La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Au moment o`u Wilson Drag levait sa latte, pr^et `a en assener un coup mortel `a Teddy, un homme derri`ere lui avait bondi.
Dans la main de ce nouvel arrivant quelque chose avait scintill'e une seconde. Le bras de l’homme s’'etait lev'e puis abaiss'e avec une folle rapidit'e.
Wilson Drag s’'ecroula sans un cri, tu'e raide d’un coup de poignard entre les deux 'epaules.
Teddy qui n’avait pas eu le temps d’intervenir, qui n’avait pu pr'evenir cet assassinat, Teddy qui e^ut cent fois pr'ef'er'e la mort `a la fin d'eshonorante qu’on imposait `a son duel, cria :
— Assassin.
Et la jeune fille, dans un geste de fi`ere r'evolte, d'ej`a portait la main `a sa ceinture, saisissait son revolver, pr^ete `a abattre le meurtrier de Wilson Drag.
Mais Teddy n’achevait pas son geste.
Son revolver, elle le laissa `a sa ceinture.
Un sanglot gonflait sa gorge, un vertige la prit qui la fit s’'ecrouler sur le sol :
— Vous, disait-elle, vous, Fant^omas.
Et l’homme qui venait de lui sauver la vie r'epondit :
— Oui, moi, moi, ton p`ere…
***
Quand Fant^omas, quelques heures avant, s’'etait 'echapp'e de l’ossuaire en criant `a Juve :
Et elle l’apprenait au moment o`u elle venait d’assister au meurtre de Hans Elders, l^achement abattu par le bandit.
Et elle l’apprenait au moment o`u elle-m^eme avait 'et'e sur le point de faire feu sur lui, ne se doutant pas qu’il 'etait son p`ere, et alors que lui, ce p`ere, l’accusait d’un crime sans se douter qu’elle 'etait sa fille.
Et maintenant, voici qu’`a nouveau ce p`ere 'etait devant elle.
Voici qu’elle 'etait en pr'esence de Fant^omas, voici qu’elle venait de lui voir commettre un nouvel assassinat.
Elle pouvait abattre le forban, elle h'esitait, elle se rendait compte qu’un tel acte de sa part e^ut 'et'e le plus abominable forfait.
Tout le monde avait le droit, le devoir m^eme de tuer Fant^omas, mais Fant^omas, pour elle, 'etait sacr'e parce qu’il 'etait son p`ere.
Teddy, 'ecroul'ee sur le sol, `a genoux pr`es du cadavre de Wilson Drag, r'ep'eta, comme hallucin'ee :
— Vous, vous, Fant^omas.
— 'Ecoute, c’est pour toi ce que j’ai fait. Je te dois des explications, je te les promets, tu sauras tout et tu me pardonneras.
Des l`evres blanches de Teddy, un seul mot siffla :
— Jamais.
— Tu m’aimeras, r'ep'eta-t-il… tu m’aimeras, H'el`ene… quand tu sauras… quand tu sauras… et tu sauras bient^ot… demain… dans deux jours, peut-^etre… Maintenant, il faut que je me cache, il faut que je disparaisse, on me suit, on me poursuit… adieu… au revoir.
Teddy, ou plut^ot H'el`ene, demeura immobile, 'ecroul'ee sur le sol, tandis que Fant^omas s’enfuyait `a grands pas.
***
Il faisait un temps clair.
Dans le ciel pur, le soleil allumait la f'eerie de ses rayons scintillants, des oiseaux chantaient. La brise avait des douceurs de caresse, des griseries de parfums. Teddy bient^ot se releva.
Mais ce n’'etait plus `a Fant^omas, `a ce p`ere qui l’aimait et qu’elle ne pouvait aimer que Teddy songeait.
— Fandor, o`u est Fandor ? murmurait la jeune fille, ah, sur mon ^ame, je le retrouverai, je le sauverai.
29 – MONSIEUR JUVE, ING'ENIEUR
Ext'enu'e, Juve ne s’en rendait pas moins `a Durban.
Le policier avait assist'e `a l’assassinat de Hans Elders par Fant^omas.
Qui 'etait Elders ? Quels 'etaient les liens qui l’unissaient au Ma^itre du Crime ? Juve se r'eservait de faire toute la lumi`ere `a ce sujet dans la suite de son enqu^ete.
Mais le policier se pr'eoccupait surtout de retrouver son cher Fandor.
Comme Juve p'en'etrait dans l’int'erieur de la ville, son attention fut attir'ee par le grand concours de population qui s’empressait autour des soldats.
Juve, instinctivement, se m^ela aux rangs de la foule hurlante, et habile comme personne `a se glisser dans les encombrements, `a triompher des barrages les plus s'ev`eres, il r'eussit `a rejoindre l’escouade de militaires qui, au pas cadenc'e, traversait la ville ba"ionnette au canon.
Que signifiait ce d'eploiement de force arm'ee ?
`A chaque instants les soldats devaient, `a coups de crosse appliqu'es sur les tibias et les 'epaules, faire reculer les curieux.
— En prison ! `A mort ! criait-on.
Les militaires encadraient un prisonnier charg'e de cha^ines et les menottes aux mains.
— Cela vous en donne du mal, pas vrai, interrogea-t-il, tout ce monde qui grouille autour de vous ?
— Oui, dit le sergent, ils sont bien emb^etants, mais malgr'e tout, on les comprend, on les approuve.
— Ah ?
— Oui, fit le sergent, il n’y a pas comme ces 'etrangers pour savoir faire les mauvais coups.
Soudain, par suite d’un l'eger d'esordre dans les rangs des soldats, provoqu'e par les remous de la foule, Juve apercut le visage du prisonnier.
L’homme que la force arm'ee d'efendait contre la foule n’'etait autre que J'er^ome Fandor.
R'eprimant son 'emotion, Juve revint aupr`es du sergent et le questionna avec un air de parfaite indiff'erence :
— Mais qu’a-t-il fait, cet homme ? pourquoi l’emm`ene-t-on en prison ?
— Ah, c’est bien simple, expliqua le sous-officier, c’est lui, qui, voici quinze jours `a peine, apr`es avoir vol'e l’argent du noir Jupiter – vous savez bien, le grand champion de boxe –, l’a fait prendre pour l’assassin d’une vieille femme et a ameut'e la foule contre lui. `A la t^ete d’une bande d’'energum`enes arr^et'es depuis longtemps d’ailleurs, cet 'etranger a tu'e le noir, en plein th'e^atre, avec un raffinement de f'erocit'e inou"ie.