Чтение онлайн

ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
Шрифт:

— Moi, j’demande rien, d'eclarait-il. Si les rideaux ouverts ca te g^ene, va les fermer toi-m^eme, Geoffroy…

Geoffroy n’eut garde de bouger.

— Oh ! moi, faisait-il, ca ne me g^ene pas…

Les deux forts de la Halle, silencieux, se tassaient l’un contre l’autre, grill'es par le feu, mais ne voulant ni l’un ni l’autre quitter l’abri que semblait leur offrir la chemin'ee.

Pourtant, au bout de quelques instants, ils sursautaient encore.

Oh ! cette fois, le doute n’'etait pas permis, il 'etait certain que quelque chose se passait qui n’'etait ni ordinaire ni naturel. S^urement, on avait heurt'e `a la fen^etre. S^urement, on avait march'e dans le jardin…

Le bruit avait 'et'e cette fois assez distinct, avait paru si proche que le doute n’'etait pas possible.

— Va fermer les rideaux, supplia presque Geoffroy…

Beno^it le Farinier, `a voix basse, proposa :

— Viens les fermer avec moi…

Mais ils n'e bougeaient ni l’un ni l’autre.

Une nouvelle bouteille de vin, la derni`ere des six, fut d'ecachet'ee sans que les deux hommes eussent seulement tourn'e la t^ete.

— Allons, `a la tienne !…

— `A la tienne, mon vieux !

Beno^it, ayant bu, s’essuyait poliment la bouche sur le revers de sa manche, ce qu’il consid'erait comme 'etant une preuve de supr^eme 'el'egance.

— Voil`a, d'eclarait-il brusquement. Si tu veux mon avis, je vais te dire quelque chose : eh bien, ici, on est rudement install'e… le vin est fameux, le rhum gratte bien le gosier ; pour la viande, y a rien `a dire, et les lits sont assez grands. Seulement, rapport `a ce qu’on sait que Fant^omas est dans le pays, on n’est pas assez tranquille… Alors, dame…

Un juron retentit, pouss'e par Geoffroy la Barrique.

— Ah ! nom de Dieu ! tout de m^eme, ce coup-ci…

Un caillou venait de heurter violemment les fen^etres de la cuisine. Il n’avait pas cass'e les carreaux, mais il les avait 'ebranl'es avec force.

Qu’'etait-ce donc ?

Que se passait-il au juste ?

Les deux forts de la halle, incapables de ma^itriser leur 'emotion, s’'etaient, cette fois, lev'es d’un m^eme mouvement.

Leur curiosit'e 'etait plus forte que leur peur. Tout en s’enfoncant dans la chemin'ee pour s’'ecarter le plus possible de cette maudite fen^etre, ils se retournaient pour voir.

— Ah ! sang Dieu ! jura encore Geoffroy la Barrique… tu as vu ?

Il tendait son 'enorme main, sa main velue qui tremblait, dans la direction de la fen^etre…

— Tu as vu ? r'ep'etait-il, haletant, le front moite, la gorge serr'ee, parlant d’une voix rauque. Tu as vu, l`a… contre le carreau… comme une t^ete d’homme, un jeune homme… qui nous regardait… Ah ! par exemple…

Beno^it le Farinier avait tout autant d’'emotion que Geoffroy la Barrique.

Lui aussi haletait :

— Oui, oui, j’ai vu…

— Ah ! bon sang de bon sang ! qu’est-ce que ca veut dire ? quel sacr'e patelin !… S^urement qu’il va se passer des choses !… Malheur de malheur !… Qu’est-ce qu’il faut faire ?

Geoffroy la Barrique commencait `a se remettre de son acc`es de frayeur, mais il s’en remettait `a la facon dont les poltrons se gu'erissent de l’'epouvante. Une r'esolution d'esesp'er'ee lui venait :

— Voil`a, articula Geoffroy la Barrique… ca, mon vieux, c’est des choses… qu’on ne peut pas comprendre, nous autres. Probable qu’y se trafique des manigances qui ne sont ni claires ni bonnes… C’est Fant^omas, peut-^etre bien, qui se balade par ici, et je te dis une bonne chose, Beno^it…

— Laquelle, mon vieux ?

— Dame, qu’on est bien ici, mais qu’on n’est pas tranquille !

— Et alors ?

— Et alors, acheva Geoffroy, je te r'ep`ete cette bonne chose : Foutons le camp !…

— Foutons le camp !… accepta imm'ediatement Beno^it le Farinier.

Les deux hommes sortirent de l’abri de la chemin'ee en se glissant le long des murs. Dans un coin de la cuisine 'etaient d'epos'es leurs bonnets de coton, accroch'es `a la poign'ee de leurs 'enormes cannes. Ils s’en saisirent, puis Geoffroy marchant en t^ete, et Beno^it le suivant, la main sur sa blouse, comme un enfant qui a peur, ils se rapproch`erent de la porte.

— Foutons le camp… r'ep'etait Beno^it le Farinier.

— S^urement, approuva Geoffroy.

Ils ouvrirent la porte brusquement.

Il y avait `a peine un soupcon de clair de lune ; le jardin qui entourait la propri'et'e 'etait plong'e dans les t'en`ebres 'epaisses, mais le vent apportait des bouff'ees odorantes toutes charg'ees du parfum des champs de roses voisins.

Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique ne s’attard`erent pas `a go^uter la po'esie de la nuit. La porte `a peine ouverte, ils se jet`erent au bas des quelques marches qui formaient le perron, et se pr'ecipit`erent dans la grande all'ee qui rejoignait la route, passant au bord de la propri'et'e.

Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique se prirent `a courir de toutes leurs forces.

— Vite, vite, disait Geoffroy…

Et Beno^it, qui s’'epoumonait pourtant, surench'erissait encore :

— Vite, nom d’un chien, plus vite…

Sans esprit de retour, les deux forts de la Halle, abandonnaient Haarlem…

Que s’'etait-il pass'e cependant, et quelle 'etait la cause de la terreur qui chassait du domicile de M. Eair, Geoffroy la Barrique et Beno^it le Farinier ?

Il 'etait minuit `a peine lorsque les deux forts s’enfuyaient sur la route, et depuis deux heures environ, un drame 'etrange, une aventure extraordinaire, se d'eroulaient en r'ealit'e dans les d'ependances de la propri'et'e.

`A dix heures du soir, en effet, un homme aux gestes souples, `a l’attitude r'esolue, avait tranquillement enjamb'e la cl^oture du jardin et lestement saut'e sur le sol.

Il faisait beaucoup trop noir pour qu’on p^ut distinguer les traits de l’inconnu qui p'en'etrait ainsi chez M. Eair. Toutefois, `a sa d'emarche m^eme, il 'etait ais'e de deviner que cet homme 'etait en r'ealit'e fort jeune et qu’il portait des habits, sinon recherch'es, du moins d'enotant une certaine 'el'egance.

Поделиться с друзьями: