Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Celui-ci n’ayant plus personne `a qui le donner, l’avait conserv'e en attendant des instructions du gouvernement et, comme le gouvernement avait cess'e de s’int'eresser `a la chose, la presse n’ayant plus fait de tapage, M. Havard tout simplement avait gard'e le corps du d'elit !
C’'etait d'esormais pour lui une relique qu’il montrait volontiers `a ses amis, lorsque par hasard le chef de la S^uret'e avait le loisir de recevoir `a d^iner.
Ce soir-l`a, M. Havard, contrairement `a son habitude, 'etait chez lui depuis trois heures.
Il avait absorb'e vers six heures un frugal repas, avancant l’heure de son d^iner, car il pr'evoyait des 'ev'enements pour le reste de la soir'ee.
M. Havard, vers sept heures, entendit qu’on sonnait `a la porte d’entr'ee et s’en alla ouvrir lui-m^eme.
M. Havard, en allant ouvrir, ne doutait pas de se trouver en pr'esence de Juve.
Juve `a deux heures de l’apr`es-midi lui avait annonc'e sa visite pour le soir m^eme, et lui avait confirm'e les dispositions prises deux jours auparavant.
Effectivement c’'etait le policier qui se pr'esentait.
Juve paraissait quelque peu troubl'e et son visage avait la crispation caract'eristique des grands jours, des heures d'ecisives.
Le policier serra la main du chef de la S^uret'e puis, `a la mani`ere de quelqu’un qui conna^it la disposition de l’appartement, il se rendit directement dans le cabinet de travail de M. Havard. Celui-ci l’y suivait.
Juve, sans prof'erer une parole, commenca par se promener dans la pi`ece, les mains derri`ere le dos, consid'erant chaque angle du cabinet, chaque tenture, chaque meuble, avec minutie.
`A un moment donn'e, s’'etant arr^et'e devant un mur, auquel pendaient quelques tableaux, il heurta ce mur du doigt. Le mur rendit un son creux.
Juve se tourna vers M. Havard.
— Qu’y a-t-il de l’autre c^ot'e ?
— Un petit cabinet o`u je range de vieux v^etements.
Juve interrogeait toujours.
— Quel est le moyen le plus rapide pour passer de ce petit cabinet dans votre cabinet de travail ?
M. Havard se mit `a sourire. Du doigt il montrait `a son interlocuteur une petite porte basse dissimul'ee dans la boiserie et dont les contours 'epousaient la forme des moulures courant le long du mur.
— Ah parfait ! dit Juve.
Il ajoutait en souriant :
— Ces vieilles maisons comme la v^otre, monsieur le chef de la S^uret'e, sont merveilleusement agenc'ees, en vue d’une enqu^ete polici`ere !
« Contrairement `a ce qui se passe dans les appartements modernes, il est impossible, lorsqu’on p'en`etre dans les vieux appartements, de deviner la disposition des pi`eces !
« C’est ainsi que je suis venu bien souvent chez vous, et que j’ignorais l’existence de ce petit cabinet !
M. Havard se mit `a sourire.
— Je ne pouvais pas pr'evoir, Juve, qu’il aurait tant d’importance `a vos yeux et je n’ai jamais song'e `a vous le faire visiter. Mais si vous m’en parlez aujourd’hui c’est que vous devez avoir `a son sujet quelque id'ee de derri`ere la t^ete ?
— Effectivement, d’abord je voudrais m’assurer que quelqu’un cach'e dans ce cabinet peut, en pr^etant l’oreille, entendre une conversation tenue ici.
— C’est facile `a savoir, d'eclara M. Havard, passez dans ce cabinet, Juve, et je m’en vais prof'erer quelques paroles `a haute voix de mon bureau…
Quelques secondes apr`es, Juve sortait du petit local.
— De mieux en mieux ! dit-il.
Cependant, M. Havard consid'erait le policier d’un air un peu interloqu'e.
— M’expliquerez-vous maintenant pourquoi ce cabinet vous int'eresse, et dans quel but vous faites ces exp'eriences ?
— Je vous dirai cela tout `a l’heure ! dit Juve, ce sera ma conclusion. Mais auparavant permettez que je vous fasse conna^itre le but de ma visite, que je vous explique pourquoi je vous ai demand'e ce rendez-vous…
M. Havard interrompait :
— `A mon tour, Juve, de vous demander pourquoi, il y a quarante-huit heures, vous m’avez fait retenir une voiture cellulaire en recommandant qu’elle vienne ce soir `a neuf heures trente-cinq se ranger devant la porte de ma maison et qu’elle se tienne pr^ete `a partir pour la prison de la Sant'e sit^ot qu’un prisonnier y aurait 'et'e amen'e ?
Juve souriait :
— Il me semble que c’est facile `a comprendre, monsieur le chef de la S^uret'e. J’ai pris mes pr'ecautions pour conduire quelqu’un en lieu s^ur, j’ai agi avec prudence et perspicacit'e ! Voyons, je vous le demande, quand vous menez une femme au th'e^atre, ne vous pr'ecautionnez-vous pas d’une voiture de remise `a l’avance pour la ramener ?
M. Havard 'eclatait de rire.
— Vous avez des comparaisons, Juve, vraiment inattendues ! Et peut-on savoir quel est le personnage qui doit jouer le r^ole de la jolie femme, 'etant admis que le fourgon cellulaire repr'esentera la voiture de remise ?
— Ceci, fit Juve, c’est encore mon secret ! Permettez-moi de ne point le d'evoiler, vous le d'ecouvrirez vous-m^eme… J’aime mieux cela. Mais `a mon tour de vous poser une question. C’est bien ce soir, n’est-il pas vrai, monsieur Havard, que vous allez recevoir la visite de ce d'etective priv'e, M. Mix, dont la vive intelligence vous a s'eduit et dont les d'eclarations vous ont permis d’arr^eter avant-hier ce malheureux L'eon Drapier ?
— L'eon Drapier, s’'ecriait le chef de la S^uret'e, est un mis'erable qui nous a donn'e du fil `a retordre, mais dont nous aurons raison quoiqu’il se renferme, depuis qu’il est boucl'e, dans un mutisme absolu !
— Pardon ! fit Juve, l`a n’est pas la question ! Est-ce bien ce soir que doit venir ce Mix ?
— Vous le savez, Juve, fit M. Havard, je l’attends `a huit heures, c’est-`a-dire dans dix minutes.
— Bien, fit le policier, maintenant, monsieur Havard, permettez-moi de d'egrader votre appartement !
— Ah c`a, s’'ecria le chef de la S^uret'e, qu’est-ce qui vous prend ?
Juve venait de sortir de sa poche une sorte de petit poincon qu’il enfoncait dans la cloison s'eparant le cabinet de travail du petit cabinet noir qu’il 'etait all'e explorer. En l’espace de quelques instants, il avait fait un trou dans le mur, il souffla pr'ecautionneusement autour de l’orifice pour en faire dispara^itre les quelques brindilles de papier, de pl^atre et de bois qui l’entouraient.
Puis, s’'etant recul'e pour juger de l’effet, il articula d’une voix joyeuse :