Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— 'Evidemment ! reconnut Mix d’un air 'evasif. J’avais cru `a son innocence, mais M. le chef de la S^uret'e m’a d'emontr'e sa culpabilit'e et, comme je suis un honn^ete homme, que je cherche surtout le ch^atiment des coupables, je n’ai pas cru devoir m’opposer `a l’arrestation de M. L'eon Drapier, bien au contraire !
Juve fixait dans les yeux M. Mix.
— Croyez-vous cependant que L'eon Drapier soit r'eellement un voleur ? r'eellement un assassin ?
— Je le crois ! naturellement ! fit Mix interloqu'e.
— Eh bien, dit Juve en se levant, moi je ne partage pas votre opinion !
— Vraiment ! dit-il ; expliquez-vous…
— C’est ce que je vais faire ! poursuivit Juve, mais auparavant, monsieur Mix, acceptez une cigarette ; M. Havard, qui est fumeur, ne verra aucun inconv'enient `a ce que nous remplissions son cabinet de fum'ee en l’attendant !
Juve venait d’ouvrir son 'etui `a cigarettes, il le pr'esentait `a son interlocuteur ; mais, au moment o`u celui-ci, de sa main droite, puisait dans l’'etui, Juve, qui le pr'esentait `a plat sous le visage de Mix, comme pour masquer ses propres mains `a lui, effleurait la poche de Mix et en extrayait un browning qu’il mettait dans la sienne !
D'ecid'ement Juve 'etait pass'e ma^itre en l’art du vol `a la tire, car Mix, d'etective priv'e, policier de m'etier, du moins il le disait, ne s’apercevait absolument de rien.
Les cigarettes ayant 'et'e allum'ees, Juve reprit :
— Je commence par vous dire, monsieur Mix, que je ne crois pas `a la culpabilit'e de L'eon Drapier, pour cette bonne raison que cet homme riche et tranquille n’avait aucun motif pour commettre un assassinat et voler, ensuite, l’'etablissement dont il 'etait le directeur !
— Pardon, fit Mix, peut-^etre 'etait-il jaloux de ce Firmain qu’il croyait ^etre l’amant de sa ma^itresse ?
— Non ! fit Juve, il ne le connaissait pas et il ignorait, au moment du crime, que Firmain conn^ut Paulette de Valmondois !
Mix insistait :
— M. L'eon Drapier, cependant, 'etait chez lui `a l’heure du crime, et il a d'eclar'e n’avoir rien entendu de ce qui s’est pass'e ! Ce qui para^it bien 'etrange.
— M. Drapier n’'etait pas chez lui ! r'etorqua Juve, il 'etait chez sa ma^itresse, cette nuit-l`a, tout enti`ere !
— C’est `a prouver ! gronda Mix.
— C’est tout prouv'e, d'eclara Juve, il a 'et'e vu par la concierge de la rue Blanche `a l’heure pr'ecise o`u X… assassinait Firmain !
M. Mix tourna la t^ete, puis il articula :
— Vous parlez de la rue Blanche… Paulette de Valmondois y a recu un coup de revolver… Qui donc a tir'e avec ce revolver si ce n’est L'eon Drapier ?
— Oh ! c’est bien simple, r'etorqua Juve, ce n’est pas L'eon Drapier, c’est X…
— Voyons, monsieur, fit le d'etective priv'e, parlons alors du vol, des vols si vous voulez bien. Il appara^it nettement que c’est L'eon Drapier qui volait, dans les caves de l’h^otel des Monnaies, puisqu’on y a relev'e ses traces.
— Cela ne prouve rien ! fit Juve, X…, le v'eritable voleur, s’est introduit `a maintes reprises dans ces caves, mais il a eu soin, chaque fois, de faire dispara^itre les traces de son passage. Un voleur prend toujours ses pr'ecautions !… Un honn^ete homme laissera derri`ere lui les charges les plus accablantes, car il ne se m'efie pas…
— Mais enfin, articula M. Mix, si vous croyez que L'eon Drapier est innocent, qui donc soupconnez-vous ?
Alors Juve, nettement, consid'erant son interlocuteur dans les yeux, d'eclara d’une voix br`eve et s`eche :
— Qui je soupconne ? toujours le m^eme bandit ! toujours le m^eme audacieux criminel, toujours le m^eme monstre de cruaut'e et de duplicit'e ! Je soupconne Fant^omas d’^etre l’auteur de ces crimes et de ces vols !
Mix sursauta :
— Fant^omas ! dites-vous ? Pourquoi Fant^omas ?
— Parce que, d'eclara Juve, dans toute cette affaire, je reconnais la facon de proc'eder de Fant^omas ; le sinistre bandit n’aime gu`ere jouer `a visage d'ecouvert !
« Pour d'etourner les soupcons il a l’habitude de compromettre un honn^ete homme et de faire tomber sur lui toutes les responsabilit'es.
— Dans les hypoth`eses formul'ees `a l’heure actuelle, rien ne justifie l’attitude de L'eon Drapier, accus'e d’^etre le coupable… Rien n’explique pourquoi L'eon Drapier se serait fait assassin…
« Mais, monsieur Mix, m^elez Fant^omas `a l’affaire, et vous verrez comme tout devient lumineux !
« Fant^omas a besoin d’argent, il veut se procurer de grosses sommes et se dit qu’il va voler dans les caves de l’h^otel des Monnaies…
« La chose n’est pas facile… Il faut pour y parvenir avoir ses grandes et petites entr'ees dans la maison. Comment faire ?
« Fant^omas ne va pas directement au but, car ses intentions seraient alors trop faciles `a d'ecouvrir…
« Fant^omas se dit qu’avant d’attaquer une place forte, il faut en conna^itre le point faible, tout au moins le point le plus accessible…
« Fant^omas est en relations avec un certain individu d’une allure tr`es louche et qui a 'et'e jadis valet de chambre ; il va l’employer…
« Pr'ecis'ement, le couple Drapier cherche un domestique. Fant^omas fait embaucher son homme, Firmain… et, pour d'etourner les soupcons de cet homme, lui dit :
« “Tu m’ouvriras dans la nuit, afin que nous puissions cambrioler ensemble !”
« “D’accord !” r'epond Firmain. Le faux domestique entre dans la place, s’entend avec Fant^omas et pr'ecis'ement, M. Drapier 'etant absent, Firmain ouvre `a Fant^omas !
« Fant^omas ne vient pas l`a pour voler, mais pour compromettre L'eon Drapier par une premi`ere aventure singuli`ere. Que fait-il donc ? Il tue Firmain, dont il conna^it la parent'e avec Paulette de Valmondois !
« Enqu^etes, comme vous le savez, d'ecouverte des faux certificats r'edig'es par Paulette… Je ne reviendrai pas sur ces faits ! L'eon Drapier, furieux, se rend chez sa ma^itresse et lui fait une sc`ene violente.