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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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— Sang de Dieu, jurait de temps `a autre le p`ere Zizi, qui s’'etait tout juste assez civilis'e au cours de ses voyages pour apprendre quelques jurons bien francais, sang de Dieu, comment allons-nous faire, la m`ere ? Jamais tu ne pourras ces jours-ci tenir la carabine.

La m`ere Zizi, qui regardait son bras enfl'e, et qui, de plus, ressentait de vives douleurs dans toute l’'epaule, hocha tristement la t^ete :

— Parbleu, le p`ere, tu as raison. Il faudrait que tu me fasses remplacer par quelqu’un. Plus facile `a dire qu’`a faire.

Le « quelqu’un » que la vieille Boh'emienne proposait d’engager 'etait des plus hypoth'etiques, car il devait pr'esenter des qualit'es assez rares. Ce devait ^etre une femme, ce devait ^etre une bonne tireuse.

Or, le hasard allait bien faire les choses.

Alors que le p`ere Zizi se lamentait et criait `a tous les 'echos sa douleur de voir la m`ere Zizi hors d’'etat de tenir son r^ole, il eut la surprise de voir d'eboucher brusquement d’un sentier voisin une jeune fille qui, tout naturellement, – et ayant certainement entendu les plaintes des deux Boh'emiens – s’offrit `a remplacer la m`ere Zizi, si toutefois on voulait lui assurer le vivre et le coucher.

Le p`ere Zizi s’empressa d’accepter.

M^eme, il voulut que la jeune fille prit tout de suite ses premi`eres lecons de tir, et ce n’est pas sans surprise qu’il s’apercut que sa nouvelle recrue maniait expertement la carabine de tir qu’il lui avait confi'ee.

Le Boh'emien, d`es lors vit l’avenir en rose.

Ce n’'etait que le commencement de ses ennuis.

12 – LA BELLE HOMICIDE

Fandor venait `a peine de quitter Juve que, descendant les rues de Morlaix, il tombait `a l’improviste sur une petite place transform'ee en champ de foire.

De toutes part, des bateleurs faisaient leur boniment, brutalement 'eclair'es par des lampes `a ac'etyl`ene.

— Entrez, entrez, messieurs, dames, criait sur une estrade transform'ee en tribune, une sorte de gentleman comiquement habill'e d’une redingote trop longue. Entrez, il n’y a pas de premi`eres, et pas de secondes, et pas de troisi`emes. Ici, toutes les places sont au m^eme prix. On voit aussi bien d’un bout `a l’autre de la salle. Et le spectacle en vaut la peine, messieurs et dames. Entrez, Les artistes de la troupe vont avoir l’honneur de repr'esenter devant vous les c'er'emonies du mariage telles qu’elles s’effectuent dans les diff'erents peuples du monde, et cela, d’apr`es les documents rapport'es par les plus c'el`ebres explorateurs. Entrez, on ne paye qu’en sortant. Si l’on est content. Le prix des places est `a la port'ee de tous les membres de l’honorable soci'et'e qui m’'ecoute.

Le journaliste, toutefois, n’'etait gu`ere dispos'e `a s’amuser plus longuement de l’aspect du champ de foire.

Il allait donc poursuivre son chemin, revenir `a l’h^otel, regagner la petite chambre si expertement perquisitionn'ee quelques minutes auparavant par Sonia et Marshall, lorsque soudain il tressaillit.

— Diable de diable dit Fandor, qui soudain, s’'etait immobilis'e et fixait un personnage avec des yeux litt'eralement ahuris. Qui est-ce donc ? J’ai d'ej`a vu ce bonhomme-l`a. Mais o`u ?

Et d'elib'er'ement d`es lors, Fandor se h^ata pour rejoindre le passant et le regarder `a loisir.

Le passant, bien 'evidemment, ne se doutait nullement qu’il 'etait suivi par Fandor.

Peut-^etre n’avait-il aucune raison de vouloir 'eviter que l’on observ^at ses d'emarches ?

Tr`es naturellement, apr`es avoir travers'e le champ de foire, il alla s’arr^eter `a l’entr'ee d’un humble baraquement dont l’enseigne, 'eclair'ee `a giorno par une abondance de lampions, portait ces mots all'echants :

« `A la femme qui tue, sans tuer. »

'Evidemment, l’homme allait entrer `a la suite de la foule pour assister `a la s'eance.

Fandor arriva tout juste pour le voir passer de l’autre c^ot'e du petit bureau servant de contr^ole, o`u si'egeait, imposant et digne, v^etu d’un extraordinaire uniforme de vieux g'en'eral, un mince vieillard, patron de l’'etablissement…

— Mis'ericorde songea Fandor, que dirait Juve, dans son wagon, probablement endormi, s’il me voyait en train de baguenauder dehors `a la poursuite d’un inconnu que je crois reconna^itre ?

Le journaliste 'etait toutefois trop t^etu pour renoncer `a sa poursuite.

`A son tour, il franchit les degr'es de l’estrade, `a son tour, il entra voir la femme qui

« tuait sans tuer ».

Debout sur la sc`ene m'enag'ee au fond de la tente, le journaliste apercut une femme, une jeune fille plut^ot, une jeune fille qu’il reconnut parfaitement, qu’il ne pouvait pas ne pas reconna^itre, qui n’'etait autre qu’H'el`ene.

Oui, H'el`ene, la fille de Fant^omas, la malheureuse et innocente enfant du Ma^itre de l’Effroi.

Comment H'el`ene se trouvait-elle l`a ?

Le jeune homme, toutefois, 'etait bien trop ma^itre de lui-m^eme pour trahir ses impressions.

`A peine avait-il reconnu en entrant dans la baraque la fille de Fant^omas, qu’il se jeta en arri`ere, se dissimulant dans un coin sombre de la tente…

— Morbleu, songeait Fandor `a ce moment, je vais laisser finir le spectacle et il faudra bien, co^ute que co^ute, la toile tomb'ee, que j’obtienne un entretien de cette 'enigmatique enfant. Sait-elle seulement si son p`ere est sauf ? Pourquoi est-elle l`a ? n’est-elle pas devenue sa complice ?

Mais le spectacle d'ebutait. La m`ere Zizi – car l’'etablissement dans lequel Fandor venait de p'en'etrer 'etait l’'etablissement forain du p`ere Zizi – s’avancait et annoncait :

— Messieurs et Mesdames et vous aussi, militaires la jeune femme, merveilleusement belle, que vous avez devant vous va avoir l’honneur d’ex'ecuter avec l’un des honorables membres de la soci'et'e, qui voudra bien se d'esigner lui-m^eme, un exercice 'eminemment int'eressant et 'emouvant, l’exercice du sabre magique. Messieurs et Mesdames, la jeune fille merveilleusement belle va prendre le fusil de chasse que voici, et que vous pouvez examiner dans tous les sens. Elle va charger ce fusil avec la cartouche que voici, et que vous pouvez encore examiner vous-m^emes, afin de vous assurer visuellement qu’elle n’est point truqu'ee. Puis, elle 'epaulera son arme, elle visera l’amateur qui voudra bien tenter cet exercice. Et si c’est un honn^ete homme s’il n’a rien `a se reprocher, gr^ace `a la vertu du sabre magique que je lui donnerai, non seulement cet amateur ne sera pas tu'e, mais encore il retrouvera dans sa poche, la balle qui se trouve dans cette cartouche, et cette balle sera envelopp'ee dans une feuille de papier, o`u sera dispos'ee, encore, la somme de deux sous, dix centimes.

Et subitement, avec cet esprit de d'ecision qui lui 'etait particulier, voil`a que Fandor, en bon gavroche qu’il 'etait, se sentit pris du d'esir de faire une bonne blague.

La m`ere Zizi, `a ce moment, demandait :

— Un amateur qui veut 'eprouver la vertu du sabre magique ?

— Moi, dit Fandor.

Or, en m^eme temps que Fandor sautait sur l’estrade, pr^et `a affronter le feu `a coup s^ur inoffensif de « la merveilleuse jeune femme », voil`a qu’`a nouveau son regard se croisait avec le regard du colosse, et il semblait `a Fandor qu’il d'em^elait comme une sombre expression de haine dans les yeux de l’individu.

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