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ЖАНРЫ

L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Quelques instants s’'ecoul`erent, puis enfin l’huissier r'eapparaissait, pr'ec'edant un visiteur que M. Ch^atel-G'erard d'evisageait avec une folle angoisse.

Ce visiteur 'etait le m^eme homme qu’il avait d'ej`a vu chez M. Tissot, c’'etait Juve, et Juve sourit :

— Vous allez bien, monsieur le gouverneur ? s’informait le policier. ^Etes-vous un peu moins inquiet qu’hier ?

Juve, `a cent lieues de soupconner les hypoth`eses que formulait `a son endroit le gouverneur de la Banque, `a cent lieues de penser qu’il le prenait pour Fant^omas, 'etait fort tranquille et comme toujours, tr`es souriant :

— Eh bien, vous semblez encore boulevers'e ?

— Il y a de quoi, r'epondit simplement M. Ch^atel-G'erard.

Et, d’une voix qui tremblait, le gouverneur interrogeait brusquement :

— O`u est la troisi`eme clef, monsieur ?

— Quelle troisi`eme clef ? demanda Juve.

— La clef que je vous ai confi'ee.

`A l’interrogation qui lui 'etait faite, le roi des policiers 'eclata de rire :

— Permettez-moi de m’asseoir, riposta Juve, car nous avons `a causer `a ce sujet.

Juve, tout en parlant, attirait un fauteuil, et s’'etant d'ebarrass'e de son pardessus, s’assit en effet.

— Nous avons `a causer, r'ep'etait-il, car cette troisi`eme clef…

— O`u est-elle, monsieur ?

Or, M. Ch^atel-G'erard parlait sur un tel ton, semblait si violemment 'emu, qu’`a son tour Juve en fut boulevers'e :

— Qu’avez-vous donc, fit-il. Vous avez l’air de me faire subir un interrogatoire ?

M. Ch^atel-G'erard, cependant, se persuadait de plus en plus qu’il avait affaire `a un imposteur, que le Juve qui lui parlait n’'etait pas Juve, mais Fant^omas, et que Fant^omes, usant d’un formidable toupet, allait tenter de le faire

« chanter ».

— Tr^eve de plaisanterie, fit plus rudement encore M. Ch^atel-G'erard. Voulez-vous me r'epondre, oui ou non ? O`u est la troisi`eme clef que je vous ai confi'ee ?

Juve se renversa dans son fauteuil, `a la facon d’un homme qui prend ses aises, et r'epondit la v'erit'e :

— Ma foi je n’en sais rien, monsieur. Vous m’avez confi'e cette clef, c’est exact, mais h'elas, je ne saurai vous dire o`u elle est. On me l’a vol'ee.

Or, Juve n’avait pas achev'e cette d'eclaration, qu’il faisait d’ailleurs avec sa coutumi`ere tranquillit'e, que M. Ch^atel-G'erard brandissait un revolver, le braquait sur le policier en m^eme temps qu’il hurlait `a pleins poumons :

— Au secours ! Au secours !

En m^eme temps, quatre portes s’ouvrirent, quatre hommes en sortirent, tenant des revolvers `a la main, pr^ets `a faire feu, et entourant Juve si rapidement que celui-ci n’eut gu`ere le temps de se reconna^itre.

— On a vol'e la troisi`eme clef, c’est Fant^omas !

`A bout d’'energie, 'epuis'e par les 'emotions qu’il venait de vivre, M. Ch^atel-G'erard ne savait plus que dire cela, et il le r'ep'etait inlassablement. Mais, tandis que le gouverneur de la Banque se lamentait, il arriva que, dans la pi`ece o`u cinq hommes maintenant menacaient Juve de leurs revolvers braqu'es, des 'eclats de rire 'eclat`erent.

Juve et ceux qui s’'etaient pr'ecipit'es sur lui 'etaient pris de fou rire, et cette gaiet'e intempestive 'etait si bizarre que M. Ch^atel-G'erard, ne comprenant plus rien `a ce qui survenait, se taisait subitement. Juve, le premier, retrouva son sang-froid :

— Monsieur, d'eclara le policier en se levant, votre sourici`ere 'etait bien tendue, mais vraiment elle 'etait inutile.

Et Juve serra la main `a l’un de ses agresseurs :

— Monsieur Havard, vous allez bien ?

— Tr`es bien, mon bon Juve.

— Et vous, L'eon et Michel ?

— Tr`es bien, monsieur l’inspecteur.

— Vous voyez, concluait Juve en se tournant vers le gouverneur, qu’il vous faut renoncer `a croire que je suis Fant^omas.

Et Juve riait de plus belle.

M. Ch^atel-G'erard, lui, demeurait grave.

— Mais je deviens fou, murmura-t-il.

Et se tournant vers le chef de la S^uret'e, il interrogeait :

— Monsieur Havard, c’est donc bien Juve, ce n’est pas Fant^omas ?

— Mais naturellement.

— Alors, comment se fait-il… ?

— Du calme, interrompit Juve, je vais tout expliquer.

Le roi des policiers s’assit `a nouveau et, tranquillement, reprit :

— Voyons, monsieur Ch^atel-G'erard, pourquoi diable avez-vous convoqu'e ici M. Havard et mes coll`egues, ces inspecteurs ?

— Mais parce que je doutais de vous, affirma sans sourciller le gouverneur de la Banque.

— Bien. En doutez-vous encore ?

— Non, bien s^ur, et pourtant…

— Et pourtant ?

— Et pourtant, reprenait apr`es une courte h'esitation M. Ch^atel-G'erard, je vous avoue que je ne comprends pas comment, si vous ^etes r'eellement Juve, vous plaisantiez comme vous venez de plaisanter en vous amusant `a me dire que la clef vous a 'et'e vol'ee.

Or, Juve, d’un geste, interrompit le gouverneur :

— Croyez bien, monsieur, faisait-il, que je ne me permettrais pas, en effet, de plaisanter ainsi. Si je vous ai dit que la clef m’a 'et'e vol'ee, c’est qu’elle l’a 'et'e. J’ajoute : heureusement.

Alors la stup'efaction de M. Ch^atel-G'erard atteignit son comble. Il se passa la main sur le front, en homme qui cherche `a se d'efendre contre un vertige effroyable.

— Vous avez l’air content que l’on ait vol'e la clef. Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Rien, affirma Juve.

— Comprenez-vous, monsieur Havard ?

— Non, r'epondait le chef de la S^uret'e. Mais j’ai confiance en Juve.

Et M. Havard ajouta, souriant lui aussi :

— C’est bien Juve, soyez-en persuad'e.

Le gouverneur de la Banque commencait `a se demander s’il n’avait point le cauchemar, s’il n’'etait pas victime d’un r^eve, tant les attitudes des agents de la S^uret'e et de Juve lui paraissaient bizarres, lorsqu’`a nouveau, on frappa `a la porte du cabinet.

— Il est dix heures et demie, remarqua Juve tranquillement, cependant que, de son c^ot'e, M. Ch^atel-G'erard ordonnait :

— Entrez !

L’huissier qui avait introduit Juve fit de nouveau son apparition.

— Monsieur le gouverneur, d'eclara cet homme, on vient de faire porter ce petit paquet en priant de vous le remettre d’urgence. Il para^it que c’est excessivement press'e.

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