La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Quelques minutes pass`erent…
Soudain, Fant^omas releva la t^ete.
Une sueur froide lui coulait du front.
Un tressaillement convulsif agitait tout son ^etre. Qu’'etait-ce encore ?
Fant^omas croyait qu’il venait d’entendre marcher. Il 'etait alors au fond du caveau, o`u ne se trouvait qu’une seule porte. Allait-il se laisser prendre dans ce petit b^atiment comme dans une sourici`ere ?
Une voix jeune, fra^iche, claire, cria dans le silence :
— Pas un mouvement, ou vous ^etes mort.
Fant^omas avait bondi vers la porte de l’ossuaire, pr^et `a se frayer un passage… Il devait reculer…
Dans l’encadrement de la porte, il apercevait, en effet, la silhouette mince et fine d’un jeune homme, d’un tout jeune homme, qui, un fusil `a l’'epaule, le couchait en joue, se tenait pr^et, au plus petit mouvement, `a faire feu sur lui.
— Qui ^etes-vous ? r^ala Fant^omas. Que me voulez-vous ? Faites-moi place. Ne vous m^elez pas de choses qui ne vous concernent pas.
Mais il s’interrompit…
Le jeune homme, `a nouveau, venait de r'ep'eter sur un ton auquel on ne pouvait se tromper :
— Pas un mouvement, ou vous ^etes mort.
Fant^omas v'ecut alors une seconde abominable. Que faire ?
Quel 'etait cet inconnu ?
Et, voulant risquer le tout pour le tout, ainsi qu’il en avait l’habitude, en une seconde Fant^omas d'ecida de bondir sur l’inconnu, d’essuyer un coup de feu, au besoin, mais de se frayer un passage co^ute que co^ute.
Le bandit, toutefois, n’eut pas le temps de mettre ce plan de fuite `a ex'ecution.
Une foule d’ouvriers, de serviteurs, se pr'ecipitait en effet vers l’ossuaire…
Le coup de revolver de Fant^omas, r'esonnant sous la vo^ute du petit b^atiment avait fait un vacarme de tous les diables, on l’avait entendu, on accourait.
Fant^omas comprit qu’il 'etait perdu.
Parbleu, les arrivants apercevraient `a ses pieds le cadavre de Hans et ce jeune homme qui le tenait en joue, qui allait le d'enoncer… Ils 'etaient cinquante contre un, il ne pourrait m^eme pas lutter.
Mais brusquement, Fant^omas, dans son infernal g'enie, trouva une ruse.
Comme ceux qui accouraient parvenaient pr`es de l’ossuaire, Fant^omas hurla :
— `A l’aide, au secours, on m’assassine.
Fant^omas, apr`es avoir tu'e Hans Elders, avait jet'e au loin le revolver dont il s’'etait servi. Il 'etait sans armes. Il 'etait `a c^ot'e de la victime. On pouvait s’y tromper.
Et il n’h'esitait pas. C’'etait le jeune inconnu qui allait l’accuser qu’il accusait du meurtre de Hans.
Les arrivants, pourtant, `a son appel, s’'etaient presque immobilis'es.
`A coup s^ur, nul ne comprenait, nul ne devinait pourquoi lui, que pas un d’eux ne connaissait, se trouvait dans l’ossuaire, appelant au secours, et cela pr`es du cadavre de Hans Elders.
Que s’'etait-il pass'e au juste ?
Un ouvrier, un colosse, brusquement se saisit par derri`ere du jeune homme qui tenait toujours en joue Fant^omas et n’avait point m^eme r'epondu `a son appel.
— Allo Teddy, cria-t-il, qu’est-ce qui vous prend ? Qu’avez-vous fait ?
— J’arr^ete le meurtrier de Hans Elders.
Mais, en m^eme temps, Fant^omas cria :
— Il vient de tuer Hans. Il veut me tuer. C’est un fou. Tenez bon.
Le m^eme mouvement d’incr'edulit'e qui avait suivi le premier appel au secours de Fant^omas fit h'esiter ceux qui maintenant se pressaient `a l’entr'ee de l’ossuaire, qui, bloquant Fant^omas dans l’int'erieur du monument, s’empressaient cependant de d'esarmer Teddy, de lui arracher le fusil dont il menacait toujours son adversaire.
Et, dans l’affolement d’une minute o`u chacun parlait `a la fois, o`u tout le monde voulait comprendre quelque chose `a un drame en apparence inexplicable, des interjections fus`erent :
— Vous accusez Teddy d’avoir tu'e Hans ?
— Qui ^etes-vous ?
— Pourquoi Teddy veut-il vous tuer ?
— Que faites-vous l`a ?
Fant^omas, de la main, imposait silence `a ceux qui le questionnaient en d'esordre.
Le bandit avait recouvr'e son sang-froid…
— J’accuse formellement, r'epondait-il, ce jeune homme que vous appelez Teddy d’avoir tu'e Hans Elders. Je l’accuse de vouloir me tuer. Emmenez-le, je vous expliquerai tout.
Les pr'esomptions 'etaient en faveur de Fant^omas… On avait trouv'e Teddy arm'e et le couchant en joue…
Teddy, de plus, ne disait rien, une flamme dans le regard, d'edaigneux, m'eprisant les accusations port'ees contre lui.
Ceux qui le tenaient, car, instinctivement, les ouvriers l’avaient pris par le bras, lui demand`erent :
— Vous avez tu'e Hans ? Pourquoi, Teddy ?
Le jeune homme articula, sans m^eme vouloir s’expliquer davantage :
— Mensonge, ce n’est pas moi, c’est cet homme qui est l’assassin.
Mais Fant^omas trouva la r'eponse contre laquelle rien ne pouvait pr'evaloir :
— Moi qui ai tu'e ? Allons donc. Je n’ai pas d’armes et, vous venez de le voir, il me couchait en joue.
Alors, `a cette remarque du bandit, dont nul ne pouvait nier la v'erit'e, qui paraissait p'eremptoire, une excitation brutale s’empara de ceux qui assistaient `a cette sc`ene tragique.
Dans la surexcitation de la minute, ils ne raisonnaient plus, ils ne cherchaient m^eme plus `a savoir, `a comprendre.
On se pr'ecipita sur Teddy, on le bouscula, on allait l’entra^iner, lui faire un mauvais parti peut-^etre, et laisser Fant^omas s’enfuir, lorsqu’un 'ev'enement inou"i se produisit qui figea dans l’'epouvante tous les assistants.
Au fond de l’ossuaire, dans un coin d’ombre imp'en'etrable, un bruit s’'etait fait entendre.
L`a se trouvaient, couch'es les uns `a c^ot'e des autres, des squelettes encore entiers.