La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Teddy, apercevant dans la ferme l’uniforme des soldats et, `a leur t^ete, Wilson Drag, 'eperonna sa monture et arriva au grand galop jusqu’au-devant du lieutenant.
L`a, brutalement, reprenant les r^enes `a sa b^ete, Teddy stoppa, sauta de sa selle et courant `a Wilson Drag :
— Que faites-vous ici ?
Wilson Drag toisa Teddy.
— Ce serait `a moi, r'epondait-il, de vous demander de quel droit vous h'ebergiez ici un assassin.
— Un assassin ? Ce n’est pas un assassin.
— C’en est un, Teddy.
— Vous en avez menti.
Wilson p^alit sous l’insulte.
— Teddy, faisait-il d’une voix sifflante, vous m’avez fait traiter de voleur. Aujourd’hui, vous m’accusez de mensonge. Mon devoir d’officier, Teddy, serait de m'epriser vos insultes, mais mon devoir d’homme ne me le permet pas. J’ai menti, pr'etendez-vous ? Je vous r'eponds, moi : Vous ^etes un l^ache car chaque fois que j’ai essay'e de vous imposer silence, vous m’avez 'echapp'e par ruse.
— Un l^ache ?
`A peine le mot d'eshonorant 'etait-il prononc'e que Teddy, devenu bl^eme `a son tour, avait lev'e sa cravache et, en plein visage, en avait marqu'e Wilson Drag.
— Mis'erable, hurla l’officier, tremblant de col`ere… et portant d’un geste instinctif la main `a son sabre… Vous me rendrez raison.
— Avec plaisir, quand vous le voudrez.
— Tout de suite ?
— Oui…
Mais `a ce moment, derri`ere Wilson Drag, une voix hurla soudain :
— Place, lieutenant. Si vous avez envie de croiser le fer, c’est avec moi que vous le croiserez.
Et celui qui se pr'ecipitait ainsi pour emp^echer qu’un combat singulier n’e^ut lieu entre Wilson et Teddy, c’'etait Fandor.
Fandor, gard'e `a vue par les soldats, mais nullement charg'e de liens, venait d’assister `a la querelle.
Et Fandor qui, d’abord, s’'etait contenu pour ne pas aggraver la situation de Teddy, pour ne pas risquer que par un abus d’autorit'e, Wilson Drag ne l’arr^et^at comme il l’avait arr^et'e lui-m^eme, Fandor `a la fin n’avait plus 'et'e ma^itre de sa col`ere.
Laisser Teddy se battre avec Wilson ?
Non.
Fandor ne le pouvait pas.
C’'etait monstrueux, c’'etait impossible, il devait l’emp^echer, il fallait l’emp^echer.
Teddy 'etait une jeune fille. Quel que f^ut son entra^inement aux exercices physiques, elle n’'etait 'evidemment pas de taille `a se mesurer avec Wilson.
Laisser ce duel avoir lieu, c’'etait se faire le complice d’un assassinat. Aussi Fandor avait-il merveilleusement calcul'e son affaire…
Il avait, quelques minutes, feint l’indiff'erence pour mieux duper ses gardiens.
Puis, comme Wilson Drag tirait son sabre, comme Teddy se pr'ecipitait sur un des soldats pour lui demander le sien et pouvoir, `a armes 'egales, lutter contre le lieutenant, Fandor avait bondi en avant.
Et si vif avait 'et'e son mouvement, si rapide avait 'et'e sa fuite qu’il 'etait maintenant bien impossible aux soldats de tirer sur lui car, entre eux et lui se trouvait Wilson.
— L^ache, continuait Fandor, vous ^etes le dernier des l^aches d’oser provoquer un enfant, un gamin de dix-huit ans. Si vous voulez vous battre, c’est `a un homme qu’il faut vous en prendre, c’est `a moi.
Mais Fandor avait compt'e sans son h^ote.
— Me battre avec vous, J'er^ome Fandor ? demanda Wilson Drag. Allons donc, vous n’y songez pas.
— Vous refusez ?
— Je n’ai m^eme pas `a refuser.
— Vous vous d'eshonorez.
— Vous vous rappelez. Monsieur Fandor, votre partie de baccara ? Comme disait l’ami Teddy : On ne se bat pas avec un homme accus'e de vol. Vous ^etes arr^et'e, je viens de vous arr^eter. Je vous accuse d’avoir mis `a mort le noir Jupiter. Je ne me bats pas avec un assassin, moi.
Fandor, bl^eme, les traits d'ecompos'es, grincant des dents, cria :
— Vous n’^etes qu’un l^ache. Vous ne pouvez pas vous battre avec Teddy.
Mais, Teddy lui-m^eme lui coupait la parole :
— Parbleu, lieutenant Wilson Drag, cria Teddy, interrompant Fandor, en voil`a assez. Si vous n’avez pas peur, allons-y.
Fandor, une fois encore voulut emp^echer le duel. Il se jeta entre les combattants.
— Non, Teddy, non, pas cela.
Teddy l’'ecarta et, rudement :
— Allons, lieutenant, qu’attendez-vous donc pour faire emmener cet homme `a l’'ecart ?
— Soldats, emmenez le prisonnier. Emmenez-le jusqu’`a Durban. Je vais vous rejoindre. Le temps de coucher sur l’herbe ce gamin qui m’a insult'e.
Les soldats se pr'ecipit`erent sur Fandor. Que pouvait le journaliste ? Ils 'etaient vingt contre lui. Fandor se sentait arrach'e, bouscul'e. Des coups l’'etourdirent `a moiti'e, les hommes de Wilson Drag l’entra^inaient.
Teddy, demeur'e seul en face de Wilson Drag, le sabre haut, le visage impassible, attendait l’attaque du lieutenant.
***
— Garde `a vous, cria le lieutenant.
— Vive Dieu, r'epondit Teddy.
Les sabres 'etincel`erent, se heurt`erent avec fracas, mais tandis que le lieutenant Wilson Drag supportait sans fl'echir le choc de Teddy, la jeune fille, elle, 'etait `a demi 'ebranl'ee par la violence du coup de son adversaire…
Wilson Drag en profita :
D'edaignant le coup de revers, il pointa.
Comme le lieutenant Wilson Drag pointait en se fendant large, Teddy eut le temps de parer…
La lame du lieutenant rencontrant la lame de Teddy glissa et si large s’'etait fendu l’officier, que la coquille de son sabre vint heurter la coquille du sabre de Teddy.
Les adversaires 'etaient 'epaule contre 'epaule maintenant, au corps `a corps. D'ej`a le lieutenant se d'egageait, relevait son arme, s’appr^etait `a tailler d’estoc. Teddy allait expier la folle t'em'erit'e qui l’avait pouss'ee `a accepter un combat au sabre…
Mais soudain, Teddy l^acha son arme d’un mouvement instinctif, joignit les mains, cependant que de sa poitrine un cri d'esesp'er'e s’'echappait :