Чтение онлайн

ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
Шрифт:

`A peine avait-il dit ces mots qu’il s’inclinait, et, sans attendre de r'eponse, quittait Delphine Fargeaux pour s’approcher de la Recuerda :

— Ma ch`ere, d'eclarait-il `a l’Espagnole, qui le regardait avec surprise, cette petite Fargeaux est compl`etement folle. Il faut `a tout prix qu’elle cesse de nous g^ener. T^achez d’^etre raisonnable. Tout `a l’heure je partirai avec elle. Demain je vous verrai. J’ai `a causer avec vous.

Il sourit en disant ces mots, puis salua. Et, deux minutes plus tard, Stolberg s’arr^etait, respirait profond'ement :

— Mais, sapristi, dit-il, cela sent terriblement le gaz, ici.

— Et comment qu’ca sent l’gaz ! Ca l’pue `a plein nez !

C’'etait un marchand de quatre-saisons mis au violon pour refus de circuler qui donnait la r'eplique au baron Stolberg.

Mais, bient^ot, chacun faisait chorus :

— Cela infecte le gaz, d'eclarait l’un des jeunes gens arr^et'e sur les marches de l’Op'era, c’est `a croire qu’une tuyauterie quelconque est crev'ee et qu’il y a une fuite.

— 'Ecoutez donc.

Un autre jeune homme, qui avait tendu `a Stolberg une carte portant le nom : vicomte de Paluce, demandait le silence. On entendit alors une sorte de sifflement.

— Mais, reprit le baron, c’est parfaitement exact ; il y a un tuyau rompu, nous allons ^etre asphyxi'es.

`A l’endroit m^eme o`u il s’'etait appuy'e `a la muraille, quelques instants auparavant, et de facon si naturelle que personne ne s’'etait inqui'et'e de ses gestes, une tuyauterie apparente tranch'ee d’un coup de canif, l^achait du gaz.

— Nous allons ^etre asphyxi'es.

Rapidement, Stolberg traversant le violon, frappa la porte.

— Y a-t-il des agents ici ? criait-il, au secours !

La voix brutale du brigadier s’informa :

— Voulez-vous rester tranquilles, l`a-dedans, qu’est-ce qu’il y a encore ?

— Ouvrez, criait le baron. Il y a une fuite de gaz. Nous allons p'erir asphyxi'es dans votre violon.

La chose 'etait grave, 'evidemment. Le brigadier, quelle que f^ut sa brutalit'e et son intransigeance, n’osait pas refuser de v'erifier une pareille affirmation : il entrouvrit la porte, renifla, se convainquit qu’on ne lui avait pas menti.

— Ah, saloperie de saloperie, bougonna le brave gardien, c’est tout de m^eme vrai que ca pue le gaz, bon Dieu de nom d’un chien ! Je ne peux pourtant pas vous laisser crever l`a-dedans et, d’autre part, j’aurais beau fermer le compteur, il ne commande pas cette conduite.

Le brigadier discuta quelques instants avec ses hommes qui, tous, 'etaient unanimes `a d'eplorer l’arrestation des gens du monde :

— Eh bien, d'ecida-t-il subitement radouci, il n’y a qu’un moyen de s’en sortir, puisqu’on ne peut plus vous garder au poste sous peine de vous asphyxier et que je n’ai pas d’autres endroits pour vous mettre, je m’en vais vous rel^acher. Allons, foutez le camp, mais ne recommencez pas ! Allez, caltez tous. Caltez, nom d’un chien ! Vous aussi, les marchands de quatre-saisons, faut pourtant pas vous faire crever comme des lapins dans un terrier. Ah, par exemple, qu’est-ce qu’il va me chanter, le commissaire, quand il saura !

Et, pendant que les prisonniers, surpris, se h^ataient de quitter le poste, le brigadier appelait ses hommes :

— Eh bien, qu’est-ce que vous foutez l`a, `a b^ailler comme des carpes, bon sang ? Ce n’est pas malin, allez vite r'equisitionner un plombier, qu’il vienne aplatir le tuyau, boucher la fuite, faire ce qu’il faut, enfin.

Dehors, sur le trottoir, avec des poign'ees de mains cordiales, les jeunes gens arr^et'es `a l’Op'era se s'eparaient en plaisantant sur leur courte captivit'e. La Recuerda avait appel'e un fiacre, s’'etait 'eloign'ee. Tr`es `a l’aise, le baron Stolberg faisait monter Delphine Fargeaux dans une auto, saluait encore courtoisement ceux qu’il avait bien involontairement fait arr^eter, revenait vers la voiture, jetait une adresse au cocher :

— Vous ^etes jolie, commenca Stolberg, entrant dans la voiture o`u Delphine Fargeaux, ahurie, l’attendait.

26 – VICTIME DU COCHER

— Vous ^etes jolie, madame. Vous ^etes exquise, et je ne saurais trop b'enir les incidents de la soir'ee puisqu’ils me permettent de me trouver `a c^ot'e de vous `a cette minute et qu’ils sont cause du bonheur que j’ai `a vous entretenir ainsi.

D’une voix charmeuse, avec des accents savamment 'etudi'es, le baron Stolberg parlait `a Delphine Fargeaux. Et c’'etait pour la jeune femme, en v'erit'e, un grand honneur d’entendre le Baron parler ainsi. Depuis la veille au soir, elle r^evait de cet entretien. Il survenait enfin, elle ne pouvait croire `a sa chance et elle oubliait presque la facon plut^ot extraordinaire dont elle avait fait la connaissance du baron Stolberg. Delphine Fargeaux, qui n’'etait pas d’une intelligence supr^eme, qui incarnait `a merveille le type de la petite provinciale gris'ee par la vie parisienne, se laissait prendre `a toutes les fadeurs, `a tous les compliments, pourvu qu’ils fussent dits avec une jolie voix et un accent convaincant, ferma les yeux, parut se recueillir, r'epondit lentement `a voix basse :

— Si vous ^etes heureux d’^etre avec moi, croyez, cher monsieur, que je n’'eprouve pas moins de plaisir `a me trouver `a vos c^ot'es. J’avais peur pour vous d’ailleurs. Cette femme, cette 'epouvantable femme qui s’est jet'ee sur moi tout `a l’heure…

— Oh je vous en prie, madame, ne g^atons pas l’heure pr'esente en 'evoquant de vilains souvenirs. Oublions.

Cela ne faisait pas l’affaire de Delphine Fargeaux. Malgr'e la pri`ere que l’on venait de lui adresser, elle demanda donc :

— C’est votre ma^itresse, cette femme ?

— Ne pensez pas `a elle, et si je ne vous d'eplais point, laissez-moi en paix vous regarder, vous admirer, sans me troubler du souvenir d’une importune.

Il n’y avait, cette fois, rien `a r'epondre. Delphine Fargeaux sourit, donna trois chiquenaudes `a sa coiffure, chercha la pose la plus coquette, se serra un peu contre Nicolas Stolberg :

— O`u me menez-vous ? interrogea-t-elle curieuse. Savez-vous que tout `a l’heure, vous m’aviez propos'e de me reconduire chez moi. Or la voiture file et vous ne m’avez m^eme pas demand'e mon adresse.

— Vous m’en voulez beaucoup ? Vous ne me pardonnerez jamais ?

— Mais vous ne r'epondez pas ! s’'ecriait Delphine Fargeaux.

— C’est probablement que je n’ose pas, madame.

— Je parie que vous avez donn'e votre adresse au cocher.

— Je ne vous conduis pas chez moi, disait-il, j’aurais horreur, lors d’une premi`ere entrevue, de vous amener dans un appartement o`u d’autres femmes que je n’aimais pas sont venues. Je vous conduis dans un endroit pauvre, situ'e au fond du plus d'etestable des quartiers, `a Grenelle. Dans un endroit pauvre, o`u, jolie mignonne, je vais quelquefois r^ever lorsque le spleen m’envahit, lorsque je me sens le coeur las et bris'e. L`a, j’imagine, plus qu’ailleurs, nous serons tranquilles.

— Je n’aurai pas peur tant que vous serez l`a.

Delphine Fargeaux s'eduite, conquise, par les galantes paroles de son beau compagnon, parlait en toute sinc'erit'e. Quelques instants plus tard, le fiacre s’arr^etait `a la porte d’une pauvre demeure, d’une maison d’ouvriers situ'ee `a quelque distance du boulevard Garibaldi, au coeur m^eme de Grenelle.

— C’est ici ?

— C’est ici, madame, que je vous conduis.

Stolberg, en frac, le claque sur la t^ete, l’oeillet `a la boutonni`ere, paya d’un geste 'el'egant son cocher, refusant de prendre la monnaie du louis d’or qu’il lui avait tendu, il sonna, il se tourna souriant vers Delphine Fargeaux :

Поделиться с друзьями: