Чтение онлайн

ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
Шрифт:

— L’Anglais, rectifia Juve, ce n’est pas lui qui tire, c’est Sonia Danidoff.

— Eh bien, j’aime autant cela, fit Fandor. `A moins d’^etre la fille de Fant^omas, une femme est rarement un tireur de premier ordre.

Mais d'ej`a ils 'etaient loin.

— Pauvre Sonia, pauvre Ellis Marshall, s’'ecria le policier dont la conscience 'etait bourrel'ee de remords, nous venons tout de m^eme de leur jouer un bien sale tour.

— Mais, dites-moi, Juve, sommes-nous sur la bonne route ?

`A la lueur des phares, le policier consulta les bornes :

— Cela va bien, dit Juve, et si nous n’avons pas d’accidents, nous arriverons `a Plogoff dans moins d’une heure.

Apr`es avoir travers'e une r'egion pittoresque et pass'e dans les rues 'etroites d’Audierne, l’automobile, pilot'ee par Fandor, s’'etait engag'ee sur la route aride et d'eserte qui m`ene `a la pointe du Raz.

Juve, au bout de quelques kilom`etres parcourus sur un chemin qui longeait la mer `a quelque distance, apercut l’amorce d’un petit sentier tortueux qui semblait descendre le long d’une falaise.

— Arr^ete, Fandor, dit-il, c’est l`a.

— Jamais, objecta le journaliste, l’automobile ne prendra ce chemin. Si nous nous y aventurons, on chavirera dans les cinq minutes.

— Grosse b^ete, il ne s’agit pas de descendre en voiture, mais bien `a pied. Au surplus, si mes calculs sont exacts et mes ordres ex'ecut'es, nous devons trouver une barque au bas de cette falaise.

— Et l’automobile ? interrogea Fandor…

— L’automobile ? fit Juve, eh bien, laissons-la sur la route, il n’y a pas autre chose `a faire.

— Dommage, murmura Fandor, qui quittait `a regret le volant, elle tournait joliment bien.

— Elle nous a rendu un fier service, car nous n’avons rendez-vous avec le Skobeleff qu’entre une heure et deux heures du matin. Or, il est minuit `a peine.

— Dr^ole de rendez-vous. Enfin, Juve, c’est vous le chef de l’exp'edition, je vous suis comme un caniche. Montrez le chemin ?

Pendant vingt minutes environ, le policier et le journaliste jou`erent aux acrobates.

C’'etait, en effet, vers l’enfer de Plogoff qu’ils se dirigeaient. Lieu sinistre, tombeau de tant d’^etres, emb^uche tendue par la nature aux navigateurs inexperts ou mal renseign'es, vestibule de ce chaos formidable que constitue l’ensemble de la pointe du Raz, derri`ere laquelle, au nord, `a l’oppos'e de l’enfer de Plogoff, se trouve la baie des Tr'epass'es.

Il fallait toute l’adresse merveilleuse de Juve et de Fandor pour s’aventurer de nuit, l`a o`u les ch`evres elles-m^emes h'esitent `a passer le jour.

Juve et Fandor, cependant, parvenaient au pied de la falaise que battaient avec une pr'ecipitation rageuse les lames courtes, toutes couronn'ees de mousse jaune.

Juve poussa un cri de triomphe.

`A demi `a sec sur la gr`eve, une barque `a l’int'erieur de laquelle 'etaient deux avirons. Sur l’ordre formel de la pr'efecture, les douaniers de la c^ote avaient d^u la disposer, ignorant compl`etement `a quel usage les autorit'es la destinaient.

De leurs yeux qui s’'etaient accoutum'es `a l’obscurit'e, Juve et Fandor consid'eraient, un peu interloqu'es, l’ensemble des obstacles qui les entouraient.

De part et d’autre, d’immenses falaises dentel'ees, dans lesquelles le vent qui s’engouffrait r'esonnait avec un bruit sinistre. Puis, c’'etaient par moments des clapotements, comme des cris humains, comme des soupirs que pousseraient des g'eants oppress'es, cependant que de temps `a autre leur succ'edaient des sifflements doux et plaintifs, g'emissements du vent peut-^etre, mais que dans le pays on prend pour le chant des sir`enes.

— Tout cela, fit Fandor, rompant enfin le silence impressionnant, est tr`es pittoresque, mais vraiment ca manque de gaiet'e, et j’estime, Juve, que l’on a bien nomm'e cet endroit en le baptisant du nom d’ « Enfer ». Dante n’aurait pas trouv'e mieux.

— Fandor, interrogea Juve, c’est ici que commence la partie la plus p'erilleuse de notre entreprise, j’ai des scrupules de t’entra^iner, es-tu bien d'ecid'e `a venir ?

— Ah ca ! Juve, fit Fandor de sa bonne voix gouailleuse, est-ce que vous vous fichez de moi ? Vous avez l’intention de faire une promenade en bateau tout seul ?

— Nous risquons le tout pour le tout, dit Juve, tu le sais, Fandor, si nous ne passons pas `a travers ces rochers sans encombre, c’est la noyade assur'ee.

— Mais nous passerons, Juve.

Les deux hommes se turent, mirent la barque `a l’eau. Juve y monta le premier. Fandor s’'elanca ensuite.

`A peine l’embarcation avait-elle pris contact avec l’eau, qu’elle 'etait entra^in'ee par le courant qui la fit tournoyer avec une merveilleuse rapidit'e :

— Luna-Park s’'ecria Fandor.

Mais Juve, cependant, poussait un soupir de satisfaction. Les rochers, que peut-^etre ils n’auraient pas pu 'eviter si, marins inhabiles qu’ils 'etaient, ils avaient dirig'e leur barque, 'etaient d'esormais franchis.

— Vous savez, fit Fandor, que nous l’avons 'echapp'e belle.

— J’te crois, mon petit, d'eclara Juve.

Le policier poussa un

« Ah » de triomphe.

Au risque de la faire chavirer, il s’'etait mis debout dans l’embarcation et d'esignait au loin un point lumineux, 'emergeant d’une masse sombre qui faisait tache sur l’horizon.

— Le Skobeleff, s’'ecria-t-il. Nous sommes exacts au rendez-vous.

Les deux hommes se pr'ecipit`erent sur les avirons pour se rapprocher de la direction dans laquelle venait un grand navire.

— Et alors, Juve ? interrogea Fandor, quel doit ^etre d’apr`es vous, le d'enouement de notre entreprise ?

— Oh, c’est bien simple, conclut le policier. Quand nous serons `a courte distance du Skobeleff, nous nous jetterons `a l’eau, nous chavirerons notre barque et, sur celle-ci renvers'ee, nous nous maintiendrons tant bien que mal, en criant de toutes nos forces pour attirer l’attention de l’homme de vigie. On nous entendra, on nous verra, on nous recueillera comme des naufrag'es que nous serons. Une fois `a bord, on s’expliquera.

Поделиться с друзьями: