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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Or, Juve avait tout simplement demand'e la permission de proc'eder `a l’interrogatoire, et si besoin en 'etait, `a l’arrestation de l’infant d’Espagne.

Juve estimait, en effet, bien que l’enqu^ete `a laquelle il se livrait sur les myst'erieuses affaires de Merc'ed`es de Gandia et du pont Caulaincourt n’e^ut gu`ere avanc'e depuis une quinzaine de jours, que don Eugenio devait avoir une importante part de responsabilit'e dans ces extraordinaires aventures.

Juve avait expos'e nettement sa th`ese depuis quelques jours d'ej`a `a M. Havard qui avait d'eclar'e qu’il ne d'eciderait rien du tout sans en avoir r'ef'er'e au gouvernement.

Juve devait avoir la r'eponse le matin m^eme.

— Eh bien ? interrogea-t-il, en entrant dans le bureau de M. Havard.

Celui-ci eut une mine ennuy'ee en voyant arriver l’inspecteur de la S^uret'e :

— Eh bien Juve, r'epondit-il, c’est non ! Les membres du gouvernement ont discut'e la question hier et sont tomb'es d’accord sur ce point qu’il fallait laisser l’infant d’Espagne traverser librement le territoire, et cela pour deux raisons : la premi`ere, c’est qu’il s’agit l`a d’un grand personnage, `a la culpabilit'e duquel le gouvernement ne peut pas croire, et qu’en outre, un grand personnage comme don Eugenio ne peut vraiment ^etre appr'ehend'e sans que cette facon d’agir provoque de graves complications diplomatiques. Enfin, il y a un second point, que tout galant homme comprendra : le roi d’Espagne et sa suite traversent le territoire francais sous la protection des autorit'es, ce serait enfreindre les lois de l’hospitalit'e que de proc'eder `a une arrestation, m^eme officieuse et momentan'ee, dans de pareilles conditions.

Juve fronca les sourcils, mais n’insista pas. M. Havard poursuivit :

— Il est bien 'evident que si l’infant d’Espagne se trouvait actuellement `a son domicile de Paris, on pourrait agir. Le convoquer `a la S^uret'e, l’interroger avec tact et discr'etion, m^eme au besoin lui faire un peu peur pour le d'ecider `a parler. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui, mais ce n’est peut-^etre que partie remise.

— En somme, d'eclarait Juve, ce qui vous fait h'esiter d’une facon toute particuli`ere, c’est surtout ce fait que l’infant d’Espagne va traverser aujourd’hui Paris sous le couvert d’une sorte d’immunit'e diplomatique. Si au contraire il 'etait, pour une p'eriode m^eme courte, l’'etranger vivant `a Paris que nous avons connu et que nous conna^itrons encore, dans son domicile d’Auteuil, rue Erlanger, vous n’h'esiteriez pas `a m’accorder ce que je vous demande.

— Hum, c’est `a peu pr`es cela, mais je ne dis pas que nous n’h'esiterions pas. Nous h'esiterions moins. Voil`a tout.

Juve, `a son tour, sourit 'enigmatiquement, puis il se retira, laissant M. Havard `a ses nombreuses occupations. Juve, quittant la Pr'efecture de Police, suivit les quais, la t^ete basse, l’air songeur. Visiblement, le policier m'editait quelque plan.

L’arriv'ee du Sud-Express `a Paris d'etermine chaque soir un mouvement important, `a la gare d’Orsay. Les voitures et les 'equipages de luxe attendent, nombreux, cette arriv'ee dans la cour, cependant que tout le personnel des employ'es et des manoeuvres fait la haie sur le quai de d'ebarquement. Car on sait que les riches clients du train de luxe n’aiment gu`ere porter leurs paquets eux-m^emes `a la mani`ere des voyageurs de troisi`eme et qu’ils r'ecompensent par de g'en'ereux pourboires les employ'es qui leur rendent ce service.

Dans le hall de la gare, quelque temps avant l’arriv'ee de ce train, on voit souvent des groupes 'el'egants, de jolies femmes, des messieurs distingu'es, qui viennent attendre un ami, un parent, ou m^eme simplement saluer au passage quelque personnalit'e notoire, car le Sud-Express est le grand trait d’union qui r'eunit le sud de l’Europe au nord, et par lequel arrive m^eme de l’ancien continent une grosse partie de la grosse client`ele espagnole, portugaise ou sud-am'ericaine.

Trois superbes limousines automobiles 'etaient rang'ees un peu `a l’'ecart sous la marquise vitr'ee de la gare. Elles avaient 'et'e retenues pour le roi d’Espagne et sa suite et, au milieu de la foule de curieux qui attendaient pour savoir quels allaient ^etre les personnages que l’on verrait monter dans ses somptueuses limousines, allaient et venaient quelques hommes aux allures de militaires en civil, aux fortes moustaches, aux mains rouges.

— Ils sont vraiment m'econnaissables, dit ironiquement quelqu’un.

Ce quelqu’un, d’ailleurs, avait quelque raison pour reconna^itre les policiers, car c’'etait Juve. Il s’approchait d’un gros homme, qui allait et venait, tr`es affair'e :

— Bonjour, Morel, dit-il.

L’homme s’arr^eta. C’'etait un commissaire de police que Juve connaissait depuis fort longtemps.

Tous deux se congratul`erent, puis, cependant que le commissaire s’'eclipsait, informant d’un air important qu’il avait des ordres `a donner, Juve se rapprocha des m'ecaniciens qui causaient, sans toutefois s’^etre 'ecart'es de leur voiture.

Il avisa le pilote de la limousine verte et lui fit un clignement d’oeil. Le chauffeur, `a son tour, reconnaissait Juve et lui r'epondait par une respectueuse inclinaison de t^ete.

C’'etait un agent de la S^uret'e qui avait son brevet de m'ecanicien et qui allait, non point piloter la voiture, mais se tenir sur le si`ege `a c^ot'e du m'ecanicien.

— Alors, lui dit paternellement Juve, on pilote les t^etes couronn'ees aujourd’hui ?

— Ma foi oui, monsieur l’Inspecteur, fit le jeune homme en souriant, c’est nous qui emmenons le roi d’Espagne.

— Ils seront combien dans sa voiture ?

— Trois : le roi, son aide de camp et le secr'etaire.

— Et alors, poursuivit Juve, qui donc prendra la limousine bleue ?

L’agent de police esquissa un geste vague, cependant, il d'eclara :

— Un parent du roi, un infant d’Espagne avec deux autres personnes qui l’accompagnent.

Juve s’'ecarta. Il 'etait 'evident qu’il avait recueilli des renseignements qui pouvaient lui ^etre utiles. Puis, apr`es avoir disparu dans la foule, il revenait pr`es des voitures, attendant leur client`ele. Toutefois, il ne s’adressait plus `a son premier interlocuteur, il venait conf'erer myst'erieusement avec le pilote de la seconde voiture, et quiconque aurait consid'er'e cet homme, aurait pu reconna^itre que sous la livr'ee 'el'egante et discr`ete dont il 'etait rev^etu, se dissimulait Michel, le coll`egue de Juve.

Les deux hommes 'echang`erent quelques mots en h^ate et leur rapide entretien s’acheva par cette affirmation de Michel :

— C’est entendu, c’est compris, patron. Vous pouvez compter sur moi.

***

Le Sud-Express avait du retard et ce fut seulement quarante minutes apr`es l’heure r'eguli`ere que la grosse machine remorquant le convoi entra dans la gare, silencieuse, comme fig'ee dans une respectueuse immobilit'e.

D’un premier wagon-lit, le roi d’Espagne sautait lestement `a terre et, de son air perp'etuellement aimable, saluait d’un geste large la foule qui s’'ecartait sur son passage.

Le jeune souverain 'etait 'el'egamment v^etu d’un pardessus mastic, il 'etait coiff'e d’un chapeau mou noir et `a la boutonni`ere de son v^etement, il portait, par d'ef'erence pour le pays dont il 'etait l’h^ote, une large rosette de la L'egion d’honneur.

Quelques jeunes hommes, fort 'el'egants eux aussi, aux yeux noirs, aux visages bruns, sautaient du wagon sur le quai, suivaient le souverain.

Et Juve, dissimul'e dans la foule, avait un tressaillement de satisfaction en apercevant don Eugenio au nombre de ces derniers.

Cependant, le policier fouillait de son oeil perspicace la foule des voyageurs qui descendaient des autres wagons. Il attendit quelques instants que le train se f^ut vid'e, puis son front se plissa.

— C’est extraordinaire, se disait Juve, Fandor n’est pas l`a. Qu’a-t-il pu devenir ? Il est impossible qu’il ait manqu'e ce train et cependant…

Mais Juve ne perdait pas de temps `a r'efl'echir. Les hauts fonctionnaires de la Compagnie conduisaient le souverain et sa suite `a leurs automobiles respectives, et Juve, pour ne pas perdre leur filature, ne s’attardait pas sur le quai.

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