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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Le myst'erieux client de Jos'e Farina 'ecoutait avec attention ces explications. Lorsqu’il fut renseign'e, il renvoya d'efinitivement l’aubergiste.

Le couple 'etait d'esormais seul dans le petit salon. L’homme et la femme enlev`erent leurs manteaux, se montr`erent l’un `a l’autre sous la lumi`ere crue de l’'electricit'e ; c’'etaient deux tragiques figures que celles de ces deux ^etres : l’homme 'etait Fant^omas et la femme, lady Beltham, sa ma^itresse.

Fant^omas avait au front un pli soucieux.

— Madame, dit-il enfin, je ne comprends rien `a votre attitude : vous savez que, pour le moment, j’ai besoin d’argent, nous avions une excellente occasion de nous en procurer et c’est pourquoi j’ai, au p'eril de ma vie, cambriol'e le coffre-fort de l’Imp'erial H^otel. Vous 'etiez `a ce moment voyageuse, c’est-`a-dire cliente de cet h^otel, vous auriez d^u faire comme les autres, pr'etendre que les bijoux que vous aviez confi'es `a la caisse 'etaient d’une grande valeur, vous en auriez obtenu le remboursement, ces gens-l`a consentent `a tout, pr'ef`erent tout au scandale.

— Non, s’il est entre nous des liens d’amour et de sang qui font que nous sommes indissolublement li'es, unis l’un `a l’autre, il ne s’ensuit pas que je doive me faire la complice de vos crimes. Jamais vous ne me contraindrez `a commettre des ignominies telles que celles que vous me conseillez encore, que vous d'eplorez que je n’aie point commises. Non, non, voler, mentir, ce sont l`a des choses au-dessus de mes forces, je suis d’un sang, d’une race…

— Soit, n’en parlons plus.

Il grommelait d’ailleurs, avec un 'enigmatique sourire :

— Vous pensez bien que je ne comptais pas sur votre collaboration et que j’ai pris mes pr'ecautions. L’argent que je veux, je l’aurai, je vais m^eme l’avoir dans un instant. Si seulement vous aviez voulu, murmura-t-il, ^etre non seulement la ma^itresse exquise, id'eale, charmante que vous ^etes, mais encore l’associ'ee, la collaboratrice que j’aurais tant voulu vous voir devenir, nous aurions accompli ensemble des exploits surprenants.

— N’insistez pas, murmura lady Beltham, vous savez bien que malgr'e tout l’amour que j’'eprouve pour vous, h'elas, amour dont j’ai maintes fois cherch'e `a me gu'erir, je ne puis passer outre `a mes remords.

— En somme, vous ne serez jamais digne de moi, lady Beltham.

— Dites, qu’il me serait difficile, impossible de m’abaisser jusqu’`a vous.

— Madame, d'eclara-t-il, je sais que vous ^etes la femme des grands d'evouements, c’est pourquoi j’ai compt'e sur vous pour rendre service cette nuit, non pas tant `a votre amant dont le sort vous int'eresse peu, mais `a l’humanit'e, `a une grande portion tout au moins de l’humanit'e, je veux dire aux navigateurs.

— Que signifie ?

Fant^omas, ayant consult'e sa montre, manifestait une certaine impatience :

— Je vous ai dit d'ej`a ce dont il s’agissait, vous m’avez promis votre concours et je sais que vous n’avez qu’une parole. Allons, Madame, il faut aller rejoindre le poste que je vous ai assign'e.

— Que vais-je y voir, Fant^omas ? Que va-t-il s’y passer ?

— Rien, Madame, rien qui puisse blesser votre conscience, mais des choses, au contraire, o`u votre g'en'ereuse initiative aura tout lieu de s’exercer. Partez, je vous en conjure, et n’insistez pas. Sous aucun pr'etexte ne n'egligez la mission de confiance que celui qui vous aime plus que tout au monde, a d'ecid'e de vous confier. Allez et que Dieu vous garde.

Fant^omas, profitant des indications de Jos'e Farina, avait fait manoeuvrer la porte secr`ete perc'ee dans la muraille. Elle s’ouvrait sur l’obscurit'e sombre de la nuit. Une bouff'ee d’air froid p'en'etra dans la pi`ece. Lady Beltham frissonna. Instinctivement, elle ramena sur ses superbes 'epaules le grand manteau de laine, d'epouill'e depuis quelques instants.

C’'etait d'esormais au tour de la grande dame d’affecter une attitude humble et soumise. Fant^omas s’'etait approch'e d’elle, les deux amants longuement s’'etreignirent et ces effusions de tendresse de la part du bandit 'etaient si rares, mais si douces, que sa ma^itresse sentit son coeur se fondre, qu’un sanglot d’amour frissonna dans sa gorge.

— Lady Beltham, murmura Fant^omas, je vous aime.

Lentement, doucement, le bandit reconduisit sa ma^itresse hors de la maison. Il fouilla de son regard percant la ruelle obscure. Une ombre r^odait par l`a. Fant^omas siffla : quelqu’un arriva aussit^ot.

— Conduis lady Beltham, murmura Fant^omas `a celui qui 'etait accouru `a ce signal, l`a o`u tu sais.

Une derni`ere fois le bandit prit cong'e de sa ma^itresse :

— Avec le vent qu’il fait, d'eclara-t-il, vous en avez pour un quart d’heure `a peine. La mer est dure, je le sais, mais je sais aussi que vous ^etes vaillante.

Cependant que Fant^omas faisait ainsi partir lady Beltham vers une destination myst'erieuse, dans la salle commune du cabaret, on buvait ferme. On faisait grand tapage. Une troupe d’Espagnols 'etait venue s’installer autour d’une table et faisait force libations. C’'etaient, croyait-on des contrebandiers descendus de la montagne et qui, sans doute, avaient r'eussi quelque bonne exp'edition, car ils 'etaient joyeux et paraissaient cousus d’or.

Un homme, assis dans un groupe de marins, d'eclarait avec autorit'e :

— J’parie bien un verre que c`a finira mal pour ces gaillards-l`a, ils font trop de tapage et la police leur tombera sur le dos, ce qui est toujours mauvais lorsqu’on fait de la contrebande.

Il s’arr^eta net. Comme pour confirmer ses appr'ehensions, l’homme avait d'esign'e du doigt un personnage entrant dans l’auberge.

C’'etait un homme ventripotent et chauve, l’air d’un ouvrier endimanch'e et portant quarante-cinq ans environ. Il avisa une petite table disponible et murmura `a mi-voix des choses auxquelles nul ne faisait attention.

Toutefois, lorsque Jos'e Farina s’approcha de lui, il entendit que cet homme disait :

— De sous terre, je sors de sous terre…

Jos'e Farina s’arr^eta de verser la consommation command'ee par l’individu. Il se pencha `a son oreille :

— On t’attend, fit-il, dans le petit salon, viens avec moi.

L’inconnu suivit Jos'e Farina. Deux secondes plus tard, son d'epart de la salle commune ayant pass'e compl`etement inapercu, il se trouvait dans la pi`ece o`u, quelques instants auparavant, se tenaient Fant^omas et sa ma^itresse.

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