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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Juve, comme un fou, se pr'ecipita dans la chambre du prince Nikita pour l’'eveiller et lui proposer, avec cette spontan'eit'e dans le d'evouement qui lui 'etait propre, de l’accompagner en personne jusqu’`a la fronti`ere.

Or, Juve n’avait pas ouvert la porte de la chambre dans laquelle il s’attendait `a trouver, dormant encore, le prince Nikita, qu’il recula, saisi de stup'efaction.

Il n’y avait personne dans la pi`ece.

L’officier russe n’'etait plus l`a.

— Mon Dieu, qu’est-ce que cela veut dire ?

Juve, qui passait sur son front, o`u perlait une sueur froide, sa main tremblante, imaginait en une seconde les pires calamit'es.

Heureusement, Juve ne restait pas longtemps sous le coup de son 'etonnement.

Repris par ses habitudes polici`eres, faisant encore une fois appel `a tout son sang-froid, Juve, domptant son 'enervement, p'en'etra dans la pi`ece, courut au lit sur lequel le prince Nikita devait avoir repos'e.

Le lit d'efait t'emoignait que l’officier russe y avait dormi. Juve n’en pouvait douter, le d'epart de l’envoy'e du tsar ne remontait donc qu’`a quelques heures.

— Qu’est-ce que tout cela veut dire ? se r'ep'etait le policier. Il 'etait l`a, il devrait y ^etre, et il n’y est plus.

Juve regardait de tous c^ot'es dans la pi`ece et bient^ot, affol'e plus encore, il se pr'ecipitait vers un petit gu'eridon dispos'e `a c^ot'e du lit et que, tout d’abord, il n’avait pas examin'e.

Sur ce gu'eridon, en pleine lumi`ere, bien en vue, mise l`a pour ^etre apercue de suite, se trouvait une large enveloppe, dont la suscription indiquait :

« Pour vous, monsieur Juve. »

Le policier ouvrit cette lettre myst'erieuse d’un doigt fi'evreux. Mais il en avait tout juste parcouru les premi`eres lignes, que, d'ej`a, un soupir de soulagement s’'echappa de ses l`evres :

— L’animal, qu’il m’a fait peur.

La lettre disait :

Mon cher Juve,

Je vous ai menti hier soir en vous annoncant que j’avais rendez-vous avec le tsar, mon ma^itre, `a onze heures du soir, `a Feignies. En r'ealit'e, je dois rencontrer l’Empereur `a neuf heures, c’est-`a-dire deux heures plus t^ot. Si je prenais l’express du matin, je risquerais d’arriver en retard, et c’est pourquoi, sans attendre plus longtemps, je m’enfuis de chez vous pour prendre le rapide de cinq heures du matin.

N’ayez pas de craintes. Croyez-moi toujours fid`ele `a ce que je sais ^etre mon devoir : je verrai le tsar ce soir, ce soir le tsar conna^itra le document et ce soir encore il n’y aura plus que lui seul `a le conna^itre, s’il juge que cela est utile.

Je vous remercie, mon cher Juve, de ce que vous avez fait pour mon pays et pour l’Empereur `a qui je ne manquerai pas de signaler votre d'evouement et votre habilet'e, et je vous prie de croire `a toute l’amiti'e de votre d'evou'e,

Lieutenant Prince Nikita.

Or, Juve lisait et relisait cette 'etrange missive, absolument furieux.

— Ah, l’animal, r'ep'etait-il, quel imb'ecile il fait. Pourquoi diable, m’a-t-il cont'e qu’il devait voir le tsar `a onze heures si, en r'ealit'e, il a rendez-vous avec lui `a neuf heures ? Il se m'efie donc de moi ? Il s’imagine donc que je vais pr'evenir Fant^omas ? Avec cela qu’en partant seul il s’expose `a bien des m'esaventures.

Juve 'enerv'e, tracass'e, inquiet – il aurait 'et'e bien en peine de dire pourquoi, cependant – finit par se jeter sur un canap'e, et l`a, il relut le billet laiss'e par le prince Nikita.

Mais il fallait qu’en v'erit'e, dans les courtes phrases qu’avait trac'ees pour lui l’envoy'e du tsar, Juve ait d'ecouvert un myst`ere, car bient^ot, le front soucieux, la face contract'ee, il se releva d’un bond, courut `a son bureau fouilla dans ses papiers, cherchant avidement dans un dossier qui portait l’'etiquette

« Souverain ».

Juve, enfin, trouvait la note qu’il d'esirait 'etudier. D’un mouvement brusque il la brandit, puis il la serra dans son portefeuille et alors, pr'ecipitamment, le policier s’habilla.

— J’en aurai le coeur net, gronda Juve. Je ne peux pas laisser les choses aller ainsi. Mon devoir me fait une stricte obligation de m’en occuper jusqu’au bout. Je ne transigerai pas avec ma conscience.

Juve fut bient^ot pr^et `a sortir.

Il d'egringola son escalier quatre `a quatre, h'ela un taxi-auto :

— Chauffeur, conduisez-moi `a la Pr'efecture. Br^ulez les pav'es s’il le faut. Je resterai dix minutes quai de l’Horloge et apr`es vous me conduirez `a la gare du Nord. Faites vite, je vous le r'ep`ete, j’ai un train `a prendre que je ne dois pas manquer. Si jamais vous aviez des contraventions, voici ma carte, je vous les ferai lever.

***

Feignies est une petite ville tranquille et pauvre qui ne doit son importance qu’`a sa situation sur la fronti`ere belge, ce qui lui vaut de poss'eder une gare importante, une gare o`u les rapides, tous, marquent l’arr^et pour les op'erations de la douane. La population, clairsem'ee, habite des maisonnettes de modeste apparence, construites en mat'eriaux noirs qui contribuent `a donner `a Feignies tout entier l’air triste et endeuill'e des villes du Nord et de Belgique.

Feignies est-il belge ou francais ?

La carte r'epond que Feignies est francais, mais, en r'ealit'e, Feignies est tout aussi bien belge.

Si la g'en'eralit'e de l’agglom'eration qui porte ce nom est en effet en dec`a de la ligne fronti`ere, il n’en reste pas moins que de nombreuses maisons, qui tiennent `a Feignies, sont en r'ealit'e au-del`a. On traverse la route et l’on traverse, `a Feignies, en m^eme temps, la ligne th'eorique qui s'epare la France de la Belgique.

Pourquoi 'etait-ce `a Feignies que le tsar, Empereur de toutes les Russies, le plus grand et le plus puissant des souverains peut-^etre, avait donn'e rendez-vous au lieutenant prince Nikita ?

Assur'ement, ce devait ^etre parce qu’`a Feignies, plus qu’ailleurs, l’Empereur de toutes les Russies pouvait esp'erer garder l’incognito. Le lieu de rendez-vous choisi 'etait en effet une usine, une cristallerie, appartenant `a deux nationaux belges, les fr`eres Rosenbaum, agents consulaires de Russie en ce poste fronti`ere. Le tsar pouvait compter se rendre chez ces n'egociants comme un simple particulier et, en simple particulier, rencontrer le lieutenant prince Nikita, recevoir de ses mains le portefeuille rouge.

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