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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Enfin, il remonterait dans l’Oc'ean Indien jusqu’`a Durban, port du Natal, o`u s’ach`everait sa grande randonn'ee.

***

Le British Queen'etait un des superbes bateaux qui font le service des voyageurs et relient r'eguli`erement la m'etropole anglaise avec ses colonies du sud de l’Afrique. Sa vitesse 'etait remarquable et son am'enagement int'erieur comportait les derniers perfectionnements.

Trois ponts superpos'es permettaient de recevoir des passagers de trois classes diff'erentes.

L’ing'enieux agencement 'evitait de les faire communiquer entre eux.

Pendant ce voyage, les passagers des

« premi`eres » allaient pouvoir appr'ecier le r'epertoire vari'e d’un excellent orchestre de dames autrichiennes qui se rendaient au Transvaal o`u elles avaient de brillants engagements, et qui avaient b'en'efici'e d’une r'eduction sur le prix du voyage, en promettant de pr^eter leur concours quotidiennement et d’assurer la distraction des voyageurs en les inondant de flots d’harmonie.

La client`ele des premi`eres classes 'etait 'el'egante et nombreuse.

Elle se composait en grande partie de fonctionnaires et d’officiers partant avec leur famille pour les colonies et l’on trouvait `a bord un appoint tr`es important de jeunes gens et de jeunes filles qui ne tarderaient pas `a faire connaissance et `a imaginer toutes sortes de distractions pour charmer les longues heures de loisir que laissent les travers'ees.

On sait d’ailleurs combien sont profitables aux jeunes g'en'erations ces grands voyages quelque peu monotones au cours desquels il est loisible de se conna^itre, de s’appr'ecier. C’est `a bord des longs courriers que se nouent souvent des intrigues, que se cr'eent des sympathies, que s’'ebauchent des amours et dans bien des occasions, avant l’arriv'ee, des mariages sont d'ecid'es.

La France a l’Op'era-Comique pour les entrevues de fianc'es, les sujets du Royaume-Uni d’Angleterre encha^inent volontiers leur libert'e apr`es des travers'ees pendant lesquelles ils ont su distraire leur neurasth'enie et d'ecouvrir l’^ame soeur.

***

Le British Queenavait quitt'e Southampton depuis quelques heures. Le cr'epuscule projetait des lueurs flamboyantes sur l’immensit'e paisible de l’oc'ean, lorsque dans le couloir b^abord des passagers de premi`ere classe, c^ot'e impair, un homme 'el'egant, distingu'e, s’approcha du domestique qui avait charge des cabines de cette section :

— M. Duval, demanda-t-il, est-il chez lui… au 91 ?

Le steward avait d'ej`a fait connaissance avec la plupart de ses patrons temporaires. Il avait la grande habitude de son m'etier et, fort perspicace, expert `a reconna^itre les gens qu’il n’avait vus qu’une fois, il identifiait d'ej`a tout son monde.

— M. Duval n’est pas encore revenu dans sa cabine. Toutefois, il doit ^etre `a bord, ses bagages sont plac'es. Qui devrai-je annoncer lorsque M. Duval reviendra ?

L’interlocuteur donnait son nom, en esquissant un sourire de satisfaction :

— Vous direz que c’est M. Smith.

Le domestique s’inclina.

Puis, pour r'epondre `a un coup de sonnette, il se pr'eparait `a quitter M. Smith, lorsque celui-ci le retint par le bras :

— Dites-moi mon ami, fit-il, r'eflexion faite, c’est inutile d’informer M. Duval de ma visite. Vous ne lui direz rien.

Pour ^etre s^ur que cet ordre serait ex'ecut'e, M. Smith donna un pourboire au serviteur et s’en alla.

De l’autre c^ot'e du bateau, dans la section tribord, une sc`ene semblable se d'eroulait au m^eme instant.

`A une femme de chambre pr'epos'ee au service des cabines, un homme d’un certain ^age avait demand'e :

— M. Smith est-il chez lui, cabine 92 ?

Et comme on lui r'epondait par la n'egative, le visiteur dissimulant mal un mouvement de m'econtentement avait murmur'e :

— D`es qu’il arrivera vous lui direz que M. Duval est venu le demander… ou… du moins… r'eflexion faite, ne lui dites rien, absolument rien.

Et pour ^etre s^ur que la consigne serait observ'ee, le personnage qui s’'etait donn'e comme 'etant M. Duval, glissait une gratification dans la main de la soubrette.

Puis il 'etait remont'e paisiblement par l’escalier qui conduisait au pont sup'erieur.

Ces deux passagers 'evidemment n’allaient pas tarder `a se rencontrer.

Encore que les paquebots transatlantiques soient de v'eritables villes flottantes, il est difficile de supposer que deux personnes les habitant soient incapables de s’y retrouver, `a moins qu’elles n’y mettent une fort mauvaise volont'e.

Quelques instants d’ailleurs apr`es ces petits incidents qui sont les 'ev'enements courants de la vie de bord, M. Duval revenait `a sa cabine, il ne songeait pas `a interroger le domestique charg'e de son service et celui-ci, fid`ele `a la consigne donn'ee, s’abstenait de lui parler de la venue de M. Smith.

M. Smith toutefois, avait, lui aussi, regagn'e sa cabine, mais plus subtil sans doute que le voyageur qui 'etait venu le demander, il questionnait la femme de chambre.

Et celle-ci, plus loquace, eu 'egard `a son sexe, que son coll`egue masculin, r'epondait apr`es quelques h'esitations :

— Ma foi, monsieur, il est bien venu tout `a l’heure un M. Duval vous demander, mais s’il vous en parle, ne lui dites pas que je vous ai annonc'e sa visite, car il m’a recommand'e de ne pas le faire.

M. Smith, tr`es satisfait semblait-il, de cette d'eclaration, promit bien volontiers le secret `a la soubrette.

Quels 'etaient ces voyageurs qui sans doute se cherchaient avec impatience, et semblaient aussi vouloir s’'eviter ?

On s’en doutera peut-^etre lorsqu’on saura que Fant^omas et Juve se trouvaient pr'ecis'ement l’un et l’autre `a bord du British Queen.

Mais comment et pourquoi ces deux irr'eductibles adversaires avaient-ils commis l’imprudence de monter ensemble `a bord du m^eme navire ?

L’un d’eux ignorait-il la pr'esence de l’autre, ou bien l’insaisissable bandit et le subtil policier s’'etaient-ils entendus pour naviguer ainsi de conserve ?

***

… Quelques jours auparavant, Fant^omas, fid`ele `a la promesse qu’il avait faite `a Juve au moment de son pseudo-suicide, de revenir le voir, s’'etait rendu au domicile du c'el`ebre policier.

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