Чтение онлайн

ЖАНРЫ

L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
Шрифт:

— M. Chatriot ? interrogea Dick, qu’est-ce que c’est que cela ?

— Mais c’est vous.

— C’est moi ?

— Dame, sans doute.

Cette fois, Dick crut comprendre, sa fureur se calma :

— Voyons, reprenait-il, un peu plus de calme, comment dites-vous que je m’appelle ?

— Vous vous nommez, je suppose, Dick Chatriot… M. Dick Chatriot et je suis ici au 218 de la rue des Batignolles.

— Voil`a l’explication. Vous n’^etes pas au 218 de la rue des Batignolles, vous ^etes au 218 bis. et je ne me nomme pas Dick Chatriot, mais Dick seulement. Dick tout court. Dick, comme un chien.

Et laissant l`a l’huissier, au milieu de ses paperasses qui voltigeaient sur le palier, l’acteur traversa son antichambre en criant :

— Arrangez-vous, d’ailleurs, avec ma concierge. Moi je suis press'e ! Ah bon sang de bon sang, si j’ai la poisse ce soir tout de m^eme. J’aurai donc tout contre moi.

Dick s’empara, sur une chaise, d’un grand sac tout pr'epar'e.

— L’entracte sera fini, ronchonnait-il, et m^eme j’aurai de la veine si je n’arrive pas apr`es la romance. Tant pis, je vais me d'eshabiller dans mon fiacre et passer mon costume. Ah bon sang de bon sang, cet huissier !

Il claqua la porte de son logement, enjamba Me Hussin qui, `a genoux, cherchait en t^atonnant sur le palier ses ordonnances voltigeantes, puis il d'egringola ses quatre 'etages. Rue des Batignolles, apr`es tant de d'eveine, Dick eut la chance d’apercevoir un taxi-auto :

— Eh l`a-bas, au Th'e^atre Ornano, et ventre `a terre.

— J’ai pas de cheval, bourgeois.

— Marchez donc.

Il s’enfourna dans le fiacre, il claqua les porti`eres, leva les vitres, abaissa les rideaux bleus.

— Quel malheur, quel malheur, hurlait Dick. Si je peux enfiler mon costume, il n’y aura peut-^etre encore rien de perdu, mais sapristi…

`A ce moment, Dick se d'ebarrassait de son pantalon, enlevait ses chaussettes, son calecon, et `a peu pr`es nu, s’appr^etait `a enfiler les v^etements qui devaient lui servir au th'e^atre `a tenir son r^ole.

Le malheureux jeune homme devait conna^itre toutes les adversit'es.

Sa voiture, `a ce moment, effectuait un virage rapide. Dick ne se rendit compte de rien. Un choc 'epouvantable retentit. Dick crut que son fiacre allait voler en 'eclats.

En tout cas, cependant qu’il s’aplatissait contre les porti`eres, la voiture versait, tournait sur elle-m^eme et il y eut des cris. 'Etourdi par le choc, Dick alors demeura dans le taxi-auto renvers'e, quelques instants immobile, ne sachant plus trop ce qui lui 'etait arriv'e. Puis, au-dessus de sa t^ete, la porti`ere s’ouvrit :

— S’il y avait quelqu’un dedans, disait une voix, bien s^ur qu’il doit ^etre tu'e.

Dick apercut dans le demi-jour d’un r'everb`ere voisin, le k'epi galonn'e d’un sergent de ville :

— Je ne suis pas tu'e, murmura-t-il, mais tout de m^eme.

Au m^eme moment, l’agent qui avait ouvert la porti`ere, ordonna d’une voix formidable :

— Que les dames s’en aillent, que les dames s’en aillent !

Dick cependant se redressait. Il essayait de se d'egager de la voiture, il allait se hisser par la porti`ere, sur la voie publique.

— Ne bougez pas ordonna la m^eme voix imp'erative. Ah, ah, mon gaillard ! Qu’est-ce que vous faisiez tout nu dans ce fiacre ? Expliquez voir un peu.

Dick s’attendait si peu `a la question qu’il resta quelques secondes sans r'epondre puis, voyant toujours la figure s'ev`ere du sergent de ville pench'ee au-dessus du fiacre culbut'e, voyant m^eme surgir un second k'epi d’agent, il comprit qu’il importait de fournir des 'eclaircissements `a sa tenue, en effet, bizarre.

— Je suis acteur, commencait-il, je me pr'eparais `a entrer en sc`ene.

— Dans une voiture ?

— Je me rendais `a mon th'e^atre.

— Tout nu ?

— Mais non, sapristi, vous voyez bien que j’ai un autre costume ! Laissez-moi sortir d’abord. Si vous croyez que je suis bien l`a-dedans.

Mais au moment o`u, pour la seconde fois, Dick tentait de s’extraire de son sapin, la poigne d’un agent se posa sur son 'epaule, et le repoussa de force `a l’int'erieur de la voiture.

— C’est bon, c’est bon, d'eclarait le repr'esentant de l’autorit'e, on les conna^it les gaillards de votre esp`ece, qui se d'eshabillent dans les voitures de place. Ah, votre affaire est claire, mon bonhomme !

— Mon affaire est claire ? interrogea Dick, mais puisque je vous dis…

— Habillez-vous et au poste !

— Au poste ? vous n’y pensez pas ?

L’agent d'edaigna de r'epondre. Il se tourna vers son coll`egue :

— R'equisitionne un fiacre, commanda-t-il, c’est un d'ego^utant. Si nous le sortons comme ca, il va faire du scandale.

En entendant cet ordre net et pr'ecis, Dick ne put s’emp^echer naturellement d’'eclater de rire :

— Mais non, agent, protestait-il, je ne suis pas un d'ego^utant, laissez-moi m’habiller et allons au poste, seulement par piti'e, arr^etez un taxi-auto, je suis `a la minute.

Si Dick avait r'efl'echi cependant, il se serait peut-^etre rendu compte qu’apr`es les multiples incidents qui avaient marqu'e sa soir'ee, il n’'etait plus en r'ealit'e `a la minute, car l’heure `a laquelle il devait arriver au th'e^atre 'etait pass'ee depuis longtemps.

Mais il ne r'efl'echissait plus. Il 'etait dans un tel 'etat d’'enervement qu’il continuait, sans songer que c’'etait bien inutile, `a vouloir rejoindre son th'e^atre, le plus rapidement possible.

— Je m’habille, annonca Dick.

Et, toujours pour gagner du temps, il commenca `a rev^etir non pas ses habits ordinaires, mais ses habits de sc`ene. Quelques instants plus tard, Dick avait en effet rev^etu ses habits, mais alors, les agents recul`erent de stup'efaction, ils avaient devant eux un homme v^etu d’une culotte collante, de bas de soie, les 'epaules recouvertes d’une sorte de chemise rouge, b^aillant sur la poitrine, la t^ete coiff'ee d’un bonnet phrygien, orn'e d’une cocarde gigantesque.

Du fiacre renvers'e, `a l’'ebahissement de la populace, c’est un contemporain de la R'evolution Francaise qui sortait.

Поделиться с друзьями: