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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Fant^omas ne broncha point. Il attendit que la porte fut referm'ee, mais sit^ot que le sinistre bandit s’assura qu’il 'etait seul et sans t'emoins avec le nouveau venu, il se d'epartit de son attitude impassible :

— Eh bien, le Bedeau, fit-il, te voil`a enfin. Mets-les sur la table.

— Quoi ?

— Eh bien, les vingt-cinq mille francs de Fargeaux.

Le Bedeau, car c’'etait lui qui se trouvait en face du redoutable Ma^itre de l’Effroi, hocha douloureusement la t^ete :

— Non.

— Pourquoi ? cria Fant^omas, Fargeaux n’est-il donc pas venu ? N’as-tu point ex'ecut'e mes instructions ?

D'ej`a les yeux de Fant^omas devenaient farouches et sa main, nerveusement, caressait, dans sa poche, le manche de son poignard.

Le Bedeau devint bl^eme :

— Ne te f^ache pas, Fant^omas, supplia-t-il, mais 'ecoute plut^ot ce qui s’est pass'e.

— Parle, fit Fant^omas, faisant de prodigieux efforts pour rester calme, pour ma^itriser son impatience.

— Donc, d'eclara le Bedeau, j’ai fait comme tu l’avais ordonn'e, j’ai 'et'e me cacher dans l’'egout avec le petit paquet, autrement dit l’'eclat d’obus que je devais donner au particulier, en 'echange de ses vingt-cinq mille balles. Je reste donc dans l’'egout une bonne demi-heure, peut-^etre plus, mettons trente-cinq minutes.

— Au fait.

— L`a, l`a, ne te f^ache pas, Fant^omas, tout ca n’est pas de ma faute ! Tout d’un coup, dans le silence de la nuit, j’entends des pas au-dessus de ma t^ete et je comprends que puisque je suis dans l’'egout, c’est que quelqu’un marche sur le trottoir de la rue. Je me dis : c’est Fargeaux. C’'etait l’heure, en effet, du rendez-vous ; d`es lors, je m’appr^ete `a lui passer par la bouche de l’'egout le petit paquet en 'echange des billets de mille, mais `a ce moment-l`a, Fant^omas, j’ai foutu le camp.

— Triple imb'ecile, hurla le bandit.

— Peut-^etre, poursuivit le Bedeau, n’importe qui en aurait fait autant et peut-^etre toi-m^eme.

— Pourquoi as-tu fui ?

— Parce que, 'eclata le Bedeau, la m`eche 'etait 'event'ee, quelqu’un avait devin'e le truc, toujours est-il qu’il y avait du monde dans l’'egout et que je n’ai eu que le temps de d'eguerpir en abandonnant l`a le paquet, destin'e au d'enomm'e Fargeaux.

Fant^omas serrait les poings, s’exasp'erait contre la l^achet'e du Bedeau :

— Il fallait r'esister, grommela-t-il, attaquer au besoin, te d'efendre en tout cas.

— Non, non, Fant^omas, j’ai agi de mon mieux, bouscul'e l’obstacle et voil`a tout, c’est d'ej`a bien. Si j’avais imagin'e de faire le malin, `a l’heure qu’il est tu ne me verrais pas et tu serais en train de te ronger tes sangs `a te demander ce que je suis devenu. Car celui, Fant^omas, qui 'etait `a mes trousses, celui qui un instant courut apr`es moi dans l’'egout et que par un bonheur extr^eme, je suis parvenu `a d'epister, cet homme-l`a, c’'etait Juve.

Fant^omas avait l’habitude des 'ev'enements les plus inattendus et des r'ev'elations les plus tragiques, toutefois il ne put retenir un mouvement de d'epit, un juron de col`ere.

Juve avait-il donc d'ecouvert ce qu’il manigancait ? Juve 'etait-il donc sur ses trousses et si pr`es de lui qu’il avait failli atteindre le Bedeau ?

— Nom de Dieu ! jura Fant^omas.

Le bandit s’arr^eta net. Quelqu’un frappait `a coups redoubl'es de l’autre c^ot'e de la porte secr`ete, quelqu’un semblait taper dans la muraille.

Les deux hommes se regard`erent interdits. Le Bedeau hasarda :

— Il m’a peut-^etre suivi.

Le Bedeau sentait son coeur battre `a rompre dans sa poitrine, mais cette 'emotion fut de courte dur'ee. Le Bedeau reconnut en effet la voix d’un des apaches de la bande : celle de B'eb'e.

C’'etait, en effet, B'eb'e qui survenait. Fant^omas, brutalement, l’apostropha ;

— Tu sais, fit-il, que je n’aime pas `a ^etre d'erang'e, de quel droit t’es-tu permis de venir frapper `a cette porte ?

B'eb'e, baissant la t^ete respectueusement, s’expliqua. Il 'etait encore tout essouffl'e de la course qu’il venait de faire, il haletait `a chaque mot :

— Vous pensez si j’ai caval'e, il n’y a pas plus de vingt-cinq minutes que je me suis d'ebin'e avec la dame que vous m’avez recommand'ee.

— Est-elle bien arriv'ee l`a-bas ? demanda Fant^omas…

— Tout ce qu’il y a de bien, r'epliqua B'eb'e, mais sacr'e bon Dieu, que la mer 'etait dure.

— L`a n’est pas la question, fit Fant^omas, qu’avais-tu besoin de revenir puisque la besogne s’est accomplie normalement ? Tu sais que je n’aime pas les raseurs et encore moins les gens qui cherchent `a se faire valoir.

— Patron, fit-il, si je vous ai d'erang'e, c’est que j’ai cru bien faire. Et voil`a pourquoi : au retour de l`a-bas, je m’am`ene, comme de juste, dans la t^ole de Jos'e Farina, histoire de prendre un verre pour me r'echauffer l’int'erieur. Je rapplique dans un groupe d’aminches, de matelots, des types du port, quoi, et parmi ceux-ci, je trouve qui ? je vous le demande ?

— Imb'ecile, c’est `a toi de le dire.

— Eh bien, je trouve Domenico, le gardien du phare, le deuxi`eme gardien, celui dont la semaine commence pr'ecis'ement ce soir, `a minuit.

— Alors ? fit Fant^omas.

— Alors, j’entends le type qui d'egoisait aux copains :

« C’est pas tout ca, mes amis, mais l’heure est l’heure et le service est le service, je dois ^etre avant minuit `a mon poste et quoi qu’il arrive, j’y serai, n’essayez pas de me retenir, il n’y a rien `a faire. »

— Domenico a dit cela ?

— Oui, fit B'eb'e, et c’est pour cela qu’en l’entendant faire cette d'eclaration de principe, je me suis esbign'e de la grande salle et j’suis venu frapper `a la lourde de ta carr'ee pour te pr'evenir du macaroni.

— Cet imb'ecile de Domenico, quel ^ane b^at'e, quelle buse.

L’attitude du gardien du phare, que venait de lui rapporter B'eb'e, menacait en effet de contrecarrer tous les projets du sinistre bandit. Depuis quatre jours, Fant^omas et ses hommes s’occupaient `a cuisiner ce gardien de phare, afin d’obtenir de lui qu’il n’all^at pas rejoindre son poste ce soir-l`a.

Fant^omas, en effet, avait persuad'e Domenico que son coll`egue d'esirait rester une semaine de plus et que Domenico le remplacerait ensuite pendant quinze jours cons'ecutifs. Fant^omas s’'etait ing'eni'e `a trouver `a cela des explications vraisemblables, et pensait avoir persuad'e Domenico de ne point partir pour le phare qui commandait l’embouchure de l’Adour.

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