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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Il tira de sa poche son portefeuille, y prit la note qu’il avait le matin m^eme trouv'ee dans le dossier 'etiquet'e « Souverains », il la montra `a son compagnon en soulignant d’un trait d’ongle un d'etail probablement essentiel.

Or, M. Havard ne comprenait rien, tout d’abord, `a la manoeuvre de Juve.

— Eh bien, quoi ? faisait-il, un peu nerveux. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est une fiche sur le tsar ? Et ce que vous montrez, c’est le poids du souverain ? Soixante-cinq kilos ? Quelle importance y attachez-vous ?

— Une importance capitale.

— Laquelle, bon Dieu ?

Juve rit de son petit rire 'enervant, le petit rire dont il accompagnait g'en'eralement ses triomphes les plus sensationnels.

— Avec ce renseignement, disait-il, ou je me trompe fort, ou nous allons arr^eter Fant^omas.

Et comme M. Havard le regardait interloqu'e, se prenant `a douter que Juve f^ut dans son bon sens, le policier enfin consentit `a parler un peu plus clairement :

— Voici mon plan, disait Juve, voici ce que je crains. Voici ce que je crois.

Juve, net, pr'ecis, usant de cette concision qui faisait sa force, rappelait `a M. Havard la terrible lutte qui s’'etait livr'ee, entre lui et Fant^omas `a propos du portefeuille rouge.

— Depuis la perte du Skobeleff, dit Juve, nous n’avons pas eu un instant de r'epit. Pas un, si ce n’est `a partir du moment o`u j’ai eu le portefeuille rouge entre les mains, `a partir de la parade d’ex'ecution d’OEil-de-Boeuf qui m’a valu de retrouver le portefeuille.

— Eh bien ?

— Monsieur Havard, apr`es avoir 'et'e trop mal, toutes ces affaires marchent trop bien.

— Ce qui signifie ?

— Ce qui signifie que, pour moi, si Fant^omas ne m’a pas poursuivi, si hier j’ai pu dormir en paix chez moi, rue Bonaparte, si le prince Nikita arrive vivant `a Feignies, c’est que Fant^omas a pr'epar'e quelque coup formidable, c’est qu’il a trouv'e moyen de duper une derni`ere fois le prince Nikita.

— Ah c`a, qu’imaginez-vous donc ?

— Un pi`ege inou"i. Ceci, en deux mots : le prince Nikita ne va pas avoir affaire au tsar, il va se trouver en face de Fant^omas.

`A ces mots, M. Havard, dans le compartiment du rapide, secou'e par la vitesse, se dressa debout, litt'eralement stup'efait :

— Vous ^etes fou, vous ^etes fou. Vous supposez que Fant^omas va prendre la place du tsar ?

— J’en jurerais.

— Une imposture de cette importance est impossible, voyons.

— Tout est possible `a Fant^omas.

— Sans doute, mais…

— Il n’y a pas de

« mais ».

— Enfin, que comptez-vous faire ?

— Peser le tsar.

Et Juve pr'ecisa son plan :

— Le tsar, disait-il, peut avoir un visage, une attitude, une voix, une facon d’^etre. Tout cela, ce n’est rien, tout cela, ce n’est pas suffisant pour l’identifier. Tout cela, si Fant^omas veut s’en donner la peine, il peut l’imiter. Il l’imitera pour duper le prince Nikita, pour duper ceux qui assisteront `a l’entrevue. Mais il y a une chose que Fant^omas ne saurait truquer, pour la bonne raison qu’il n’y pensera pas et cette chose-l`a, c’est son poids. J’ai le poids du tsar et si l’homme qui entretient l'e prince Nikita ne p`ese pas son poids ou `a peu pr`es, c’est que ce n’est pas le tsar.

Juve avait si bien d'efendu sa th'eorie, si nettement d'emontr'e `a M. Havard qu’on pouvait tout craindre de la part de Fant^omas, m^eme cette imposture invraisemblable, que M. Havard s’'etait laiss'e convaincre.

— Vous ferez comme vous l’entendrez, Juve, avait fini par d'eclarer le chef de la S^uret'e. Toutefois, pas de scandale avant que nous ayons une certitude.

Juve, d’un hochement de t^ete, avait rassur'e son chef, puis il avait 'eclat'e de rire :

— D’ailleurs, expliqua-t-il, ce qu’il y a d’amusant, monsieur Havard, c’est que, si r'eellement Fant^omas a pris la place du tsar, non seulement il va ^etre arr^et'e par nous, mais encore il aura 'et'e fort d'esappoint'e par l’invention du prince Nikita. Vous savez que cet officier a d'etruit le document pour en r'eciter le texte au tsar. Il y a gros `a parier que le lieutenant prince Nikita s’adressera au tsar en russe. Fant^omas n’en comprendra pas un tra^itre mot.

***

Quatre-vingt-huit kilos.

Juve, arriv'e `a l’usine de Feignies avant le prince Nikita lui-m^eme, avait merveilleusement endoctrin'e les fr`eres Rosenbaum qu’il devait pourtant, dans la soir'ee, faire si promptement mettre `a la porte par les policiers r'equisitionn'es `a la brigade de gendarmerie voisine.

Gr^ace aux directeurs de l’usine, Juve, en compagnie du chef de la S^uret'e, avait en effet obtenu que l’on trac^at de telle mani`ere le chemin du souverain, que, forc'ement, fatalement, pour 'eviter des obstacles accumul'es `a dessein dans la cour de la cristallerie, le tsar d^ut passer sur une grande bascule de niveau avec le sol, ce qui allait permettre de le peser `a son insu.

Juve, alors, s’'etait tapi dans l’ombre.

Sans un regard pour le tsar, au moment o`u celui-ci passait devant lui, car Juve savait combien Fant^omas, le cas 'ech'eant, pouvait s’^etre habilement grim'e, le policier prit le poids du souverain.

Et c’'etait tandis que le prince Nikita s’entretenait avec l’empereur que le policier, aid'e de M. Havard, avait enfin pu, relever ce poids de

« quatre-vingt-huit kilos », qui 'etablissait p'eremptoirement que ce n’'etait pas le tsar qui 'etait l`a, que c’'etait Fant^omas.

***

— Agissons, disait Juve.

— Agissons, r'ep'etait M. Havard.

Le policier et le chef de la S^uret'e, rapidement, donn`erent des ordres, rassembl`erent autour d’eux les gendarmes, heureusement group'es autour de l’usine, puis encore quelques policiers belges obligeamment mis `a leur disposition par le service de surveillance.

— Nous allons entrer par le corridor, naturellement ? proposa Juve. Deux hommes demeureront ici, dans la cour, guettant la fen^etre du cabinet o`u se trouve l’imposteur. Mais cette fen^etre est grill'ee. Par cons'equent, aucune fuite n’est `a craindre de ce c^ot'e. Pour nous, nous enfoncerons la porte, nous sauterons sur Fant^omas. Peut-^etre est-il arm'e, mais nous sommes plus d’une douzaine. Ma foi, s’il touche deux ou trois d’entre nous, les autres feront le n'ecessaire.

Or, au moment m^eme o`u Juve et le chef de la S^uret'e donnaient ainsi leurs instructions `a la petite troupe de braves gens qui allaient les aider `a tenter la formidable arrestation, il arriva quelque chose que nul n’avait pr'evu.

Dans le silence de l’usine, net, formidable, une d'etonation, la d'etonation d’un revolver.

— Nom de Dieu, cria Juve, Nikita l’a reconnu. C’est certainement Nikita qui a tir'e.

M. Havard, manquant de sang-froid, avait d'ej`a hurl'e :

— En ayant.

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