Том 4. Письма 1820-1849
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Оттуда я отправился по железной дороге в Гейдельберг, где заночевал, а утром я воспользовался промежутками ясной погоды для посещения великолепных развалин, которые мне показались еще прекраснее, чем когда-либо. Я так увлекся, что мой порыв привел меня на вершину горы, гораздо выше замка. Но мое чрезмерное усердие было полностью вознаграждено открывшейся передо мной одной из самых величественных панорам, когда-либо возникавших перед моим взором. Вдали — бескрайняя голубоватая долина, по которой то там, то здесь сверкали извилистые повороты Некара. А под моими ногами — целое море блестящей, яркой зелени, на которой выделялись дивные камни, таких теплых оттенков и таких изящных форм. Ах, какой прекрасный край! Но смешно рассказывать о нем. Это все равно что пытаться передать словами музыку.
Дорога из Гейдельберга во Франкфурт вела мимо Дармштадта. Я случайно известился, что на другой день были именины великой герцогини * . Я подумал, что будет уместно воспользоваться данным обстоятельством, чтобы поздравить ее. Такое предположение казалось мне совершенно
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рукопожатий (англ.).
Милая кисанька, в эти минуты мне очень нужен твой совет. Молчание твоего брата весьма меня озадачило. Я надеялся, что по прибытии во Франкфурт найду от него письмецо в ответ на мое, написанное из Бадена три недели назад; это вполне достаточное время для того, чтобы мог прийти ответ, несмотря на любые расстояния, которые могли меняться из-за моего или его перемещения. Я в конце концов вынужден был предположить, что или мое письмо, прибыв в Мюнхен, так и осталось там лежать, или что твой брат уже покинул Остенде, или что, не дай Бог, заботы о Гюбере помешали ему ответить мне. Каковы бы ни были причины его молчания, я по-прежнему нахожусь в полном неведении о нем и даже не могу предположить, застану ли я его в Остенде, если отправлюсь туда. И однако мне не хотелось бы совершать это путешествие впустую, и точно так же я не могу смириться с тем, чтобы побывать в Германии и не повидаться с ним… К настоящему времени у меня осталось еще две сотни дукатов, но это вовсе не много для того, чтобы оплатить дополнительный багаж для провоза по железной дороге твоей коляски. Однако я постараюсь ее тебе привезти, мне бы хотелось, чтобы моя поездка имела хоть какой-нибудь практический результат. Я нуждаюсь в этом, чтобы оправдаться в собственных глазах. Я очень рассчитываю по проезде через Берлин просить новую курьерскую дачу. Но найдется ли таковая для меня?.. Все эти соображения рассеялись бы, если бы я был уверен, что застану твоего брата в Остенде, но там ли он еще?..
Ах, что же делать?.. Прощай, милая кисанька. Я вижу, что ты не хочешь отвечать мне, а писание писем меня раздражает.
Весь твой и только твой.
Ф. Т.
Тютчевой Эрн. Ф., 17/29 августа 1847*
Francfort s/M. Ce 17/29 ao^ut 1847
Je recois `a l’instant m^eme ta lettre du 1/13 de ce mois de Hapsal et conform'ement `a tes indications je t’adresse la mienne `a St-P'etersbourg o`u, j’esp`ere, qu’elle te trouvera d'ej`a arriv'ee saine et sauve. Ton avant-derni`ere lettre m’a 'et'e remise par mon fr`ere que j’ai trouv'e ici, arriv'e de la Vienne il y a huit jours de cela, au retour d’une excursion que j’ai faite `a Ems et sur les bords du Rhin. Je suis encore sous le coup du d'etestable malentendu qui m’a fait manquer l’entrevue avec ton fr`ere, chose dont je ne puis me consoler et que m^eme `a pr'esent je ne puis me r'esigner `a accepter comme d'efinitive. Tu sais que j’avais 'ecrit `a ton fr`ere de Bade le 20 juillet, et j’ai attendu une r'eponse `a cette lettre jusqu’au 11 ao^ut `a Francfort et jusqu’au 18 `a Ems, apr`es avoir donn'e les ordres n'ecessaires pour que sa lettre m’y fut transmise. N’en ayant eu de nouvelles `a la date du 18 ao^ut, c’est-`a-dire tout un mois apr`es la lettre que je lui avais 'ecrite, j’ai d^u penser ou que ma lettre ne lui 'etait pas parvenue, ou qu’il avait d'ej`a quitt'e Ostende. Je me r'esignais donc `a revenir `a Francfort apr`es avoir fl^aner trois ou quatre jours sur les bords du Rhin, et ce n’est qu’`a mon retour ici que j’ai recu une lettre de ton fr`ere, toute bonne et toute aimable, mais beaucoup trop tardive et qui m’est parvenue juste `a point pour irriter tous mes regrets. Peste soit des contretemps et des malentendus. Maintenant, pour avoir le dernier mot dans cette contrari'et'e, je serais homme `a aller encore d’ici `a Ostende, si deux consid'erations ne m’arr^etaient — le manque de temps et la crainte d’un autre manque, plus essentiel encore, celui de l’argent…
Mon fr`ere m’a fait grand plaisir en m’apprenant qu’il t’avait remis la somme de 1500 r<oubles> ar<gent>*, toutefois je ne regrette nullement de t’en avoir exp'edi'e d’ici. Tu ne saurais ^etre assez hant'ee d’argent au moment de ta rentr'ee `a P'etersb<ourg>. Quant `a moi, j’ai encore par-devers moi 150 ducats, pour d'efrayer mon retour. Peut-^etre par surcro^it de pr'ecaution me ferai-je avancer p<ar> Rotschild mes appointements des derniers mois, sauf `a ne pas y toucher, si c’est possible.
Quant `a ce retour, voici l’itin'eraire que j’ai adopt'e. Et d’abord un mot de ta voiture. Apr`es m^ur examen nous avons reconnu, mon fr`ere et moi, que le transport de la voiture par la voie de fer jusqu’`a Stettin et de l`a par le bateau `a vapeur `a Kronstadt reviendrait 'enorm'ement cher (sur le chemin de fer, p<ar> ex<emple>, une voiture comme la tienne paye 11/2 'ecu de Prusse par mille d’Allemagne, sans qu’il fut permis au propri'etaire de s’y placer). C’est pourquoi nous nous sommes d'ecid'es `a exp'edier la dite voiture par la voie du Rhin, jusqu’`a Rotterdam o`u elle sera embarqu'ee sur un b^atiment marchand, de sorte que son transport, effectu'e par cette voie, reviendra tout au plus `a une centaine de florins, tandis qu’il aurait co^ut'e le triple, en emmenant la voiture avec moi. Quant `a moi, je suis d'ecid'e `a rentrer par Varsovie, o`u je trouverai une voiture du Comte Orloff* qu’il a mis `a ma disposition avec toute sorte d’instance de m’en servir, de pr'ef'erence `a tout autre moyen de transport. L’itin'eraire en question a le grand avantage de me faire faire presque la moiti'e du voyage par le chemin de fer, attendu que je vais le prendre `a 40 lieues de Francfort et qu’il me conduit, sauf une lacune, jusqu’`a Varsovie m^eme. Cela me fait 'echapper aussi ici l’inconv'enient d’une travers'ee de mer aux approches de l’'equinoxe. Eh bien, que dis-tu de cet arrangement. N’est-il pas tr`es pratique et tr`es bien imagin'e. Mais ne vas pas t’effrayer de l’id'ee que par cette voie je te reviendrai plut^ot que tu ne le voudrais, car j’ai encore Weimar sur les bras, et Dieu sait si j’en serai quitte `a moins d’une dizaine de jours. Tu as `a peu pr`es devin'e le projet auquel je faisais allusion dans une de mes lettres, sauf seulement que ce n’est pas aupr`es de la Grande-Duchesse M<arie> est que je voudrais pouvoir placer Anna, mais aussi de sa future belle-soeur, la future G<rande>-Duchesse Constantin*, et c’est doit assurer quelque chance de succ`es `a ce projet, par l’entremise de la Grande-Duchesse de Weimar que je me trouve dans le cas de devoir m’arr^eter `a Weimar plus longtemps probablement que cela ne m’amusera. J’aime `a croire que dans cette circonstance au moins Clotilde cherchera un peu `a utiliser pour la ni`ece l’affection qu’elle pr'etend lui porter. Je t’avoue que la r'eussite de cette affaire me comblerait de joie, ce serait un bien lourd fardeau qui me serait ^oter de dessus le coeur, un fardeau qui m’'ecrase et m’irrite… plus que je ne veux le dire…
Quand tu verras le P<rin>ce Wiasemsky, dis-lui que j’ai pass'e de bien bons moments avec Joukoffsky `a Ems d’abord o`u nous avons pass'e six jours ensemble `a lire son Odyss'ee et `a parler de toute chose au monde, du matin au soir…
Ce sera vraiment une grande et belle oeuvre que son Odyss'ee et je lui ai d^u d’avoir retrouver en moi la facult'e assoupie depuis bien longtemps, celle de m’associer pleinement et franchement `a une jouissance purement litt'eraire. Aussi a-t-il paru tr`es satisfait de la sympathie que son oeuvre m’a fait 'eprouver — et il avait raison, car c’'etait sympathie sans phrases*. J’en ai aussi beaucoup pour sa femme, une noble et douce cr'eature, descendue tout expr`es vers lui de quelque bon tableau de la vieille 'ecole allemande. J’avoue que ce genre, `a la longue, m’affadirait un peu. Mais dans de certains moments j’en aime assez la paisible et candide suavit'e. Cela me repose de moi-m^eme et de beaucoup d’autres…
Hier, le 28 ao^ut, Joukoffsky et moi, nous avons d^in'e ensemble `a l’h^otel de Russie. C’'etait hier le 98`eme anniversaire de la naissance d’un assez c'el`ebre bourgeois de Francfort, de Goethe. Mais je crois vraiment que nous avons 'et'e les deux seuls individus `a Francfort qui ayons eu la bonhomie de nous ^etre rappel'e cet illustre anniversaire. Aujourd’hui J<oukoffsky> est `a Darmstadt o`u il assiste aux noces de G. Gagarine qui 'epouse aujourd’hui m^eme la plus moricaude jeune personne que j’aie jamais vue*.
Ici nous avons 'et'e tous ces jours-ci compl`etement absorb'es par l’horrible trag'edie du Duc de Praslin, arriv'ee, comme tu as pu le voir dans les journaux, `a dix pas de l’h^otel que tu as habit'e avec ton p`ere. Peut-^etre m^eme connais-tu la maison qui a 'et'e le th'e^atre de cet atroce 'ev'enement. J’en ai eu les nerfs agac'es pendant plusieurs jours, et ce n’est que depuis hier o`u nous avons eu la nouvelle de la mort de ce malheureux assassin qu’ils commencent un peu `a se d'etendre… Quel r'eveil que celui de cette pauvre Duchesse dans la fatale nuit du 18, sous le premier coup du stylet de son affreux mari. Eh bien, n’es-tu pas trop heureuse d’^etre prot'eg'ee toute une pareille 'eventualit'e par 400 lieues de distance?
Mais toutes les femmes ne sont pas aussi bien prot'eg'ees comme toi, et je comprends fort bien, p<ar> ex<emple>, que notre bonne Princesse W<iasemsky> n’ait pas pu lire le r'ecit de cette tragique aventure sans se livrer `a de bien tristes pr'eoccupations sur les chances possibles de son propre avenir.
Adieu, en attendant, ma chatte ch'erie. Maintenant la prochaine lettre que je t’'ecrirai sera dat'ee de Weimar. Tu es bien bonne de me recommander d’apporter des cadeaux `a la Capello. Tu comprends que si j’ai de l’argent disponible il n’y aura de cadeaux achet'es que pour toi seule. Si seulement quelque ami charitable voulait me dire que c’est l’objet qui pourrait te faire plaisir… Oh, il est cruel d’^etre aussi inepte que je le suis.
Mon fr`ere qui revient en ce moment de Wiesbaden te fait dire mille amiti'es. Il a 'et'e tr`es satisfait de ton accueil. Adieu. J’embrasse les enfants. Que le bon Dieu vous prot`ege et vous conserve. Tout `a toi T. T.
Франкфурт-на-Майне. 17/29
августа 1847Я только что получил твое письмо из Гапсаля от 1/13 сего месяца и согласно твоему указанию посылаю тебе свое в С.-Петербург, где, надеюсь, оно застанет тебя здоровой и невредимой.
Предыдущее твое письмо было передано мне моим братом, который приехал за день до того — неделю тому назад, по возвращении моем из поездки в Эмс и по берегу Рейна.