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ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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— Ah ! par exemple ! disait le courtier en parfumerie, vous !… vous ici !… je ne vous avais pas reconnu, vous, ma^itre !… vous, Fant^omas !

`A quoi Fant^omas, car la vieille n’'etait autre, en effet, que le terrible G'enie du crime, ripostait en riant :

— Eh oui, imb'ecile, c’est bien moi !… La vieille dame, c’est bien Fant^omas, comme M. Jussieu est bien… Ma Pomme !

Vingt minutes plus tard Fant^omas, qui d’ailleurs avait remis sa perruque et son chapeau de vieille femme, causait ardemment avec l’extraordinaire M. Jussieu, qu’il s’obstinait `a appeler Ma Pomme, ainsi qu’il 'etait naturel, puisque M. Jussieu 'etait en r'ealit'e l’apache de ce nom.

Fant^omas interrogeait :

— Alors, faisait-il la voix br`eve… continue, poursuis… tu en 'etais au moment o`u, devant cet imb'ecile de d'etective, tu faisais semblant de t’'evanouir `a nouveau… Qu’arriva-t-il ensuite ?

Ma Pomme, `a ce moment, avait la face la plus joyeuse du monde et riait de tout son coeur. Il s’octroyait de grandes claques sur les cuisses, et paraissait au comble du contentement.

— Attendez, faisait-il, attendez, ma^itre… vous allez voir que je ne suis pas la moiti'e d’une gourde…

Et, faisant une pause pour rire, il reprenait bient^ot :

— Donc, ma^itre, j’avais `a ce moment `a peu pr`es rempli la mission dont vous m’aviez charg'e. J’avais, en effet, pr'evenu la police que Fant^omas, que vous, par cons'equent, vous menaciez quelqu’un, quelqu’un qui n’'etait autre que moi, et qu’en cons'equence, vous deviez ^etre `a Bruxelles. La police m’avait envoy'e promener, et j’avais 'et'e voir un d'etective priv'e. Chez ce d'etective priv'e, enfin, je simulais un vol, jetant au feu les faux billets de banque qui garnissaient ma serviette, hurlant comme un putois, et m’'evanouissant comme une jeune mari'ee. Dans ces conditions, Job Tylor 'etait 'evidemment pr^et `a certifier que le vol avait bien 'et'e commis par Fant^omas et qu’en cons'equence vous 'etiez bien `a Bruxelles. C’'etait ce que vous vouliez, n’est-ce pas, ma^itre ?

— Exactement, approuva Fant^omas. Continue !

Ma Pomme prit un air avantageux.

— Dans ces conditions, ma^itre, j’aurais pu tout tranquillement ne pas poursuivre les choses, mais j’ai voulu avoir la victoire jusqu’au bout.

— Et alors ?

— Et alors, ma^itre, pendant que cet excellent Job Tylor, victime de mon stratag`eme, se d'emenait pour me tirer d’un 'evanouissement qui n’avait jamais exist'e, je faisais preuve de v'eritables qualit'es que vous appr'ecierez, j’en suis s^ur.

Fant^omas, en entendant cela, ne put s’emp^echer de sourire.

— Ne te f'elicite pas toi-m^eme, murmura-t-il. Raconte simplement ce que tu as fait, je saurai fort bien l’appr'ecier.

Mais cette r'eprimande ne troublait nullement Ma Pomme qui continuait, faisant preuve d’un certain orgueil :

— Il n’'etait pas difficile de me tirer de mon 'evanouissement, puisque je n’'etais pas 'evanoui. Bient^ot donc, n’ayant aucun go^ut pour les seaux d’eau que Job Tylor me versait sur la t^ete, je daignais me r'eveiller. `A cet instant, le d'etective m’interroge avec angoisse. Je lui contai une surprenante histoire que Fant^omas 'etait entr'e par la fen^etre… qu’il m’avait aux trois quarts assomm'e, et qu’il m’avait d'epouill'e de mes billets de banque. Puis, j’ajoutai que je voulais porter plainte, qu’il 'etait abominable que la police officielle ait refus'e de me prot'eger… bref, je menacai de faire un scandale `a tout casser.

Fant^omas 'ecoutait les discours de son complice, souriant toujours. Il interrogea encore :

— Et que fis-tu alors ?

Mais Ma Pomme 'etait secou'e d’un nouvel 'eclat de rire. Il dut vaincre son hilarit'e pour achever son r'ecit :

— Eh bien, Fant^omas, disait-il, c’est l`a o`u l’histoire devient amusante… Tr`es 'emu, Job Tylor m’'ecouta : il croyait sinc`erement `a votre venue, et il voulait, disait-il, mener les choses rondement. Bref, un quart d’heure apr`es, j’'etais dans le cabinet du procureur g'en'eral en compagnie de mon d'etective, criant, hurlant, menacant de dire `a la presse comment la police officielle m’avait envoy'e promener, faisant, enfin, tant de potin, que le procureur g'en'eral commencait `a trembler pour sa charge !

`A cet instant, Ma Pomme 'eclatait de rire encore. Fant^omas, qui 'etait de bonne humeur 'evidemment, le pressa :

— Tu riras tout `a l’heure, imb'ecile, grommelait-il. Parle donc… Que fit le procureur g'en'eral ?

— Il fit quelque chose `a quoi je ne m’attendais pas, d'eclarait-il. Il acheta mon silence !

Et, mettant la main dans sa poche, le faux M. de Jussieu sortait une liasse de billets de banque qu’il brandissait joyeusement :

— Le procureur g'en'eral marcha comme un tambour-major. Tenez, patron, voil`a ce qu’il a raqu'e : vingt-cinq billets. Et j’aurai la suite dans deux jours `a Paris. Ah ! le pauvre homme… il avait une frousse, voyez-vous… C’est ma faute, disait-il. On vous a vol'e parce que je ne vous ai pas fait prot'eger : je ne veux pas que la presse s’empare de l’histoire, je vous rembourserai… Et il m’a rembours'e !…

Ma Pomme se roulait sur les coussins du wagon… En fait, l’histoire 'etait dr^ole et Ma Pomme la racontait avec sinc'erit'e. Il 'etait exact que Job Tylor avait 'et'e victime de la com'edie jou'ee par le faux M. Jussieu. Le d'etective n’avait pas suppos'e un instant que son soi-disant client abusait de sa cr'edulit'e, il avait cru que Fant^omas l’avait d'epouill'e, et, naturellement, il lui avait dit de protester contre l’indiff'erence dont avait fait preuve `a son endroit, la police belge officielle.

Tout naturellement alors, le procureur g'en'eral avait eu peur d’avoir des ennuis ; il avait donc pr'ef'er'e de beaucoup rembourser `a Ma Pomme, dont il 'etait loin de soupconner la v'eritable identit'e, les sommes soi-disant d'erob'ees. Ma Pomme tendait les billets de banque `a Fant^omas.

— Voil`a, patron, disait-il, voil`a comment je m’acquitte des commissions que l’on me donne ! Qu’est-ce que vous en dites ?

Or, Fant^omas, `a son tour, riait franchement.

— Je dis, d'eclarait-il, que tu commences `a ^etre bon `a quelque chose, Ma Pomme. Tout cela n’a pas 'et'e mal. Garde donc ces billets, ils sont `a toi…

Ma Pomme allait remercier, mais Fant^omas continuait `a parler :

— D’ailleurs, ajoutait-il, je n’aurais aucun droit pour te les enlever, car je ne t’avais pas envoy'e `a Bruxelles pour op'erer un vol, mais tout simplement pour donner le change `a Juve et `a Fandor, leur faire croire que j’avais quitt'e Amsterdam et que je rentrais `a Paris.

Fant^omas souriait bonassement ; il allait peut-^etre confesser `a Ma Pomme que la ruse avait r'eussi, et qu’en r'ealit'e Juve et Fandor se trouvaient dans le m^eme train o`u ils 'etaient tous les deux, lorsque `a cet instant, brusquement, ob'eissant sans doute `a quelque signal d’un disque, le train s’arr^eta.

Il y avait alors de brusques soubresauts, les wagons se heurtant les uns les autres, et cela devait occasionner le r'eveil du paralytique, car celui-ci bougeait, se penchant en avant, au risque de perdre son 'equilibre.

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