Чтение онлайн

ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
Шрифт:

— Vous, Monsieur Backefelder ? Ah c`a, mais je deviens fou. Que diable faites-vous ici ?

L’Am'ericain haussa les 'epaules :

— Je me distrais, r'epondit-il. J’essaye de me distraire. Je cherche des 'emotions. Je suis trop riche. Monsieur Juve, j’ai trop souvent le spleen.

Tout en parlant, Backefelder, – car c’'etait bien lui, Juve devait parfaitement reconna^itre le flegmatique yankee qu’il avait 'et'e jadis chercher au Havre apr`es un vol commis par Fant^omas, – s’approcha du cadavre de Timol'eon Fargeaux, se pencha vers lui.

Backefelder poursuivit :

— Cet homme est mort. Vraiment, c’est dommage. Et je ne suis pas content d’^etre m^el'e `a cette aventure. Je le dirai `a Fant^omas.

Ce calme, pourtant, d'epassait la mesure. Et Juve, d’abord, 'etait si stup'efait, qu’il n’avait plus exactement compris ce qu’il convenait de faire, mais il retrouva son sang-froid habituel pour protester, pour bondir `a nouveau vers Backefelder, qu’il saisit par le bras :

— Monsieur, criait Juve, il y a des plaisanteries qu’il ne faut pas faire et qui co^utent tr`es cher. Vous vous plaindrez `a Fant^omas ? Hum, ce n’est pas certain. En attendant, moi, je vous arr^ete et je vous somme de me dire comment vous ^etes ici, pourquoi vous y ^etes et ce que vous ^etes venu faire ?

Juve 'etait fort en col`ere. Backefelder, lui, conservait son imperturbable flegme :

— Une cigarette ? proposa-t-il. Non ? Vous avez tort, Monsieur Juve, mes cigarettes sont excellentes. Ah, vous voulez causer, eh bien, causons. Pourquoi je suis ici ? Voil`a : j’ai des millions, je m’ennuie. Rappelez-vous, il y a six mois, je suis venu vous voir `a la Pr'efecture de police, et je vous ai dit :

« V'eritablement, vos histoires avec le nomm'e Fant^omas, vos aventures enfin, sont d'elicieusement int'eressantes. Je vous offre cinq cent mille francs si vous me laissez vous accompagner partout et assister `a toutes vos d'emarches. Vous vous rappelez, Monsieur Juve ? et vous vous rappelez aussi ce que vous m’avez r'epondu ? »

— Parfaitement, je vous ai envoy'e promener.

— Exactement, en effet. Donc, ne pouvant m’allier avec vous, je me suis arrang'e pour rencontrer Fant^omas. Je lui ai tenu le m^eme langage qu’`a vous. Je lui ai donn'e cinq cent mille francs et il m’a mis au courant de tout ce qu’il faisait. Oh, ne vous y trompez pas, Monsieur Juve, je ne suis pas devenu un bandit. J’ai bien pr'evenu Fant^omas que je voulais seulement ^etre un t'emoin. ^Etre `a m^eme, en somme, de me distraire. J’ai dit `a Fant^omas :

« Tant que je serai avec vous, vous n’aurez rien `a craindre de moi. Je vous servirai avec d'evouement, sans pourtant voler ou tuer. Mais en m^eme temps, je l’ai pr'evenu que le jour o`u je tomberais entre vos mains, `a vous, Juve, je me mettrais `a votre disposition. Oh, ne vous y trompez pas non plus, je ne veux pas devenir policier. Ce n’est pas mon affaire. Mais, apr`es avoir v'ecu dans le camp du Bandit, je trouve tr`es plaisant de vivre dans le camp de la Police. Voulez-vous que je sois t'emoin avec vous ? »

— Monsieur, r'epondit Juve, je vous crois, mais il y a quelque chose que vous ne m’expliquez pas. Qu’^etes-vous venu faire ici ?

— Attendez, r'epondait flegmatiquement Backefelder… Il faut me laisser le temps de vous expliquer. Mes conventions faites avec Fant^omas, j’ai d'ej`a assist'e `a pas mal de choses int'eressantes. Hier, j’'etais avec lui et il m’a dit : « Voulez-vous voir une aventure curieuse ? Allez donc au ch^ateau de Garros, faites asseoir Timol'eon Fargeaux `a trois heures vingt-sept exactement devant la fen^etre de sa chambre, je vous garantis que vous verrez alors, et dans ces conditions, une aventure stup'efiante. » Monsieur Juve, je suis venu, je peux dire que j’ai vu, mais je ne vous cache pas que je suis peu satisfait. En fait, Fant^omas m’a amen'e `a causer la mort de ce pauvre Monsieur. Je n’y suis pour rien, car je ne savais pas. Mais cependant, c’est fort d'esobligeant.

Backefelder se leva pour secouer sur le marbre de la chemin'ee la cendre de sa cigarette, il revint s’asseoir devant Juve, et toujours tranquillement, interrogea :

— Enfin, ce qui est, est et nous n’y pouvons rien. Qu’allez-vous faire. Monsieur Juve ?

— D’abord, je vais vous arr^eter, parce que c’est mon devoir. Je vais vous enfermer ici, dans une cave, o`u je verrai `a venir vous chercher un peu plus tard. Ensuite, je vais t^acher de d'ecouvrir d’o`u vous venez, ce qui me dira o`u est Fant^omas.

— Oh, d'eclara l’Am'ericain, ce n’est pas la peine que vous vous donniez beaucoup de mal, Monsieur Juve. Je n’ai m^eme pas jur'e `a Fant^omas de ne pas parler. Je l’ai, au contraire, pr'evenu que, pour n’^etre pas consid'er'e comme un complice, d`es que je tomberais entre vos mains je m’empresserais de vous raconter tout ce que je sais sur son compte. J’ajoute que, si je reste avec vous, d`es que je tomberai entre les mains de Fant^omas, je lui rapporterai tout ce que vous aurez dit d’int'eressant.

— Monsieur Backefelder, vous m'eriteriez d’^etre guillotin'e pour inconscience. Mais chaque chose en son temps. Dites-moi o`u est Fant^omas.

— Fant^omas, il est en ce moment sur un petit bateau qui est ancr'e dans le port de Biarritz. Vous n’avez qu’`a y aller, vous le trouverez certainement `a bord, c’est l`a qu’il habite, et il s’y croit en s^uret'e, car personne n’a soupconn'e la chose.

— Ah, et pourquoi Fant^omas s’est-il r'efugi'e sur un bateau ?

— Il ne me l’a pas dit.

— Fant^omas, c’est vrai, n’est pas causant.

22 – OEIL-DE-BOEUF ET BEC-DE-GAZ

H'el`ene verrait-elle jamais s’ouvrir devant elle une `ere de tranquillit'e dans son existence aventureuse ?

Il 'etait permis `a la jeune fille d’en douter, si toutefois cette pens'ee lui venait `a l’esprit, car, les jours, les mois, les heures m^eme, se succ'edaient, et la fille de Fant^omas voyait toujours se d'erouler autour d’elle les aventures les plus tragiques et les plus rares.

`A pr'esent, elle attendait chez celle qui avait 'et'e son ennemie, Delphine Fargeaux. L`a, elle avait 'et'e surprise par l’assassinat du spahi. Et, au risque de se rendre suspecte, elle avait brusquement quitt'e Delphine Fargeaux.

— Elle va croire, s’'etait dit H'el`ene, puisque mon d'epart co"incide avec le meurtre de son fr`ere, que j’y suis pour quelque chose.

Aussi, venue se cacher `a Bayonne, 'evitait-elle autant que possible de se montrer dans la ville et de sortir de la petite chambre qu’elle avait lou'ee meubl'ee dans une pension bourgeoise, sous un nom d’emprunt, bien entendu.

Il ne semblait pas, cependant, que l’on voul^ut l’inqui'eter. Mais au fur et `a mesure que les heures passaient, les pr'eoccupations et la perplexit'e d’H'el`ene augmentaient. Elle savait Juve dans la r'egion. Puisque l’inspecteur de la S^uret'e 'etait l`a, Fandor ne devait pas ^etre loin.

H'el`ene, ce soir-l`a, voyant venir le cr'epuscule, avait d'ecid'e de sortir de sa retraite, et d’aller prendre un peu l’air dans Bayonne. La jeune fille, tr`es modestement v^etue, suivait donc, vers sept heures du soir, le trottoir d’une rue d'eserte qu’elle arpentait `a allure moyenne, lorsqu’elle entendit derri`ere elle un bruit de pas pr'ecipit'es.

Поделиться с друзьями: