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ЖАНРЫ

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LUI. Je n’ai peur de rien. Simplement, je trouverais d'esagr'eable de me r'eveiller le matin aux c^ot'es d’une inconnue.

ELLE. Et de ne pas savoir comment vous en d'ebarrasser.

LUI. Je n’ai pas dit ca.

ELLE. Mais vous l’avez pens'e.

LUI. (S`echement.). Je ne veux pas vous froisser, mais je suis contraint de r'ep'eter pour la dixi`eme fois, je ne suis pas de ceux qui trouvent leur plaisir dans des amours factur'ees `a l’heure. Je suis peut-^etre vieux jeu, mais on ne se refait pas.

ELLE. Et ce n’est pas la peine. Vous me plaisez pr'ecis'ement tel que vous ^etes.

L’homme prend son portefeuille, en sort de l’argent et le pose sur la table.

LUI. Tenez, prenez.

ELLE. Qu’est-ce que c’est?

LUI. Votre r'emun'eration, pour le temps que vous avez perdu. Il vous fallait gagner de l’argent, je suis pr^et `a payer. `A la condition que vous me l^achiez.

ELLE. Nous discuterons de cette transaction plus tard.

LUI. Non, maintenant. Si ce n’est pas assez, je suis pr^et `a payer plus. (Il rouvre son portefeuille.)

ELLE. J’ai l’habitude de gagner ma vie honn^etement et de ne pas recevoir d’aum^one.

LUI. En me divertissant, vous la gagnez plus honn^etement que d’habitude. Je ne cache pas que j’'etais d’humeur ex'ecrable et vous m’avez quelque peu aid'e `a me distraire. Mais maintenant, suffit. Prenez et partez.

ELLE. (Pein'ee et sinc`erement d'ecue.). Visiblement, ca doit ^etre vrai que je ne vous plais pas beaucoup. (Apr`es un court silence.) Mais, peut-^etre, au contraire, ^etes-vous tr`es attir'e par moi? Je crois que pour me rassurer, je vais rester sur la deuxi`eme variante.

LUI. Je ne vous retiens pas.

ELLE. Pourquoi me chassez-vous?

LUI. Parce que j’ai effectivement comme l’impression de commencer `a m’int'eresser `a vous plus qu’il ne convient.

ELLE. Et vous savez toujours ce qu’il convient de se permettre?

LUI. Naturellement. Comme on dit, bois mais sans exc`es, aime mais sans t’'eprendre.

ELLE. Vous m'eritez vingt sur vingt pour votre conduite.

LUI. Absolument. Prenez l’argent.

ELLE. Si je le prends, ce sera seulement au matin.

LUI. J’admire votre pers'ev'erance.

ELLE. Et moi votre caract`ere inflexible.

LUI. Vous avez tout tent'e, mais vous avez perdu.

ELLE. Alors, c’est nous deux qui avons perdu.

LUI. Peut-^etre. Et maintenant, partez.

ELLE. Je ne veux pas dire mais c’est ma table.

LUI. C’est juste. Pardon.

L’homme se l`eve sans h'esitation, retourne `a sa table, fourre son manuscrit dans son porte-documents, pr^et `a partir. La femme se l`eve et se dirige vers sa table.

ELLE. Pardon, la place est libre?

LUI. (Irrit'e.). Oui. Toute la table est libre, parce que j’ai fini de d^iner et que je vais partir.

ELLE. Donc, en attendant, je peux m’asseoir?

LUI. Comme il vous plaira.

La femme s’assoit.

LUI. Eh bien, que voulez-vous encore?

ELLE. Dire quelques mots en guise d’adieu. Asseyez-vous. Je ne serai pas longue.

LUI. (Il s’assoit.). Alors?

ELLE. Savez-vous pourquoi, il y a une heure de ca, je me suis approch'ee de vous?

LUI. Je le devine.

ELLE. Non, vous ne pouvez pas le deviner.

LUI. Eh bien, alors, dites.

ELLE. Ca faisait un moment que j’'etais assise `a proximit'e et que je vous observais. Et vous n’avez m^eme pas une fois jet'e un regard vers moi. Mais je ne dis pas ca parce que je serais vex'ee, pour quelle raison auriez-vous d^u me regarder? Et donc, je restais l`a, assise, et soudain j’ai pens'e que vous alliez partir et que je ne vous reverrais plus jamais. Et je vous ai imagin'e montant seul alors vers votre chambre nue et sans confort et j’ai compris que si vous partiez, alors je ne pourrais plus rien pour vous. Alors, tout `a coup, je me suis lev'ee et je vous ai abord'e sans rien esp'erer et sans aucun plan. Je vous ai simplement abord'e.

LUI. ('Etonn'e par cet aveu inattendu, il garde longtemps le silence, ne sachant pas comment r'eagir.). Vos paroles me laissent sans r'eponse.

ELLE. Mais elles n’exigent aucune r'eponse. Oubliez-les, voil`a tout.

LUI. Avouez que vous venez seulement d’inventer tout cela.

ELLE. Peut-^etre. Mais je n’avouerai pas.

LUI. Je suis certain que vous l’avez invent'e, mais quand m^eme c’est agr'eable.

ELLE. Eh bien, sur cette note agr'eable, nous achevons une rencontre qui n’a pas eu lieu. (Elle se l`eve.)

LUI. Vous ^etes une femme 'etrange.

ELLE. Merci pour le compliment. Je vais t^acher de le m'eriter.

LUI. Intelligente, instruite, pas d'esinvolte, bien 'elev'ee… Et avec ca… Non, c’est vrai, tr`es 'etrange.

ELLE. Est-ce mal d’^etre 'etrange?

LUI. Eh bien, pas `a un tel degr'e.

ELLE. Il vaut mieux ^etre comme tout le monde?

LUI. Sans doute.

ELLE. Mais ^etre normale, quel ennui! Mais si vous aimez l’ennui, allez vous ennuyer plus loin.

La femme retourne `a sa table. L’homme, apr`es une certaine h'esitation, se dirige `a nouveau vers elle.

LUI. (Manquant de r'esolution.). Savez-vous ce que j’ai pens'e? Peut-^etre, en effet, pourrions-nous monter dans ma chambre?

ELLE. `A quoi bon? N’^etes-vous pas un mod`ele de moralit'e?

LUI. Nous y boirons un caf'e.

ELLE. (Montrant sa tasse.). Ici aussi, on sert du caf'e.

LUI. Si ce n’est du caf'e, alors autre chose.

ELLE. (Avec un l'eger sourire.). Du champagne?

LUI. Et pourquoi pas?

ELLE. Mais c’est vous-m^eme qui m’aviez dit de ne pas y compter.

LUI. Allez-vous cesser? De toute facon, le restaurant ferme. Bon gr'e mal gr'e, il faut partir.

ELLE. Allez-y.

LUI. Et vous?

ELLE. Moi, je reste.

LUI. Pourquoi?

ELLE. Vous n’avez pas besoin de moi, m^eme gratuitement. C’est bien ce que vous avez dit?

LUI. Pourquoi gratuitement? Je suis pr^et `a payer.

ELLE. Et, malgr'e vos principes, vous feriez l’amour avec une femme v'enale?

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