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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Le brigadier se penchant vers le sergent de douane, d’un air entendu :

— On a recu des ordres ce matin, libert'e pleine et enti`ere pour traiter cette racaille comme elle le m'erite. Je ne regrette qu’une chose, c’est qu’on ne l’ait pas d'emoli tout de suite, ca ferait moins d’histoires, et il y en aurait un de moins.

— Bougre de bougre, pensa OEil-de-Boeuf, lancant un regard mauvais au brigadier, cette brute-l`a n’a pas l’air de vouloir rigoler. Eh bien, on va t^acher de faire son petit saint Jean. C’est 'egal, inculp'e d’assassinat, alors que j’ai simplement retourn'e les poches `a un macchab'ee c’est raide ! Je trouve qu’il cherre dans le mastic, ce brigadier de malheur.

Quelques minutes plus tard, les deux gendarmes entra^inaient leur prisonnier. La petite troupe des douaniers conduite par le sergent et le brigadier, continuait ses recherches. Nul ne s’'etait apercu de la disparition de Loulou Planche-`a-Pain, et, OEil-de-Boeuf, depuis qu’il savait qu’on allait le conduire `a la prison de Brest, 'etait bien le dernier `a s’en pr'eoccuper.

***

Cependant, cette sinistre matin'ee s’achevait par une victoire relative des autorit'es.

Non seulement on avait appr'ehend'e l’individu qu’on allait inculper d’assassinat, mais encore dans le poste du phare de la pointe Saint-Mathieu, on gardait `a vue, ba"ionnette au canon, une demi-douzaine de r^odeurs mal r'eput'es sur la c^ote, puis des apaches parisiens, qui n’'etaient autres que le Barbu, Carfoux, Rouquinot, enfin la m`ere Toulouche, qui se lamentait `a l’id'ee qu’apr`es avoir pass'e quatre ans dans une maison centrale, elle retombait apr`es quinze jours de libert'e aux mains de la justice de son pays, qui, disait-elle avait toujours manqu'e d’'egards pour ses cheveux blancs, et ne s’'etait jamais montr'ee tr`es tendre pour l’excellente personne qu’elle 'etait.

7 – QUATRE JOURS DE VOYAGE

Dans une chambre proprette, toute tapiss'ee d’un grand papier `a fleurs, dont les fen^etres 'etaient closes par un rideau de cretonne `a grands ramages qui tamisait mal le jour, Fandor venait d’ouvrir les yeux. Le journaliste 'etait rompu. Apr`es une nuit mouvement'ee comme celle qu’il avait v'ecue, il avait d’ailleurs bien le droit d’^etre fatigu'e et il allait s’accorder l’autorisation de demeurer encore un peu au lit, `a demi sommeillant, `a demi 'eveill'e, lorsque la voix de Juve vint le tirer de sa torpeur.

— Caf'e ou chocolat ? Qu’est-ce que tu d'esires, Fandor ?

Fandor se redressa, se pencha, regarda sur le lit voisin Juve qui, assis, achevait de s’habiller en lacant ses bottines.

— Caf'e ou chocolat, r'ep'eta le journaliste, vous en avez de bonnes, Juve. Ah ca, vous imaginez-vous, par exemple, que nous sommes `a l’h^otel Continental ?

— Non, Fandor, nous sommes `a l’h^otel de Brest.

— Justement, et les petits d'ejeuners sont uniformes. D’ailleurs vous connaissez mes go^uts, Juve : ni caf'e, ni chocolat, passez-moi une cigarette.

Le policier obtemp'era au d'esir du jeune homme et Fandor ayant allum'e l’indispensable rouleau de tabac, fuma b'eatement et se sentit peu `a peu envahi d’une douce satisfaction.

— Mon vieux Juve, d'eclara bient^ot le journaliste, sautant `a son tour au bas de son lit, me voici tout `a fait confortable. Bigre de bigre, qu’en pensez-vous ? cela fait du bien de dormir.

— Je ne dis pas non.

— Alors, Juve, si nous nous recouchions ?

— Non, ne nous recouchons pas, levons-nous, au contraire. Tu oublies, que diable, qu’il nous faut aller visiter M. Noyot, le juge d’instruction.

L`a-dessus Fandor s’avoua vaincu. Bien qu’en rechignant un peu, il s’habilla en h^ate.

Comment Juve et Fandor se trouvaient-ils `a l’h^otel de Brest ?

Comment les deux h'eros avaient-ils 'echapp'e `a l’effroyable catastrophe ?

Les deux amis avaient eu la bonne fortune en r'ealit'e, au moment o`u ils tombaient `a l’eau, d’^etre accroch'es par des 'epaves qui flottaient et qui les avaient emp^ech'es de se noyer.

***

— Allons, lambin, as-tu bient^ot fini de faire ta raie et d’adresser des oeillades aux Brestoises qui passent sous nos fen^etres ?

Juve pressait Fandor, qui, un peigne en main, semblait regarder avec une profonde attention la petite place sur laquelle 'etait dress'e l’h^otel. Mais Fandor ne tint aucun compte de l’observation du policier. Au lieu d’achever de se peigner, il souleva le rideau de vitrage, appela Juve :

— Venez donc, pardieu, je ne me trompe pas, ce sont eux.

Juve 'etait accouru `a l’appel de Fandor :

— Ma foi, tu as raison. Les choses se compliquent. Pourquoi diable Ellis Marshall et Sonia sont-ils ici ? Cela me donne `a penser.

— `A penser quoi, Juve ?

— D'ep^eche-toi.

Le journaliste fut pr^et en un clin d’oeil.

Les deux hommes quitt`erent le petit h^otel pour prendre la direction du Palais de Justice o`u les attendait le juge d’instruction. Fandor, les mains dans les poches, la cigarette aux l`evres, semblait parfaitement insouciant. Le policier allait t^ete basse, roulant de sombres pens'ees. Bient^ot m^eme Fandor essaya de faire parler Juve :

— Mon bon ami, la pr'esence d’Ellis Marshall et de Sonia m’intrigue. L’autre jour, en les rencontrant, nous supposions que tous les deux, en leur qualit'e d’agents diplomatiques, s’occupaient, comme nous, de suivre le Skobeleff. Mais maintenant qui suivent-ils ? Est-ce que, par hasard…

— Tais-toi donc, bavard, je t’ai dit que nous ne devions plus parler de cela. D’ailleurs, tu te trompes peut-^etre, Ellis Marshall et Sonia sont sans doute `a Brest pour un motif tr`es simple. Tu oublies qu’on leur a vol'e une auto ?

— Ah diable, c’est vrai, vous croyez qu’ils sont ici pour porter plainte ?

— C’est bien possible.

Au Palais de Justice, on ne les fit point attendre. Le juge commis pour enqu^eter sur le naufrage du Skobeleff, un certain M. Noyot, 'etait homme ponctuel, pr'ecis, m'eticuleux, respectueux des formes et d’une grande exactitude.

`A peine Juve eut-il fait passer sa carte, qu’il donnait l’ordre d’introduire les deux hommes :

— J’esp`ere, demandait-il, comme le policier et le journaliste le saluaient, j’esp`ere, messieurs, que vous voici parfaitement remis ? Vous m’excuserez de vous avoir convoqu'es si vite, mais je suppose que vous avez aussi h^ate de quitter Brest que j’ai h^ate moi-m^eme, de clore l’information ouverte, relativement `a la perte de ce malheureux navire ? Vous savez `a quoi il faut l’attribuer ?

— Ma foi, non, monsieur le juge d’instruction.

— Messieurs, il n’y a aucun doute `a se faire, le Skobeleff s’est perdu par le fait des manoeuvres coupables d’une bande de naufrageurs.

— Des naufrageurs ? Vous ^etes s^ur de ce que vous avancez, monsieur le juge ?

— Tout ce qu’il y a de plus s^ur. Une bande d’individus sans aveu a envahi le littoral. J’ai des t'emoignages formels. On les a vus se promener sur la falaise, agitant des lanternes pour faire croire `a la pr'esence de bateaux et amener le navire `a se mettre au plein. Bref, il ne peut subsister aucun doute. D’ailleurs, monsieur Juve, si vous vouliez une plus ample confirmation `a ces faits, je m’empresse de vous aviser que la gendarmerie a arr^et'e un individu qui, non content de piller les 'epaves du Skobeleff, a assassin'e un malheureux aspirant de marine.

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