Чтение онлайн

ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
Шрифт:

D'ej`a d’ailleurs, le journaliste 'etait retomb'e au sommeil. N’entendant plus rien, Juve allait en faire autant, quand d'echirante, sinistre, une plainte s’'eleva de nouveau :

— Au secours, `a moi, `a l’aide, `a l’assassin.

En un instant, Juve fut debout.

Le policier se pr'ecipita sur la porte de sa cellule, y cogna `a grands coups de poing.

Mieux inspir'e, derri`ere lui, Fandor avait bondi :

— Reculez-vous, Juve, reculez-vous.

Et, sans laisser le temps au policier de comprendre ses intentions, Fandor empoigna Juve `a bras le corps, l’'ecarta de la porte, dont, il fit sauter la serrure `a coups de revolver :

— Un coup d’'epaule, Juve et nous passons.

En un clin d’oeil, la porte de la chambre de force, en effet, tombait, arrach'ee de ses gonds.

Mais, au moment m^eme o`u Juve et Fandor s’'echappaient ainsi de leur prison pour courir dans la direction o`u ils venaient d’entendre appeler au secours, on venait `a la rescousse.

Emport'es par leur 'elan, tr'ebuchant, les deux hommes venaient, en effet, de buter dans une troupe de gendarmes `a demi 'eveill'es, qui descendaient des 'etages de la gendarmerie portant des falots et plus grotesquement arm'es les uns que les autres, qui, d’un pistolet, qui, m^eme d’un simple balai.

Dans la petite pi`ece qui attenait `a la chambre de force, ce fut, alors une sombre m^el'ee.

— Au secours, `a l’aide, par ici.

— Mais o`u diable est Pancrace ?

Un vrai tohu-bohu.

Par bonheur, l’arriv'ee du colonel Mastillard suffit `a r'etablir l’ordre.

— Taisez-vous donc, nom d’un chien, hurla le chef, que se passe-t-il donc ?

C’'etait la voix de Juve qui r'epondit :

— Mon colonel, criait Juve, c’est 'epouvantable. Votre malheureux gendarme vient d’^etre assassin'e.

Et Juve montrait sur le sol, le corps du brave Pancrace, au flanc gauche travers'e d’un poignard.

Au petit jour, Juve et Fandor partirent, toujours v^etus en trimardeurs.

— Mon pauvre Fandor, disait Juve, as-tu compris pourquoi ce malheureux Pancrace est mort ?

— Oui.

— Alors pourquoi ?

— Pour moi, Juve, Fant^omas a tu'e ce malheureux qui veillait `a notre porte pour arriver jusqu’`a nous.

— Non, Fandor, tu te h^ates trop de deviner. Si Fant^omas, r'eellement, avait voulu s’attaquer `a nous, il se serait content'e d’immobiliser le gendarme Pancrace, il ne l’aurait pas tu'e. Crois-moi, ce n’est pas `a nous, c’est bien `a Pancrace que le bandit en voulait.

— Ah ?

— 'Ecoute, Fandor, il s’est imagin'e que pendant notre sommeil nous avions confi'e le portefeuille rouge au planton qui nous veillait. Et c’est pourquoi Pancrace a 'et'e tu'e, tu'e `a notre place. Sais-tu, Fandor, que nous n’avons peut-^etre jamais jou'e partie aussi grave que celle que nous disputons en ce moment pour ce fameux portefeuille rouge ?

— Que vous avez dans votre poche, Juve.

Chose curieuse, le journaliste, en disant cela, avait un vague sourire au coin des l`evres.

10 – AVIS AUX AMATEURS

— Tout de m^eme Juve, vous exag'erez.

— J’exag`ere ? Fandor, que veux-tu dire ?

— Nous venons `a peine d’arriver `a l’h^otel, nous avons `a peine d'epos'e notre valise, et voil`a que vous me faites repartir, voil`a que vous pr'etendez visiter Morlaix.

— Fandor, tu n’es qu’un imb'ecile.

— Possible, mon bon Juve, mais j’ai sommeil.

« Juve, continuait Fandor, vous ^etes insupportable. Dites-moi au moins o`u vous me menez, et pourquoi vous me faites gravir toutes les marches de cet escalier ?

— Pour arriver `a son sommet, mon cher Fandor.

— Juve, vous vous moquez de moi ?

— C’est bien possible, Fandor… Mais, tr^eve de plaisanteries, Fandor. Puisque tu tiens `a savoir o`u nous allons, sache que je te guide vers un superbe point de vue. Nous montons vers le viaduc.

— Vers le viaduc ? Vous ^etes fou ? Que diable comptez-vous faire l`a-haut ?

— Admirer le paysage.

Le viaduc 'etait, et Fandor dut en convenir lui-m^eme, tr`es digne d’int'er^et. Gigantesque, 'elev'e `a donner le vertige, ce travail d’art, qui fait la fiert'e de la petite ville et que l’on vient admirer de fort loin, unit, `a pr`es de cinquante m`etres de haut, le sommet des deux collines entre lesquelles Morlaix se r'epand.

— Juve, dit Fandor, si vous voulez vraiment 'etudier la construction de ce viaduc, allons l’admirer par en bas, mais ne me faites pas grimper au sommet.

— Fandor, tu es le dernier des idiots, dit Juve.

Dix minutes plus tard, les deux hommes atteignaient la petite gare de Morlaix, et Fandor ne fut pas m'ediocrement 'etonn'e de voir Juve, le plus gravement du monde, prendre deux billets de troisi`eme pour la station la plus proche.

— Partons-nous donc ? se demandait Fandor.

Pas du tout.

— Mon petit Fandor, dit Juve, nous sommes ici, sur le quai de la gare, `a quelque chose comme `a une vingtaine de m`etres du commencement du viaduc. Attention `a la manoeuvre. Profite du moment o`u les employ'es auront le dos tourn'e, glisse-toi le long de la voie, va-t’en jusqu’au milieu du viaduc, je t’y rejoins…

Peu apr`es, en effet, Juve et Fandor se retrouvaient, perdus dans la nuit au milieu du viaduc, et tous deux s’accotaient `a la balustrade, regardant, saisis d’admiration, le panorama sous leurs yeux.

— Est-ce assez joli, dans la nuit commencante, l’aspect de cette petite ville, mal 'eclair'ee, d’ailleurs, et de ces maisons qui semblent tass'ees les unes sur les autres et o`u clignotent de vagues lueurs.

— Ma foi, Juve, je ne vous connaissais point si po'etique. Bigre de bigre, est-ce vraiment pour admirer Morlaix endormie que vous m’avez fait monter ici ?

— Non, avoua-t-il, nous sommes ici, mon petit, pour examiner notre chambre `a coucher.

— Notre chambre `a coucher, Juve ?

— Parfaitement. Fandor, tu n’es pas surpris que nous soyons arriv'es sans encombre jusqu’ici ?

— Si Juve, j’en suis surpris. Mais je ne vois pas quelles conclusions vous pouvez en tirer ?

— Raisonne un peu, Fandor. Si ni Fant^omas, ni Ellis Marshall, ni Sonia Danidoff n’ont trouv'e bon de nous attaquer sur la route, crois-tu que nous devions en conclure qu’ils ont renonc'e `a s’emparer du portefeuille ?

— Non, certes.

— Eh bien, alors, Fandor, tu devrais te dire ceci : c’est qu’ayant 'evit'e les embuscades de jour, nous avons grande chance de subir des embuscades de nuit. Si je t’ai amen'e ici, au viaduc, c’est parce que de ce viaduc nous voyons parfaitement notre h^otel qui est situ'e juste au-dessous de nous, et que, voyant notre h^otel, tiens, l`a, pr`es de la rivi`ere, nous apercevons aussi les fen^etres de notre chambre, ce qui va nous permettre d’^etre aux premi`eres loges pour voir comment nos affaires vont ^etre fouill'ees tout comme elles l’ont 'et'e `a Brest. Et ils n’ont pas perdu de temps. Regarde sur le toit de notre h^otel…

Поделиться с друзьями: