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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Delphine Fargeaux, `a demi-morte d’effroi, balbutia :

— Elle est partie. Les Espagnols l’ont enlev'ee.

— Mal'ediction, hurla Fant^omas, je suis arriv'e trop tard.

Ses yeux brillaient d’un 'eclat tellement sinistre, son visage refl'etait une expression de f'erocit'e telle, sous la cagoule noire, que Delphine Fargeaux, terroris'ee, tomba `a genoux devant lui, joignit les mains :

— Gr^ace, supplia-t-elle, ne me faites pas de mal. Ne me tuez pas.

— Imb'ecile, ricana Fant^omas, tu vas mourir.

Et il levait son arme.

C’en 'etait trop pour Delphine Fargeaux, la malheureuse s’'etait 'evanouie.

Fant^omas, cependant, ne tirait pas. Un instant, il regarda sa future victime qui gisait sur le sol, il h'esita une seconde. Puis le bandit, brusquement, remit son revolver dans la poche de son veston :

— `A quoi bon ? fit-il en haussant les 'epaules, cette femme n’y est pour rien. Je vais simplement l’enfermer quelque part pour 'eviter les bavardages.

Fant^omas tourna les talons, bondit `a la porte du ch^ateau, disparut dans la nuit, emportant dans ses bras Delphine Fargeaux inanim'ee.

24 – QUI EST L’ASSASSIN ?

— Je ne comprends rien du tout `a cette nouvelle communication de Juve. Il a arr^et'e Timol'eon Fargeaux, me fait-il dire, mais il ne m’apprend pas pourquoi. Enfin, nous verrons. Juve n’est certainement pas un homme `a agir `a la l'eg`ere. S’il s’est permis de signer un mandat d’amener contre ce Timol'eon Fargeaux, c’est qu’'evidemment il avait de graves motifs pour croire `a la culpabilit'e de ce dernier.

Debout dans son cabinet de travail, au palais de justice de Bayonne, le procureur de la R'epublique r'efl'echissait `a la d'ep^eche que l’on venait de lui apporter de la part de Juve.

Le magistrat, bien qu’il voul^ut para^itre rassur'e, 'etait en fait un peu inquiet.

Juve lui avait t'el'egraphi'e de Garros ces quelques paroles :

« Timol'eon Fargeaux est arr^et'e, je le garde au ch^ateau de Garros. Venez. »

Qu’est-ce que cela voulait dire ?

Certes, M. Anselme Roche n’avait pas oubli'e qu’au moment de la d'ecouverte du cadavre du spahi, Delphine Fargeaux s’'etait 'ecri'ee :

— C’est mon mari qui a d^u tuer mon fr`ere.

Mais, s’il se souvenait de cela, Anselme Roche se rappelait aussi que Juve avait attach'e peu d’importance `a l’exclamation de la jeune femme qui, d’apr`es lui, avait parl'e sous l’empire de la col`ere et sans que rien ne p^ut justifier cette terrible accusation.

— Juve, `a ce moment-l`a, songeait toujours Anselme Roche, ne voulait pas admettre la culpabilit'e, m^eme 'eventuelle, de Timol'eon Fargeaux. Pour qu’il l’ait arr^et'e, il faut qu’il ait acquis une certitude indiscutable, il faut que le doute lui soit devenu tout `a fait impossible.

Anselme Roche, qui 'etait un homme m'eticuleux et pr'ecis, perdait quelque temps `a r'efl'echir aux diverses suppositions que lui permettaient de concevoir les circonstances actuelles.

Mais manquant compl`etement de renseignements sur les d'emarches qu’avait, en r'ealit'e, fait Juve depuis qu’il l’avait perdu de vue, le magistrat ne pouvait gu`ere deviner ce qui s’'etait pass'e `a Biarritz, par cons'equent comprendre la raison pour laquelle Juve n’avait, non pas `a arr^eter l'egalement Timol'eon Fargeaux, mais du moins `a le mettre en 'etat de pr'evention.

Apr`es avoir bien r'efl'echi, Anselme Roche se rendait compte que dans les circonstances o`u il se trouvait, il ne pouvait faire qu’une chose, c’'etait d’ob'eir `a Juve.

Juve lui disait de venir, il viendrait, il se rendrait `a son appel. Apr`es, mon Dieu, il aviserait sur ce qu’il convenait de faire, car il n’'etait pas tr`es persuad'e que Juve f^ut homme `a bien respecter les lois en leurs formes strictes, d`es qu’il s’agissait d’arr^eter un coupable.

— Si Juve a commis quelque faute de proc'edure, pensa avec fatuit'e Anselme Roche, je m’arrangerai pour lui 'epargner toute esp`ece de d'esagr'ement.

C’'etait l`a, 'evidemment, d’excellentes intentions, mais peut-^etre 'etaient-elles compl`etement vaines, car, `a rencontre de ce que pouvait estimer le digne magistrat, Juve n’'etait pas homme `a s’exposer `a un manquement, m^eme de forme, `a son service.

Quoi qu’il en f^ut, le m^eme jour, `a sept heures du soir, M. Anselme Roche pensait quitter Bayonne et se rendre de toute urgence au ch^ateau de Garros pour y rejoindre Juve. Malheureusement, au moment m^eme o`u le procureur de la R'epublique quittait son Parquet, on annoncait la venue `a Bayonne d’un procureur g'en'eral charg'e de recevoir les dol'eances du Tribunal qui s’estimait mal log'e. Force fut bien `a M. Anselme Roche de remettre son d'epart au matin.

Le magistrat donc, au lieu d’un train du soir, ne prit que l’express du matin. `A deux heures il d'ebarquait `a la petit halte qui desservait le ch^ateau de Garros et l`a, courageusement, refusant les offres des voituriers, il partit `a pied.

— Pendant que j’ai Juve sous la main, songeait le procureur de la R'epublique, pendant que j’ai comme exemple le plus subtil policier qui ait jamais exist'e, le plus fin limier de la Pr'efecture, il faut que je t^ache de profiter de ses conseils et de penser comme lui aux moindres d'etails. J’estime que Juve irait `a pied pour ne point donner l’'eveil dans le pays, pour n’intriguer aucun voiturier, je fais comme ferait Juve, j’irai `a pied, moi aussi.

Le procureur de la R'epublique, qui s’estimait en lui-m^eme habile d’avoir song'e `a pareille ruse, s’'eloignait d’un grand pas et, naturellement, attirait fort l’attention des paysans occup'es `a travailler dans les champs, lesquels ne pouvaient pas ne pas remarquer ce monsieur habill'e d’un long pardessus, coiff'e d’un chapeau haut de forme, tenant `a la main une canne `a pommeau d’argent, qui se promenait sur la grand-route. Mais, indiff'erent `a cette attention, le procureur poursuivait son chemin avec un calme imperturbable et une conscience satisfaite. Apr`es un quart d’heure de route, il atteignait enfin l’entr'ee du parc de Garros et, mettant `a profit les pr'ec'edentes visites qu’il avait d'ej`a faites et qui lui avaient permis d’apprendre quelque peu la topographie de l’endroit, il d'ecidait, non point de passer par la grande all'ee menant au perron du ch^ateau, mais bien par un raccourci, un petit chemin de traverse qui conduisait d’abord au pavillon et, de l`a, `a la maison d’habitation.

M. Anselme Roche, heureux de trouver un peu d’abri contre les rayons du soleil et d’'echapper aussi `a la poussi`ere de la grande route, p'en'etra sous bois avec une visible satisfaction. Il prenait son chapeau sous la main, respirait profond'ement et du pas d’un promeneur, cette fois, continuait d’avancer.

Le magistrat 'etait encore assez loin du pavillon, c’est-`a-dire se trouvait dans la partie la plus d'eserte du parc, `a quelques centaines de m`etres seulement du mur d’enceinte, qu’il s’arr^etait soudain avec un mouvement de l'eg`ere stup'efaction :

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