La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Fant^omas avait bl^emi :
— Ma fille ?
— Ta fille est morte.
Et comme Fant^omas ne tressaillait m^eme point, Hans, jouant le tout pour le tout, se h^atait d’ajouter :
— Ta fille est morte, Fant^omas, je te croyais mort, toi aussi. C’est pour cela que j’avais vol'e ce coffret, c’est pour cela que je voulais m’approprier les parchemins qui faisaient ta fille riche, mais, puisque te revoil`a, la situation change, et je n’ai plus de raisons d’agir ainsi.
Et, tout en parlant, Hans Elders surveillait l’effet de ses d'eclarations sur le visage de Fant^omas.
Fant^omas 'etait impassible.
Croyait-il r'eellement que sa fille 'etait morte, ou ne le croyait-il pas ?
Impossible de le deviner `a son regard…
Hans Elders vit le bandit sourire d’un sourire 'enigmatique.
Fant^omas tira de sa poche un revolver dont il menaca la poitrine du directeur de Diamond House :
— Il y a, disait-il froidement, des mensonges et des v'erit'es dans ce que tu dis, Hans. Sois bien persuad'e que je ne suis point ta victime et que je sais lire dans tes paroles et dans ton coeur. 'Ecoute. Regarde. Je suis arm'e, pr^et `a tout. Tu sais que je n’ai jamais manqu'e mon but ? que, s’il me pla^it de t’abattre, je t’abattrai comme un chien s’il te prenait fantaisie d’essayer de fuir ? Voici mes ordres : L`eve-toi. Viens. Guide-moi vers l’endroit o`u tu as cach'e, non pas le coffret, mais le cr^ane qui contient les parchemins que je suis venu te r'eclamer. Il faut `a tout prix que je rentre en leur possession. Ce que je ferai de toi, apr`es que tu m’auras rendu ce d'ep^ot, je te dirai alors.
Et telle 'etait la sombre volont'e, telle 'etait l’'energie qui se lisait dans l’attitude de Fant^omas que, n’osant pas lui r'esister, n’osant pas tenter un nouveau mensonge, Hans Elders se leva, s’appr^eta `a guider Fant^omas vers l’ossuaire o`u, quelques jours auparavant, il avait cach'e lui-m^eme la t^ete de mort myst'erieuse.
27 – QUI ME TOUCHE A LA PESTE
Fant^omas et Hans Elders venaient de p'en'etrer dans l’ossuaire 'elev'e au centre du cimeti`ere qui se trouvait enclos dans les b^atiments de l’usine.
Hans Elders livide, tremblant, n’osait faire un geste, n’osait dire une parole et semblait agir automatiquement, sans m^eme avoir le sentiment de ses actes.
Pour Fant^omas, la mine sombre, un 'eclair d’'energie dans les yeux, il paraissait en proie `a une col`ere furieuse et pr^et, au moindre mouvement suspect, `a se d'ebarrasser du mis'erable qu’il accusait de l’avoir trahi.
— C’est ici, interrogea le bandit que tu avais cach'e ce cr^ane ?
— Ici, ma^itre, et je ne sais si je vais le retrouver facilement.
Cette derni`ere d'efense de Hans Elders, cette derni`ere tentative qu’il faisait pour essayer d’abuser encore celui qui lui commandait de facon si hautaine, e^ut 'et'e grotesque, n’eussent 'et'e les circonstances.
Fant^omas r'epondit :
— Sur ta vie, Hans Elders, tu as cinq minutes pour me restituer ce qui m’appartient, ce que tu as eu l’audace insens'ee de voler.
Hans Elders, d`es lors, ne pouvait plus h'esiter. Il se jeta `a genoux sur le sol dall'e de l’ossuaire.
Ses mains qu’agitait un tremblement convulsif renversaient, en mouvements saccad'es, les piles de cr^anes qui s’'etageaient en pyramide contre la muraille. Bient^ot, dans la p'enombre du lieu, le cr^ane phosphorescent apparut, 'epouvantable `a voir, avec la grimace, le rictus sardonique que dessinaient les trous d’ombre des orbites et de la m^achoire.
— Ma^itre, ma^itre, r^ala Hans Elders, tu vois que je ne t’avais pas menti ? voil`a la t^ete de mort dont tu avais fait ta cachette.
Fant^omas n’avait pas attendu les explications de son complice. Il s’'etait pench'e sur Hans Elders et l’'ecartant brutalement, le renversant `a demi sur les dalles, il s’'etait empar'e avidement du cr^ane myst'erieux.
Le bandit, qui jadis avait invent'e cette ruse infernale de dissimuler `a l’int'erieur d’un cr^ane humain les parchemins qui pr'esentaient pour lui une si haute importance, ne put s’emp^echer de fr'emir en rentrant en possession de ces ossements qui sans doute, depuis pr`es de douze ans, lui hantaient l’esprit.
Fant^omas en oubliait presque la pr'esence de Hans Elders qui le fixait maintenant avec des yeux hagards…
Nerveusement, il retourna dans ses doigts la t^ete de mort.
Oui, il le reconnaissait, oui, c’'etait bien ce qu’il 'etait venu chercher au Natal. C’'etait bien ce cr^ane qui contenait les papiers de sa fille, de cette H'el`ene qui, lui disait-on, 'etait morte et qu’il voulait croire en vie dans la formidable incr'edulit'e que mettait en son coeur le sentiment paternel.
Incapable de r'eprimer son impatience, et alors qu’il n’e^ut pas voulu, pourtant, op'erer devant Hans Elders, Fant^omas qui connaissait, lui, pour les avoir machin'es, les secrets de ces ossements, cherchait le ressort myst'erieux. Le cr^ane s’ouvrit.
Mais alors qu’enfin Fant^omas pensait atteindre le but que depuis de longs jours il poursuivait, un cri de rage lui 'echappa.
`A l’int'erieur du cr^ane, il ne retrouvait rien. Les parchemins qu’il cherchait n’'etaient pas l`a. On les avait vol'es. On l’avait trahi. Il 'etait jou'e. Ce fut alors une sc`ene abominable… Fou de col`ere, Fant^omas se pr'ecipita sur Hans Elders. Il prit au collet le directeur de Diamond City, il lui cria :
— Mis'erable. O`u sont mes parchemins ? Tra^itre, deux fois tra^itre, qu’en as-tu fait ?
Hans Elders qui ne pouvait comprendre, lui qui n’avait jamais su d'ecouvrir le ressort ouvrant le cr^ane, comment les papiers que lui demandait Fant^omas avaient disparu, eut `a peine le temps de balbutier :
— Je ne sais pas.
Fant^omas, cette fois, n’'etait plus ma^itre de lui.
C’'etait d’un mouvement tout instinctif qu’il repoussait violemment Hans Elders qui tournoya sur lui-m^eme, 'etourdi, tr'ebuchant, pr^et `a s’'ecrouler.
Et c’'etait encore instinctivement que Fant^omas tira de sa ceinture son revolver, et sans m^eme prendre le temps d’ajuster Hans, tendit le bras et presque `a bout portant fit feu sur celui qu’il accusait de trahison.
— Mis'erable, tu paieras de ta vie d’avoir voulu te jouer de moi.
Hans, atteint en plein coeur, tomba sans un cri, tu'e roide, sur le sol du caveau.
Puis un silence effroyable, un silence o`u l’on n’entendait gu`ere que le souffle haletant, rauque de Fant^omas, de Fant^omas si indiff'erent au sort de Hans Elders qu’il avait d'ej`a presque oubli'e ce complice inutile, qu’il devait s’appuyer `a la muraille tant il 'etait lui-m^eme an'eanti, d'esesp'er'e par la disparition des parchemins auxquels il tenait avant tout.