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ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Le policier et le journaliste, d'esormais, suivaient la grande avenue bord'ee d’arbres, au bout de laquelle se trouvaient les faubourgs de Grenoble.

Ils avaient l’intention, aussit^ot arriv'es dans la ville, de prendre une voiture pour se rendre `a Dom`ene.

Mais `a peine avaient-ils atteint les premi`eres maisons des faubourgs, qu’ils s’'etonnaient de l’animation 'etrange qui r'egnait dans la population.

C’'etaient des conciliabules ardents, vifs, anim'es, entre les voisins qui bavardaient de porte `a porte.

Il y avait des gens qui couraient, levant les bras au ciel, d’autres qui rentraient dans leur maison, pr'ecipitamment, et qui en ressortaient rev^etant en h^ate un v^etement, coiffant un chapeau, partant tous dans la m^eme direction.

— O`u courent-ils donc ? se demandaient Juve et Fandor.

Les deux amis ne tardaient pas `a ^etre renseign'es.

Ils venaient d’aviser un montagnard arr^et'e au milieu de la rue. Ce montagnard 'etait dans une petite charrette que tra^inait un mulet : on faisait cercle autour de lui.

L’homme racontait quelque chose qui semblait semer l’'epouvante.

Juve et Fandor se m^elaient au groupe.

— Oui, disait l’homme, reprenant son r'ecit pour la vingti`eme fois, je descendais de la montagne, il y a de cela deux heures environ, et j’arrivais au bas de Sassenage, lorsque `a la sortie des cuves, l`a o`u d'ebouche le torrent, j’ai vu quelque chose d’insolite, qui obstruait le cours des eaux.

» J’ai saut'e de ma carriole, histoire de me rendre compte et, passant par-dessus le petit pont qui borde la route, je suis descendu dans le ravin, jusqu’au bord du torrent.

» Alors… oh ! c’est horrible ! je ne vous dirai jamais cela, j’ai vu un corps… un corps effroyablement broy'e, d'echiquet'e par des chutes successives, un corps ab^im'e par la violence des eaux qui tombent du haut de la montagne et courent sous terre dans les cuves de Sassenage…

» Naturellement, j’ai appel'e `a l’aide… quelqu’un est venu, un voisin, je crois, un des garcons du meunier.

» Et, `a nous deux, nous avons retir'e ce corps du torrent, j’ai vu la figure du noy'e, et malgr'e qu’elle 'etait toute d'echir'ee, toute tum'efi'ee, je l’ai reconnue…

» — Parbleu, que j’ai dit au garcon du meunier, je mettrais ma main au feu que ce malheureux-l`a, c’est Gauvin, le notaire !

Juve et Fandor se regardaient interloqu'es…

Juve questionna d’une voix blanche, s’adressant au paysan qui p'erorait du haut de sa carriole :

— Dites-moi, mon ami, cet homme 'etait-il mort ?

— Ah ! ben pour s^ur, monsieur, r'epliqua le montagnard, aussi mort qu’on peut l’^etre ; et d’ailleurs, ca n’est pas surprenant ! Si jamais vous vous amusiez `a descendre dans les cuves de Sassenage, `a vouloir en sortir au bas de la montagne par le tunnel o`u passe le torrent, je crois bien que vous n’arriveriez pas dans un meilleur 'etat que le pauvre Gauvin !

Juve s’'ecartait du groupe, prenait Fandor `a l’'ecart.

Le journaliste sugg'erait :

— Il s’est suicid'e ?

Mais Juve hochait la t^ete.

— Suicid'e ? J’en doute ! Les gens de l’esp`ece de Gauvin ne se tuent pas, car il faut avoir du courage pour se donner volontairement la mort…

— Alors, Juve ? demanda Fandor.

— Alors, poursuivit le policier, je me demande s’il ne s’agit pas l`a d’un nouveau crime de Fant^omas !

Puis le policier ajoutait :

— Je le saurai d’ailleurs d’ici une heure !

— Juve ! Juve ! s’'ecria Fandor, vous deviez me conduire jusqu’aupr`es de ma m`ere ?

— Mon devoir, r'epondit Juve, est de ne pas perdre une minute, et de courir sur les lieux o`u l’on a trouv'e le cadavre du malheureux notaire, afin de me renseigner sur les causes de sa mort…

» Quant `a toi, Fandor, poursuivit Juve, ta m`ere t’attend, pr'eoccup'ee, il importe que tu ailles imm'ediatement la rassurer sur ton sort.

» Il faut, en outre, que tu sois l`a, aupr`es d’elle, afin de la prot'eger lorsque Fant^omas reviendra, furieux de n’avoir pu prendre la fortune qu’il convoitait depuis si longtemps, et qu’il se croyait sur le point de voler…

» Va Fandor ! `A tout `a l’heure…

Fandor avait compris que la d'ecision de Juve 'etait irr'evocable, et, au surplus, le journaliste se r'ejouissait `a l’id'ee que d'esormais, sans perdre un instant, il allait pouvoir courir jusqu’`a Dom`ene, et y retrouver enfin cette m`ere que depuis si longtemps le hasard et le mauvais sort tenaient 'eloign'ee de lui…

— Entrez ! fit une voix douce et faible.

Fandor avait la main sur le bouton de la porte, il crut d'efaillir en entendant cette parole.

Le journaliste, apr`es avoir quitt'e Juve, avait trouv'e sur la place de Grenoble un taxi automobile auquel il donnait, d’une voix angoiss'ee, l’adresse de M me Verdon, `a Dom`ene.

Lorsqu’il arrivait dans la propri'et'e, le journaliste sonnait en vain `a la grille du jardin.

Nul ne lui r'epondait, `a l’exception des aboiements du gros chien Dick qui, malgr'e ses efforts, ne parvenait pas `a se lib'erer de la cha^ine qui le retenait attach'e `a sa niche.

Fandor n’attendait pas longtemps.

Inquiet de n’avoir point de r'eponse, il enjambait la grille, au risque de s’empaler sur les pointes de fer qui la surmontaient.

Il traversait en courant le petit parc, arrivait au perron de la maison.

La porte 'etait entreb^aill'ee, Fandor la poussa, s’introduisant dans le vestibule.

Il jetait un coup d’oeil `a droite et `a gauche, apercevait un salon simplement meubl'e, de bourgeoise apparence, puis une petite salle `a manger confortable ; plus loin il reconnaissait la porte de l’office et des cuisines.

Fandor, dont le coeur battait `a se rompre, montait rapidement au premier 'etage, plusieurs portes se trouvaient de part et d’autre du palier, il frappait `a l’une d’elle, au hasard, et c’est alors qu’une voix douce et lointaine, nullement m'efiante, lui avait doucement r'epondu : entrez !

Fandor, cependant, n’osait pas tourner le bouton de la porte…

Au surplus, il 'etait incapable d’agir, de remuer.

Il lui semblait que soudain une 'emotion trop violente venait de le paralyser, de l’immobiliser sur place.

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