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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Il y avait l`a des gens dont les noms ou les surnoms, lorsqu’ils seraient connus de Juve, ne laisseraient certes point d’impressionner vivement le policier. Les agents avaient arr^et'e en effet des gaillards tels que Mort-Subite, B'eb'e. Des femmes, connues parmi les apaches, pour ^etre des moins recommandables, telles que la Chol'era et Ad`ele. Enfin, on avait 'egalement envoy'e au d'ep^ot une paire d’amis qui, apr`es avoir 'et'e s'epar'es dans « le panier `a salade », s’'etaient retrouv'es dans la salle commune des sous-sols de la Tour-Pointue, et s’en 'etaient congratul'es avec une spontan'eit'e touchante. C’'etaient Bec-de-Gaz et OEil-de-Boeuf. Ils avaient donn'e la com'edie `a tous ceux qui les entouraient. Le gros OEil-de-Boeuf, larmoyant, 'etait tomb'e dans les grands bras noueux de son gigantesque copain Bec-de-Gaz, et tous deux, 'em'ech'es d’ailleurs, protestaient `a n’en plus finir de la sympathie qu’ils 'eprouvaient l’un pour l’autre et de la joie qu’ils avaient `a se retrouver.

***

Le lendemain matin, d`es l’aube, Juve et M. Havard qui n’avaient pas pris un seul instant de repos se trouvaient dans un bureau de la S^uret'e qui communiquait par l’int'erieur du Palais avec le d'ep^ot. Les deux hommes proc'edaient `a de rapides enqu^etes, d'esireux d’agir et d’interroger les individus arr^et'es avant que le Parquet ne commette un juge d’instruction.

Juve, qui s’'etait absent'e quelques instants, revint dans le cabinet o`u se tenait M. Havard.

— Eh bien ? interrogea le chef de la S^uret'e, vous venez de la revoir, que dit-elle ?

Juve, en effet, s’'etait rendu `a l’infirmerie du d'ep^ot et avait eu un long entretien avec Delphine Fargeaux. La malheureuse, certes, 'etait toujours aussi folle depuis que, gr^ace aux soins 'eclair'es du docteur survenu `a temps, elle avait 'et'e rappel'ee `a la vie. La jeune femme, toutefois, avait eu quelques 'eclairs de lucidit'e dont Juve profitait. Et, revenu aupr`es de M. Havard, le c'el`ebre inspecteur de la S^uret'e racontait :

— Il y a un fait certain, c’est que l’infant d’Espagne doit ^etre coupable.

— Hein ? fit M. Havard, `a quel propos me dites-vous cela ? Et que vient faire don Eugenio dans les histoires du pont Caulaincourt ?

— Le lien est assez difficile `a 'etablir, mais pas impossible cependant. Cette malheureuse Delphine Fargeaux, au cours de ses nombreuses divagations, m’a cependant signal'e trois faits pr'ecis. Je dirai plus, elle a port'e trois accusations cat'egoriques. Tout d’abord, elle m’a affirm'e que l’infant d’Espagne avait assassin'e sa ni`ece Merc'ed`es de Gandia. Elle a d'eclar'e ensuite avoir vu une Espagnole, une certaine la Recuerda, que nous connaissons pour fr'equenter assid^ument le monde des apaches et n’avoir pas une identit'e bien nette, assassiner devant elle notre ami Backefelder. Vous savez en effet, monsieur Havard, que ce malheureux Am'ericain, qui s’est si malencontreusement fourvoy'e dans l’entourage de Fant^omas a 'et'e trouv'e chez lui, tu'e myst'erieusement d’un coup de poignard au coeur. L’assassin en serait cette Espagnole, aux dires de Delphine Fargeaux. Enfin la malheureuse – c’est l`a sa troisi`eme accusation, – m’a suppli'e de prot'eger le plus t^ot possible un certain baron qui habiterait boulevard Malesherbes, le baron Stolberg. Cet homme, dont Delphine Fargeaux se d'eclare amoureuse, serait un des amants de la Recuerda, et `a ce titre en danger de mort. Quant `a son ensevelissement et aux 'ev'enements qui l’ont pr'ec'ed'e, la pauvre fille ne semble en avoir gard'e aucun souvenir.

M. Havard, abasourdi, 'ecoutait le r'ecit de Juve, qui, bien que net et cat'egorique, lui paraissait incompr'ehensible, inadmissible, surtout. Le chef de la S^uret'e haussa les 'epaules.

— Tout cela est extraordinaire, mais je vous ferai remarquer Juve que ces renseignements, vous les tenez d’une insens'ee, qu’il est difficile en cons'equence d’y ajouter foi.

Pour toute r'eponse, Juve appuya sur un timbre. Un garcon de bureau se pr'esenta :

— La personne que j’ai fait demander est-elle arriv'ee ? interrogea-t-il.

— Oui, monsieur l’inspecteur.

— Bien, fit Juve, vous l’introduirez dans cinq minutes.

Puis, se tournant vers M. Havard, le c'el`ebre inspecteur acheva sa pens'ee :

— Je suis assez dispos'e `a croire `a la culpabilit'e de l’infant, d'eclara-t-il, parce que don Eugenio, avait un puissant int'er^et `a la mort de sa ni`ece.

— Lequel ?

— Il en h'erite, tout simplement. Et Merc'ed`es de Gandia, par son p`ere, poss'edait une fortune immense. Don Eugenio, par contre, n’a que des revenus modestes. `A la mort de sa ni`ece, il a recueilli sa succession et est devenu millionnaire.

— 'Evidemment, fit M. Havard, c’est l`a un argument, mais il me para^it fort insuffisant. Je me pr'eoccupe surtout pour le moment de d'ecouvrir ce fameux cocher John. N’est-ce pas, Juve ?

Le policier allait r'epondre, mais les cinq minutes 'etaient 'ecoul'ees et l’huissier introduisit, dans le bureau des hauts fonctionnaires de la S^uret'e, un personnage v^etu d’une longue redingote noire, coiff'e d’un haut de forme l'eg`erement d'efra^ichi, et dont la silhouette e^ut 'et'e macabre si le visage de cet homme, bourgeonnant et 'epanoui, n’avait respir'e la gaiet'e et l’entrain. Le nouveau venu n’'etait autre que Coquard qui ignorait encore tout des aventures tragiques survenues `a sa bien-aim'ee Delphine :

— Messieurs, d'eclara-t-il en s’inclinant, j’ai bien l’honneur de vous saluer. Vous m’avez fait demander tout `a l’heure, et si j’ai pu arriver aussi vite, c’est que, pr'ecis'ement, j’arrivais `a mon administration au moment o`u votre messager m’a rencontr'e.

— Monsieur, dit Juve, nous avons besoin de votre t'emoignage dans une affaire d'elicate, importante et nous allons vous prier de rassembler vos souvenirs afin de nous r'epondre avec pr'ecision. C’est bien vous qui vous ^etes occup'e, il y a quelques semaines, des obs`eques de la ni`ece de l’infant d’Espagne, M lle Merc'ed`es de Gandia ?

— J’ai eu cet honneur.

— Bien, j’imagine que dans votre profession vous ^etes amen'e `a prendre un contact direct non seulement avec les familles, mais encore avec les d'efunts eux-m^emes. Je veux savoir si vous avez vu personnellement la ni`ece de l’infant d’Espagne ?

— J’ai vu la morte, en effet, monsieur.

— Pourriez-vous la d'ecrire ?

— C’'etait une personne de vingt `a vingt-cinq ans environ, assez grande, jolie, m’a-t-il sembl'e, elle avait un beau teint, autant que j’ai pu m’en rendre compte, les cheveux ch^atain clair.

— Ch^atain clair ?

— Oui, monsieur.

Le policier se penchait `a l’oreille de M. Havard et lui murmura tout bas :

— Merc'ed`es de Gandia, m’a-t-on dit, 'etait brune, tr`es brune, il y a l`a quelque chose d’anormal.

— Ch^atain… brun, cela se ressemble, 'etant donn'e surtout que Coquard n’a pas d^u se livrer `a un examen approfondi.

— En effet, monsieur, r'epondit le courtier qui avait entendu la fin de cette phrase, nous n’insistons pas d’ordinaire pour ne point para^itre indiscrets.

— Le m'edecin qui a d'elivr'e le permis d’inhumer vous est-il connu ?

— Oui, monsieur, r'epondit le courtier, je suis perp'etuellement en relations avec lui, vous comprenez, cela s’impose. Dans ma profession, les docteurs comme les pharmaciens et les concierges sont nos meilleurs indicateurs, bien souvent m^eme…

— Ce m'edecin est-il honorablement connu ?

— Oui, monsieur.

— De quoi M lle Merc'ed`es de Gandia est-elle morte ?

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