyez, au milieu des n`egres, mais tout simplement `a Alger… excellente garnison…
— J’aime `a croire, reprit la ministresse, que vous irez bient^ot leur rendre visite.
Le baron s’inclina comme son interlocutrice s’'ecartait de lui, il en profita pour se diriger vers l’entr'ee des salons.
Deux visiteurs dont la silhouette n’avait pas 'echapp'e aux regards perspicaces du ma^itre de maison s’avancaient lentement vers lui.
Naarboveck r'eprima un tressaillement et, interrogea les nouveaux venus :
— Vous ^etes, messieurs, de mes invit'es ?…