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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Mais Fant^omas avait assur'ement bien pris ses pr'ecautions.

La Puce et Mon-Gnasse ne pouvaient rien pour le d'enoncer, ils 'etaient muets, muets pour toujours… Tant qu’ils n’auraient pas appris le langage des sourds-muets, il leur serait interdit de se venger, ils ne pourraient trahir celui qui les avait si effroyablement atteints.

D`es que les deux apaches avaient commenc'e `a aller mieux, Juve avait 'et'e les interroger, muni des pleins pouvoirs de M. Havard qui, naturellement, outr'e de l’imb'ecile attitude de Nalorgne et de P'erouzin, avait d^u faire contre fortune bon coeur et remettre l’enqu^ete aux mains de Juve.

Celui-ci, en se rendant `a l’h^opital, concevait 'evidemment de formidables espoirs. Il pensait bien tirer de Mon-Gnasse et de la Puce des indications int'eressantes.

— Qu’ils ne puissent pas parler, soit, s’'etait dit Juve, mais nous correspondrons par 'ecrit !

Or, Juve avait connu alors une abominable d'eception, ni Mon-Gnasse ni la Puce ne savaient 'ecrire…

Et depuis ce moment, et c’'etait bien ce qui d'esesp'erait Juve, l’enqu^ete tra^inait lamentablement. Un tel faisceau de charges, de pr'esomptions, de vraisemblances se groupait autour de L'eon Drapier que le directeur de la Monnaie 'etait presque accabl'e.

Il n’y avait, Juve s’en rendait bien compte, plus gu`ere que sa haute situation qui p^ut faire h'esiter la police.

Si L'eon Drapier avait 'et'e un pauvre bougre, il aurait 'et'e sans doute, et depuis longtemps, appr'ehend'e, jet'e en prison ! Mais dans les sph`eres officielles, devant le scandale effroyable que ne manquerait pas de faire na^itre une semblable arrestation, on h'esitait encore…

Juve, pourtant, se disait :

— Ils iront jusqu’au bout, on le prendra au collet… et pourtant il est innocent !

Juve, `a ce moment, 'etait beaucoup plus libre d’esprit, beaucoup moins inquiet qu’au d'ebut de l’enqu^ete.

La persuasion o`u il 'etait en effet que Fant^omas jouait un r^ole dans les abominables myst`eres qu’il vivait 'etait pour lui, en m^eme temps qu’une cause de trouble, un motif de tranquillit'e.

Juve, en effet, n’oubliait pas et ne pouvait pas oublier qu’H'el`ene allait incessamment arriver au Mexique d'ebarquant du voilier qui l’avait recueillie lors de son 'evasion de la barge hollandaise.

Si Fant^omas avait 'et'e libre, s’il avait disparu, si Juve avait cru la jeune fille expos'ee aux coups du bandit, il aurait 'et'e mortellement inquiet, mortellement d'esesp'er'e surtout, de n’avoir pu voler `a son secours.

Mais Juve, maintenant, avec son flair de policier, avait la certitude que Fant^omas 'etait `a Paris. H'el`ene ne courait donc aucun danger, elle ne risquait rien, elle n’avait pas besoin de lui.

Et Juve ne s’en acharnait que davantage `a poursuivre le mis'erable.

Juve, d’ailleurs, ne reculait devant rien. Ainsi qu’il en avait coutume lorsqu’il s’agissait d’enqu^etes polici`eres, il risquait le tout pour le tout. Il jouait sa vie `a l’aventure, pour arriver `a la v'erit'e.

Juve s’'etait dit tout d’abord qu’il 'etait inutile, qu’il 'etait mauvais d’enqu^eter sous sa v'eritable apparence. C’'etait pourquoi il s’'etait fait si nettement une t^ete d’apache.

Mieux que personne, Juve savait se grimer. Il 'etait donc m'econnaissable en voyou.

Et c’'etait en voyou, en membre ordinaire de la p`egre, qu’il avait pouss'e l’audace, cette nuit-l`a, jusqu’au point de s’introduire `a la Monnaie, dans l’espoir d’y surprendre quelque chose qui p^ut le renseigner, lui faire deviner, au moins, l’explication des myst`eres dont il poursuivait la solution.

Pendant le cours de son audacieuse exp'edition, Juve avait recueilli des d'etails qui, d'esormais, lui permettraient d’agir car, en effet, `a l’instant o`u il 'etait sorti des caves de la manutention, il ne paraissait aucunement f^ach'e d’avoir eu l’id'ee d’y aller faire un tour.

Que savait-il au juste, toutefois ? Qu’avait-il devin'e ?

Lui seul aurait pu le dire, ce n’'etait pas certainement aux membres de l’Enfer qu’il allait risquer de semblables confidences.

Et Juve, qui n’avait pas voulu se laisser arr^eter par la police parce qu’il m'editait tr`es probablement quelque nouvelle aventure pour laquelle il avait besoin de son incognito, Juve avait pr'ef'er'e p'en'etrer dans le bouge, et risquer une fois encore les terribles aventures pouvant survenir en raison de la f'erocit'e de la bande qui g^itait l`a.

Juve, apr`es avoir p'en'etr'e dans l’Enfer, avait d’ailleurs fait preuve, une fois encore, de cette extraordinaire pr'esence d’esprit qui le rendait r'eellement incomparable.

En un instant, en effet, alors que fuyant, sur les berges, la police qu’il sentait sur ses talons, Juve s’'etait demand'e comment se tirer de la f^acheuse situation o`u il se trouvait, Juve s’'etait souvenu de l’Enfer.

Il connaissait le bouge depuis le jour o`u, dans une pr'ec'edente affaire, Bouzille l’y avait conduit afin d’enqu^eter sur le vol d’un cadavre, le cadavre du policier Daniel, d'erob'e par Fant^omas `a la morgue.

Juve s’'etait nettement souvenu de la situation du repaire ainsi que du mot de passe qui d'ecidait ses h^otes `a ouvrir leur porte d’entr'ee.

Il s’'etait souvenu surtout, et cela 'etait le principal, qu’il passait, aux yeux des habitants de l’Enfer, pour Job Askings, le

« Roi des voleurs ».

Et c’'etait alors tout naturellement que Juve avait d'ecid'e de se r'efugier l`a. C’'etait tout naturellement encore qu’il r'epondit `a l’interrogation anxieuse qu’on lui posait :

— Qui je suis ? Job Askings !

Qu’allait-il se passer cependant ?

Les mis'erables qui se trouvaient devant le policier se laisseraient-ils duper encore une fois ? Admettraient-ils, encore une fois, que Juve 'etait bien Job Askings ?

Le policier, maintenant, se le demandait non sans une certaine frayeur.

Il contemplait en m^eme temps ce bouge, ce bouge effroyable dans lequel il venait d’entrer. L’Enfer n’avait point chang'e d’aspect. C’'etait toujours un trou noir, lugubre, 'eclair'e par la lueur clignotante d’une chandelle de suif fich'ee `a la muraille.

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