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ЖАНРЫ

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Ta lettre du ma^itre de poste de Hapsal — comme on disait du temps de Mad. de S'evign'e — m’a beaucoup amus'e. Elle est vraiment fort jolie. Il y a peu de feuilletons, et de meilleurs, qui vaillent une pareille lettre. J’aime bien les peurs que tu lui causes avec les excentricit'es 'epistolaires de ta correspondance. J’aime beaucoup aussi la figure d’Antoinette Bl<oudoff> en proie `a ses doctes perplexit'es devant ton ignorance si pleine de calme et de s'er'enit'e… tout cela m’avait rendu fort heureux jusqu’`a ce que je fusse arriv'e `a l’endroit de ta lettre o`u tu dis que tu es sans argent et que jusqu’`a nouvel ordre tu allais vivre aux d'epens de tes domestiques. Tu comprends qu’il m’ a 'et'e impossible de supporter cette id'ee. Aussi sais-tu ce que j’ai fait? Je t’ai envoy'e hier une somme de 800 r<oubles> ar<gent> accompagn'ee d’un mot d’avis pour le P<rin>ce Wiasemsky pour le prier qu’aussit^ot la lettre de change arriv'ee il e^ut soin de t’en faire parvenir le montant `a Hapsal le plut^ot possible. Voil`a l’usage que j’ai fait de ta lettre pour Rotschild, car je suis heureusement dans le cas de pouvoir n’y pas recourir pour mon propre compte, attendu que j’ai encore par-devers moi deux cents et quelques ducats qui doivent suffire pour d'efrayer la seconde moiti'e de mon voyage… Pourvu seulement que cette bienheureuse lettre de change arrive assez `a temps pour pr'evenir les derni`eres extr'emit'es de la d'etresse. Mais que devient donc mon fr`ere, et peste soit de son absence et de son silence…

Maintenant je te dois quelques mots sur mon s'ejour `a Wildbad. C’est le lendemain du jour o`u je t’avais 'ecrit de Carlsruhe que j’arrivais dans ce lieu sauvage, peupl'e pour le moment de la pr'esence de la Chanceli`ere. Pas besoin de dire que j’en ai 'et'e recu avec toute la pudique effusion d’une affection aussi r'eelle que r'eserv'ee. Je la trouvai un peu d'emoralis'ee par son isolement, car elle n’avait aupr`es d’elle que sa fille Chreptovitch, quelque peu ennuy'ee aussi du s'ejour que sa pi'et'e filiale lui faisait subir. Quant `a la soci'et'e de l’endroit, elle 'etait compos'ee en grande majorit'e de toute sorte d’infirmes: perclus, boiteux, culs-de-jatte ou `a peu pr`es. Repr'esente-toi le fauteuil du vieux C<om>te Maistre*, multipli'e `a l’infini et rayonnant dans toutes les directions. Le pays par contre est fort joli. Il m’a rappel'e dans sa douce sauvagerie les sites de Kreuth, etc. etc., la chaumi`ere etc. etc. Je me suis assur'e qu’il y avait encore des montagnes dans ce monde. Que Dieu les b'enisse et les conserve! Car c’est une tr`es grande consolation que d’en voir apr`es trois grandes ann'ees de plaine et de marais… de bonnes, grosses et v'eritables montagnes et qui ne deviennent pas des nuages `a l’horizon quand on y regarde de plus pr`es…

Contre mon attente j’ai rencontr'e `a Wildbad plus de 100 personnes de ma connaissance allemande que je n’en avais vu `a Bade, entr’autres l’ami Parceval que j’ai trouv'e 'etonnamment vieilli, et le gros Helmstadt, le neveu de la Braga, toujours gros et frais et de plus mari'e!.. Il y avait encore en fait d’indig`ene quelque temps m'ediatis'e, un L"owenstein, protestant qui m’a appris avec indignation que sa cousine, la veuve de Const<antin> L<"owenstein>, venait de se faire religieuse… En un mot, j’ai eu l’occasion pendant mon s'ejour `a Wildbad et gr^ace `a la pr'esence de ces Messieurs de compl'eter mes informations relativement `a Munic… Mais je t’en fais gr^ace, `a toi, et pour cause…

Il va sans dire que dans les immenses loisirs de ce s'ejour d'ecid'ement alpestre, la majeure partie de mon temps 'etait exclusivement consacr'ee `a celle qui m’y avait attir'e. Nous nous voyions d’abord le matin `a la source; puis, `a trois heures de l’apr`es-midi je venais la chercher pour la promenade. Puis je d^inais — et tr`es bien — avec ces dames et chez elles.

Et le reste du jour 'etait tout `a jouir… Aussi lorsqu’apr`es huit jours de cette douce entente il a fallu se s'eparer, nos adieux ont 'et'e des plus tendres, et l’arbre de notre amiti'e sous la b'enigne influence du soleil de Wildbad a pouss'e de nouveaux rejetons… Au sortir de l`a j’allai par le chemin de fer `a Heidelberg o`u je couchai, et le lendemain je profitai de quelques 'eclaircies pour visiter la splendide ruine qui m’a paru plus belle que jamais. Dans mon ardeur j’avais pris un 'elan qui me portait tout au sommet de la montagne et bien au-dessus du ch^ateau. Mais cet exc`es de z`ele fut amplement r'ecompens'e par la vue d’un des plus magnifiques panoramas qui se soient jamais d'eroul'es sous mes yeux. La plaine au loin immense et bleu^atre, laissant luire de loin en loin les sinuosit'es du Neckar, et sous mes pieds ce monde de verdure lustr'ee, 'eclatante sur laquelle se d'etachaient ces admirables pierres, si chaudes de ton et de formes si gracieuses. Ah, le beau pays! Mais il est ridicule d’en parler, `a moins d’y ^etre. C’est raconter de la musique.

En allant de Heidelberg `a Francfort on passe aux portes de Darmstadt. J’avais appris par hasard que le lendemain c’'etait la f^ete de la Grande-D<uchesse>*. J’avais pens'e qu’il 'etait convenable de profiter de la circonstance pour aller lui offrir mes hommages. Cette supposition paraissait assez naturelle. Eh bien, il est possible que je me suis tromp'e dans mes calculs. Au moins j’ai cru remarquer que ma pr'esence g^enait les alentours `a cause d’un certain d^iner `a la campagne qui devait se donner le lendemain et auquel on ne savait pas si l’on pouvait convenablement associer un 'etranger, arriv'e impromptu. Je coupai court `a leurs h'esitations, en d'eclarant que je devais partir n'ecessairement aussit^ot apr`es la messe. Ce que je fis en effet, apr`es avoir gratifi'e de quelques paroles gracieuses et shake hands oblig'e… Quoiqu’il en soit, me voil`a garanti pour longtemps de tout retour de vell'eit'es courtisanesques…*

Ma chatte ch'erie, je voudrais bien que dans ce moment-ci tu m’envoyasses une inspiration. Le silence de ton fr`ere me jette dans de grandes perplexit'es. J’avais esp'er'e `a mon arriv'ee `a Francfort d’y trouver un mot d’avis de sa part, en r'eponse `a ta lettre que je lui ai 'ecrite de Bade, il y a trois semaines pass'ees, ce qui est un laps de temps plus que suffisant pour permettre `a cette r'eponse d’arriver, en d'epit de tous les distances que son d'eplacement et le mien ont pu occasionner. Je suis donc oblig'e de supposer ou que ma lettre, arriv'ee `a Munich, y est rest'ee, ou bien que ton fr`ere a d'ej`a quitt'e Ostende, ou ce qu’`a Dieu ne plaise que les soucis que lui donne la soci'et'e de Hubert l’emp^echent de me r'epondre. Quoiqu’il en soit des motifs de son silence, toujours est-il que je suis dans la plus compl`ete ignorance de son sujet et dans l’impossibilit'e m^eme de conjecturer, si en allant `a Ostende j’ai encore la chance de l’y rencontrer. Et cependant je ne voudrais pas faire ce voyage en pure perte, tant aussi peu que je me r'esigne `a l’id'ee d’^etre venu en Allemagne, sans l’avoir vu… A l’heure qu’il est il me reste bien encore deux cents ducats, mais il n’y a l`a rien de trop, pour payer l’exc'edent de la d'epense que me co^utera le transport de ta voiture par le chemin de fer. Or je tiens `a te le ramener, je veux au moins que mon voyage ait eu un r'esultat pratique quelconque. J’en ai besoin pour le justifier `a mes propres yeux. J’ai bien la chance de demander `a mon passage par Berlin une nouvelle course de courrier. Mais ai-je aussi celle de l’obtenir?.. Toutes ces consid'erations dispara^itraient, si j’avais la certitude de trouver ton fr`ere `a Ostende, mais s’il n’y 'etait plus?..

Eh bien, que faire?.. Adieu, ma chatte ch'erie. Je vois bien que tu ne veux pas me r'epondre et les 'ecritures m’emb^etent.

Tout `a toi et rien qu’`a toi. T. T.

Перевод

Франкфурт-на-Майне. 29

июля/10 августа 1847

Милая кисанька, третьего дня, приехав сюда, первым моим движением было бежать на почту, где меня и в самом деле ожидала радость — меня дожидались три твоих письма, поскольку, должен тебе сказать, я смирился с мыслью не иметь от тебя вестей во время моего пребывания в Вильдбаде, чтобы не потерять какое-нибудь из твоих писем вследствие их пересылки из одного места в другое. Если ты случайно воображаешь, будто своими письмами ты утоляешь мое нетерпение видеть тебя, то ты глубоко ошибаешься, ибо мне не случалось прочитать хотя бы одно без ощущения крайней нелепости того, что я покинул тебя. Никто не может состязаться с тобой в остроумии, и я великолепно понимаю, что после тебя все, кого я встречаю в свете, кажутся мне пресными и бесцветными, мне нужен хотя бы отзвук твоего присутствия, чтобы я мог переносить остальных… Это очень досадно, но это так.

Твое письмо начальника почтовой конторы Гапсаля — как говаривали во времена мадам де Севинье — меня очень развеселило. Оно в самом деле замечательное. Мало найдется фельетонов, даже из самых лучших, которые бы стоили этого письма. Мне очень понравилось, как ты перепугала собеседника оригинальными выражениями своего письма. Я также с удовольствием представил лицо Антонины Блудовой, поставленной в тупик, с ее ученостью, твоим неведением, столь спокойным и чистосердечным… Все это меня чрезвычайно радовало, пока я не дошел до того места в твоем письме, где ты пишешь, что осталась без денег и что до нового получения тебе придется жить в долг на счет своих слуг. Ты понимаешь, что я не мог перенести такую мысль. И знаешь, что я сделал? Я выслал тебе 800 рублей серебром и одновременно написал Вяземскому, чтобы, как только будет получен вексель, он позаботился о самой скорейшей присылке денег в Гапсаль. Вот каким образом я употребил твое письмо к Ротшильду, ибо, по счастью, я имею возможность не воспользоваться им для моих собственных нужд, так как у меня в руках еще имеется более двух сотен дукатов, которых должно хватить на вторую половину поездки… Только бы этот благословенный вексель прибыл вовремя, чтобы предотвратить самую крайнюю нужду. Но что же случилось с моим братом, будь неладно его отсутствие и его молчание…

Теперь я должен рассказать тебе о моем пребывании в Вильдбаде. На другой день после того, как я писал тебе из Карлсруэ, я прибыл в это дикое место, оживленное в настоящую минуту присутствием канцлерши. Нет нужды говорить тебе, что я был принят с целомудренным проявлением чувств, столь же истинных, сколь и сдержанных. Я нашел ее несколько приунывшей от одиночества, поскольку рядом с ней была только ее дочь Хрептович, также слегка скучавшая от здешнего пребывания, к коему ее принудила дочерняя любовь. Что касается до местного общества, оно по большей части состоит из всякого рода калек: разбитых параличом, хромых, безногих или вроде того. Вообрази кресло старого графа де Местра*, размножившееся до бесконечности и движущееся во всех направлениях. Местность, напротив, весьма живописна. Она напомнила мне своей дикой прелестью окрестности Кройта и прочая и прочая, хижину и прочая и прочая. Я уверился, что остались на свете еще горы. Благослови и сохрани их Господь! ибо большое утешение после трех лет жизни среди равнины и болот… увидеть славные, массивные и настоящие горы, которые не превратятся в тучку на горизонте, как только вглядишься в них попристальнее…

Против моего ожидания я встретил в Вильдбаде более сотни моих германских знакомых, которых не видал в Бадене, среди прочих приятель Парсеваль, которого я нашел удивительно постаревшим, толстяк Хельмштадт, племянник Брага, по-прежнему толстый и свежий, да к тому же женатый!.. Из местных там еще был находившийся некоторое время под влиянием прессы Левенштейн, протестант, который с негодованием поведал мне, что его кузина, вдова Константина Левенштейна, только что постриглась в монахини… Словом, я имел возможность во время своего пребывания в Вильдбаде, благодаря присутствию всех этих господ, пополнить мою осведомленность о Мюнхене… Но я избавлю тебя от подробностей, и у меня есть на то причина…

Разумеется, во время бесконечных досугов этого поистине альпийского пребывания большая часть моего времени была посвящена исключительно той, которая привлекла меня сюда. Прежде всего мы видались утром у источника; затем в три часа пополудни я заходил за ней для прогулки. Потом я обедал — и весьма приятно — с этими дамами у них.

А остатком дня можно было спокойно наслаждаться… И когда после недели, прожитой в этом трогательном согласии, пришлось расставаться, наше прощание было самым нежным и дерево нашей дружбы под благословенным вильдбадским солнцем пустило новые побеги…

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