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ЖАНРЫ

L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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H'el`ene intrigu'ee, mais courageuse, serrait les poings. Quelques secondes pass`erent, angoissantes, les pas se rapproch`erent. Les deux femmes haletaient.

La porte lentement s’ouvrit avec un bruit sec et net, la serrure qui ne tenait que par une ou deux vis tomba sur le plancher, puis, sortant de l’ombre pour se pr'eciser en pleine lumi`ere, la silhouette d’un homme apparut :

Mais `a peine l’individu 'etait-il entr'e dans la pi`ece que la fille de Fant^omas poussa une exclamation :

— Le Bedeau, s’'ecria-t-elle.

Et, cependant que Blanche ne comprenait pas et reculait instinctivement `a l’extr'emit'e oppos'ee de la pi`ece, la fille de Fant^omas voyait s’ouvrir devant elle des horizons nouveaux, rien que par la pr'esence de cet homme. C’'etait en effet le Bedeau qu’elle avait devant elle, le Bedeau, l’un des plus redoutables apaches, l’un des ^etres les plus brutaux et les plus f'eroces du monde, des bouges et des souteneurs. Le Bedeau 'etait un personnage cruel et n'efaste qu’H'el`ene ne pouvait voir appara^itre devant elle sans ira serrement de coeur, car, cette apparition 'evoquait en elle toute une s'erie de souvenirs, de drames, de tragiques 'ev'enements, auxquels se m^elait toujours le souvenir de son p`ere, de Fant^omas qui, dans de si fr'equentes circonstances, s’'etait trouv'e `a la t^ete de bandes de criminels dont le Bedeau avait toujours 'et'e l’un des plus acharn'es.

L’apache cependant 'etait demeur'e stup'efait en pr'esence d’H'el`ene. Lui aussi la reconnaissait et la saluait d’un surnom que, quelques mois auparavant, on avait donn'e `a la jeune fille, dans le quartier de Belleville qu’elle habitait alors :

— La Gu^epe, murmura-t-il, comment se fait-il que tu sois-l`a ?

Blanche Perrier, p^ale comme un linge, venait d’assister `a cette sc`ene de reconnaissance, elle interrogea d’un ton alarm'e :

— Vous vous connaissez donc ?

— Oui, nous nous connaissons.

Mais H'el`ene ne pr'ecisa pas et, se tournant vers le Bedeau, avec cet air d’autorit'e hautaine qu’elle savait prendre `a l’occasion et qui lui permettait de dissimuler, sous une apparence d’indiff'erence, ses plus grandes appr'ehensions, elle interrogea :

— Que fais-tu ici toi-m^eme le Bedeau ? que nous veux-tu ?

— 'Ecoute, la Gu^epe, tu n’es pas une mauvaise fille, quoi qu’on ait dit sur toi, je sais d’ailleurs qui tu es et qu’on peut te confier un secret. Je n’aurais pas d^u me montrer, je suis mont'e ici parce que j’ai eu peur.

— Peur ? tu as eu pour toi, le Bedeau ?

— J’ai eu peur, poursuivit l’homme, qui, instinctivement se retournait et devint d’une p^aleur livide.

« Voil`a, fit-il, je vais te dire toute la v'erit'e. Je suis ici le gardien de cette femme – et le Bedeau d'esignait Blanche – et j’ai l’ordre formel de ne pas me montrer, de ne pas laisser soupconner ma pr'esence. La Gu^epe, supplia-t-il presque, tu ne diras `a personne, n’est-ce pas, que j’ai d'esob'ei, que je me suis fait voir ?

H'el`ene leva la main :

— Je te le promets, dit-elle, mais explique-nous pourquoi tu as enfreint la d'efense qui t’'etait faite ?

— 'Ecoute, dit-il, je n’ai pas peur des vivants, certes, depuis que j’ai 'et'e si terriblement bless'e, si pr`es de la mort, que j’ai 'evit'ee gr^ace `a tes soins, j’ai quelque peu perdu de ma vigueur physique, mais je suis encore robuste et courageux, donc, je n’ai pas peur des vivants, mais les morts me terrifient. Or j’en ai vu, j’en ai vu.

— Quand cela ?

— Cette nuit. Depuis que je suis ici, je vis constamment dans les sous-sols, dans les caves, alors comme je m’ennuie parfois, tu comprends, je fouille un peu de tous les c^ot'es. Je sais que nous sommes ici dans une vieille demeure, un ancien couvent. Les religieux, ce sont des gens riches et j’ai pens'e que peut-^etre, en s’en allant, ils avaient oubli'e d’emporter des objets de valeur. En visitant les souterrains de cet immeuble, j’ai d'ecouvert qu’ils 'etaient immenses, qu’ils se prolongeaient sous la maison, sous le parc et, cette nuit, guid'e par je ne sais quel pressentiment je me suis engag'e dans l’un d’eux. Je l’ai suivi, explor'e, or figure-toi qu’`a un moment donn'e l’espoir insens'e que je formais s’est r'ealis'e, crois-tu la Gu^epe, que j’ai trouv'e, dissimul'e, enfoui dans le sol, un tr'esor, un v'eritable, oui, j’en suis s^ur, il y a l`a des mille et des cents enferm'es dans une vieille cassette, dans un coffret de fer.

« Mais cet argent je n’ai pas pu m’en emparer, parce que, vois-tu, au moment o`u j’allais creuser, j’ai vu dans le lointain quelque chose qui passait, un revenant, un fant^ome, c’'etait une forme blanche qui glissait, rasant les parois du souterrain, il avait une chandelle allum'ee qui 'eclairait, ses yeux brillaient, sa langue 'etait de feu.

— Tu es compl`etement fou, dit-elle s'ev`erement, on ne raconte pas des sornettes pareilles `a des personnes s'erieuses.

— Je te jure, la Gu^epe, que j’ai vu, comme je te vois, ce revenant. Ah, je t’assure, c’'etait 'epouvantable, terrifiant, si bien que je n’ai pas os'e rester, je suis parti.

Et le Bedeau, soudain s’interrompit. Son regard venait de s’arr^eter sur la pendule qui ornait la chemin'ee :

— Trois heures, dit-il, il est d'ej`a trois heures du matin ?

— Oui, pourquoi ? fit H'el`ene.

— Parce que, d'eclara l’apache, c’est l’heure de ma ronde autour de la propri'et'e, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, il faut que je la fasse, je suis contr^ol'e chaque nuit et les ordres que j’ai recus sont formels. Si j’y manque une seule fois, j’attire sur ma t^ete les repr'esailles les plus terribles.

Le Bedeau fit mine de partir, malgr'e sa terreur de l’obscurit'e, il allait s’enfoncer dans l’ombre. H'el`ene le rappela :

— Le Bedeau.

— Qu’y a-t-il ?

— Un dernier mot. Pour le compte de qui agis-tu ici ? quel est ton ma^itre ? qui t’a institu'e gardien de Blanche Perrier ?

— Nous le connaissons mieux que le Diable, toi et moi, la Gu^epe. T’as compris ?

La jeune fille hocha la t^ete, en palissant.

Le Bedeau se retira. Il 'etait `a peine sorti que Blanche Perrier qui avait assist'e `a ce dialogue 'etrange sans y comprendre grand-chose, se pr'ecipitait vers son amie.

— Puisque tu connais cet homme, sugg'era-t-elle, t^ache d’obtenir de lui qu’il nous lib`ere. Plus je reste ici et plus je me sens devenir folle, je mourrai de peur.

— Rien `a faire avec cet homme-l`a. Le Bedeau est l’^etre le plus l^ache et le plus redoutable `a la fois qu’il soit au monde. Par peur, il est capable de tout et ne sert r'eellement les int'er^ets que d’un seul homme, celui qui l’a terrifi'e et qui le terrifie toujours.

— Quel est donc cet homme ?

H'el`ene ne dit rien.

La jeune fille songeait `a l’histoire extraordinaire que le Bedeau lui avait rapport'ee quelques instants auparavant. Que signifiait cette d'ecouverte de tr'esor dissimul'e dans ce souterrain et le fant^ome, venant plonger dans le plus profond 'emoi l’homme cruel, brutal, sans doute, mais primitif aussi qu’'etait le sinistre Bedeau ? Et un d'esir insurmontable, immense, pressant, de savoir, s’empara de la jeune fille :

— Que fais-tu ? interrogea Blanche en voyant H'el`ene se diriger vers la porte, o`u vas-tu ?

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