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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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— Aurait-elle, pensait la jeune fille, dompt'e son mari et obtenu que celui-ci l’'ecout^at sans l’interrompre ?

L’endroit d’o`u venait la voix de Delphine Fargeaux 'etait pour H'el`ene facile `a d'eterminer. C’'etait dans sa chambre `a coucher, au fond du couloir, dans l’aile droite du ch^ateau que parlait Delphine Fargeaux.

H'el`ene alla dans cette direction. La porte qui faisait communiquer le couloir avec la chambre 'etait entreb^aill'ee, un faisceau de lumi`ere passait par cette ouverture. H'el`ene s’en approcha, regarda :

Delphine Fargeaux parlait toute seule. La jeune femme se tenait devant une glace, une grande psych'e `a trois faces, et s’y consid'erait avec complaisance. Elle avait les yeux rouges, comme quelqu’un qui vient de pleurer, n'eanmoins, Delphine, en se regardant, se souriait `a elle-m^eme. Ne se doutant certes pas de la pr'esence d’H'el`ene `a l’entr'ee de sa chambre, Delphine Fargeaux continuait son monologue.

— Pauvre, pauvre de moi, que je suis malheureuse. Ah, quelles heures 'epouvantables je traverse en ce moment !

Puis la jeune femme passait `a un autre ordre d’id'ees :

— C’est 'egal, disait-elle, il n’y a pas `a dire, mais le grand deuil me va joliment bien. C’est extraordinaire comme le noir fait ressortir la blancheur de la peau.

H'el`ene, r'eprimant un sourire, frappa discr`etement. Delphine se retourna tout d’une pi`ece :

— Qui est l`a ?

— Moi, Madame, H'el`ene !

Delphine Fargeaux courut `a elle :

— Est-ce possible ? fit-elle, vous voil`a revenue ? que voulez-vous encore ? que s’est-il pass'e ? comment se fait-il que vous soyez revenue ?

H'el`ene ne tenait en aucune facon `a faire conna^itre `a Delphine Fargeaux les mobiles de ses all'ees et venues. Cependant la jeune femme sans attendre la r'eponse de celle qui s’'etait institu'ee si d'elib'er'ement sa conseill`ere et sa compagne, se laissait choir dans un fauteuil et fondait en larmes.

— Votre pauvre fr`ere, murmura H'el`ene.

— Mon fr`ere ? oui, sans doute. Mais au fait, vous ne savez pas ? C’est vrai, vous ne pouvez pas savoir. Eh bien, ce n’est pas tout.

— Quoi donc ?

— Eh bien, Timol'eon, mon mari…

— Quoi ?

— Il est mort, mort assassin'e.

— Comment ? Encore un nouveau malheur ? Expliquez-moi. O`u sont les gens ? O`u est Juve ?

— Partis, d'eclara Mme Fargeaux, partis une heure apr`es la mort de mon mari.

— Et, poursuivit H'el`ene, M. Anselme Roche, le procureur ?

— Je l’ai attendu toute la soir'ee, r'epliqua la jeune femme, il n’est pas encore arriv'e.

— Alors ? interrogea H'el`ene, vous ^etes seule ?

— Oui, seule absolument. Les domestiques veillent mon mari. On a fait une chapelle ardente dans le pavillon de chasse o`u il est mort, et puis, Juve a ordonn'e qu’on ne touche `a rien, `a cause des constatations que la justice fera demain. Si vous voulez allez voir.

— Non, je n’y tiens pas.

Delphine Fargeaux semblait toute heureuse de n’^etre plus abandonn'ee. Son visage mobile, apr`es avoir exprim'e la plus profonde douleur, redevenait heureux, presque satisfait. H'el`ene ne savait trop que dire `a cette femme qui passait si rapidement de la tristesse `a la gaiet'e, qui pleurait d’un oeil et riait de l’autre.

— Qu’allez-vous devenir maintenant, Madame ?

— H'elas, je ne sais pas. Songez donc, je suis si malheureuse, j’ai tout perdu, mon fr`ere, mon mari.

Puis elle ajoutait, poussant un soupir qui semblait un soupir de soulagement :

— Mais au moins, je suis libre d'esormais d’agir `a ma guise, de faire ce que je veux.

— 'Ecoutez !

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Mme Fargeaux inqui`ete.

H'el`ene eut un geste 'evasif.

Les deux femmes firent silence, les bruits pourtant se pr'ecisaient. On reconnaissait le roulement d’une automobile, puis, soudain, deux appels de corne retentirent, trouant la nuit de leur sonorit'e br`eve :

— On vient ici. Qui cela peut-il ^etre ?

Cependant que Delphine Fargeaux posait cette question, H'el`ene, prudemment, 'etait all'ee au commutateur, avait 'eteint l’'electricit'e, puis, par la fen^etre ouverte, elle regarda au dehors.

C’'etait bien une voiture automobile qui arrivait. Elle s’arr^eta sur la route, `a quelque distance du ch^ateau, non sans avoir au pr'ealable, par un virage savant, fait volte-face, pr^ete `a repartir au premier signal.

Le m'ecanicien descendit de son si`ege et, respectueusement, vint ouvrir la porti`ere.

H'el`ene et Delphine, malgr'e l’obscurit'e, purent voir trois personnages qui descendaient de la voiture, une grande et belle limousine. Toutefois, il leur 'etait impossible de distinguer les traits des nouveaux arrivants.

H'el`ene, pourtant, identifiait en pens'ee ces voyageurs. Ils 'etaient trois. N’'etait-ce point Juve, de retour de Bayonne, ramenant avec lui le procureur, et le troisi`eme personnage n’'etait-il pas Fandor ? Ah, si cela 'etait… La fille de Fant^omas, tout en appr'ehendant cette rencontre, 'eprouvait malgr'e elle une satisfaction immense `a l’id'ee que sans doute elle allait se retrouver en pr'esence de celui qu’elle aimait.

Le m'ecanicien restait pr`es de la voiture. Les trois hommes s’approchaient de la propri'et'e, ils s’arr^etaient sur le perron, semblant h'esiter.

Delphine pensait comme H'el`ene :

— C’est assur'ement le procureur qui revient avec des gens de justice. Allons au devant d’eux.

Delphine pr'ec'edait H'el`ene. Les deux femmes quittaient la chambre, descendaient pr'ecipitamment au rez-de-chauss'ee ; dans le vestibule, Delphine fit la lumi`ere, cependant qu’H'el`ene poussait un cri.

Elle venait de voir les trois personnages qui, par la porte laiss'ee ouverte, s’introduisaient dans le ch^ateau.

Delphine Fargeaux les connaissait sans doute, car elle murmura :

— Les Espagnols.

Ce fut pour H'el`ene un trait de lumi`ere et `a ce moment, en effet, elle reconnut l’un des trois personnages, l’individu qui, quelques heures auparavant dans les rue de Bayonne, s’'etait approch'e d’elle, et lui avait fait une invitation galante. Que venaient faire ces gens au ch^ateau de Garros ?

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