Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Et, d`es lors, soucieux de la vraisemblance jusque dans les plus infimes d'etails, Fant^omas avait d'ecid'e d’amener `a Grenoble une certaine berline tra^in'ee par deux robustes et rapides chevaux, conduite par un homme `a sa d'evotion.
De l’ext'erieur, cette voiture paraissait normale, nullement surprenante.
Mais si, d’aventure, quelqu’un avait 'et'e amen'e `a la visiter de pr`es, `a en examiner l’int'erieur, il aurait certainement 'et'e des plus surpris, voire quelque peu 'epouvant'e.
Tout d’abord, les panneaux de la voiture, au lieu d’^etre faits de simple t^ole ou encore de bois vernis, 'etaient constitu'es par de solides parois d’acier qui, certainement, pouvaient r'esister aux plus brutales attaques.
C’'etait une voiture blind'ee, `a l’int'erieur de laquelle on se trouvait en s'ecurit'e contre les agressions ext'erieures et les coups de feu !
C’'etait une v'eritable casemate !
L’int'erieur du v'ehicule 'etait am'enag'e, non point comme une voiture ordinaire, mais comme une v'eritable redoute, une forteresse en miniature.
Au fond, il y avait un si`ege, une banquette m'ediocrement rembourr'ee, o`u pouvaient s’asseoir trois personnes, mais en face se trouvait tout un assortiment d’armes pendues `a un r^atelier, et des caissons dans lesquels 'etaient des munitions.
Au milieu, enfin, fix'e au plancher, se trouvait une sorte de support dont, `a premi`ere vue, on ne concevait pas bien l’utilit'e.
Quiconque 'etait renseign'e sur la destination de ce support savait, par contre, qu’il avait pour but de recevoir une mitrailleuse, qu’en l’espace d’une seconde on l’y pouvait fixer et que, pivotant sur une charni`ere, articul'ee dans tous les sens, elle permettait, de l’int'erieur de la voiture, de viser tous les gens que l’on voulait atteindre au passage.
Cette voiture blind'ee, cette forteresse roulante, c’'etait la derni`ere invention de Fant^omas !
Or, une demi-heure `a peine apr`es la violente altercation du G'enie du crime avec le notaire Gauvin, un quart d’heure apr`es le moment o`u celui-ci avait 'et'e ligot'e par le Bedeau, sur les ordres du bandit, les grelots des chevaux avaient retenti dans la nuit et le v'ehicule 'etait venu se ranger devant le perron de la demeure que l’on d'esignait commun'ement dans le pays pour ^etre la maison de M me Verdon.
D`es lors, la porte de la propri'et'e s’ouvrait, deux hommes drap'es dans les manteaux noirs apparaissaient, portant un corps ligot'e, qu’ils jetaient dans le v'ehicule.
Les deux hommes y montaient 'egalement ; l’un d’eux disait au cocher :
— Conduis-nous `a Sassenage et vivement !
Les chevaux, sollicit'es d’un violent coup de fouet, d'emarraient en bondissant.
Quelques instants avant, dans l’intervalle du temps qui s’'etait pass'e entre le ficelage de Gauvin et le d'epart de la voiture, Fant^omas 'etait remont'e aupr`es de M me Rambert.
Le bandit 'etait dans une violente col`ere, mais il dissimulait ses sentiments d`es lors qu’il 'etait en face de la vieille dame.
Et de ce ton doucereux et aimable qu’il savait si bien prendre pour donner le change et duper les gens, Fant^omas avait d'eclar'e `a M me Rambert :
— Excusez-moi de vous quitter subitement, j’esp'erais passer la nuit `a votre chevet, la chose est malheureusement impossible. Je viens d’avoir une importante conversation avec le notaire Gauvin, il en r'esulte que j’ai diverses pi`eces `a signer avant de pouvoir entrer en possession de la fortune dont vous ^etes propri'etaire, mais que vous me transmettez, pour que je puisse sauver J'er^ome Fandor.
» Je pars `a l’instant, dormez tranquille… et soyez assur'ee que, vu mon activit'e, notre enfant ne court aucun danger !
Fant^omas s’'etait 'eclips'e sans 'ecouter les remerciements que lui prodiguait M me Rambert, laquelle, quelques instants apr`es, s’assoupissait heureuse d’avoir, du moins elle le croyait, retrouv'e son cher mari 'Etienne Rambert, confiante dans l’avenir, confiante dans le lendemain qui allait ^etre une journ'ee b'enie pour elle, puisqu’elle allait enfin revoir son fils !
La voiture cependant traversait Grenoble `a toute allure, puis, `a l’extr'emit'e de la ville, apr`es avoir franchi le pont suspendu qui r'eunit les deux rives du Drac, elle s’engageait sur la route de Sassenage.
Il y avait, `a l’int'erieur du v'ehicule, les deux hommes drap'es de manteaux noirs, et au milieu d’eux, un malheureux ^etre ligot'e si 'etroitement, qu’il ne pouvait faire un mouvement.
Il ne pouvait 'egalement prononcer une parole, ayant un b^aillon serr'e sur les l`evres.
Les deux gardiens de ce prisonnier, c’'etaient Fant^omas et le Bedeau ; le prisonnier ligot'e n’'etait autre que Gauvin, le notaire.
Au bout d’une vingtaine de minutes, le v'ehicule qui avait ralenti sa marche, car il montait une rampe fort abrupte, s’arr^eta sur le bord du chemin.
— Allons ! ordonna Fant^omas qui jusqu’alors n’avait pas prononc'e une parole, descends, Gauvin !
Et comme le malheureux ne pouvait pas bouger, Fant^omas faisait un signe au Bedeau, qui, d’un coup sec de la lame de son couteau, tranchait les liens qui emp^echaient le notaire de marcher.
Celui-ci descendit ou pour mieux dire, tomba hors de la voiture.
Il tr'ebuchait, en effet, il s’'ecorcha les genoux sur les pierres du chemin.
Fant^omas raillait :
— As-tu donc si peur, Gauvin, fit-il, que tu ne peux mettre un pied devant l’autre ?
Le malheureux notaire 'etait livide. Fant^omas d'enoua le b^aillon qui maintenait ses l`evres closes.
— Et maintenant, dit-il, en sortant son revolver pour interdire `a Gauvin toute vell'eit'e de fuite, marche devant moi !
Le notaire, en titubant d’'epouvante, faisait quelques pas.
Il s’arr^eta soudain, face `a la montagne.
— O`u dois-je aller ? demanda-t-il, d’une voix qui tremblait.
Celle de Fant^omas retentit plus tonitruante, plus ironique que jamais.
— Tu le vois bien, droit devant toi !
Devant Gauvin se trouvait, perc'ee dans la montagne, une sorte de cavit'e obscure, d’o`u provenaient des rumeurs 'etranges.
On 'etait `a l’entr'ee des fameux souterrains connus sous le nom de Cuves de Sassenage.