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ЖАНРЫ

La mort de Juve (Смерть Жюва)
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— Mais pourtant, p`ere Pastel, le Norv'egien a r'eussi `a quelque chose ? J’ai appris que cet apr`es-midi il avait retir'e une premi`ere caisse, qui contenait une grosse somme en or. On dit m^eme que selon les conventions intervenues, la banque qui fait les r`eglements du courtier lui a pay'e aussit^ot, en bons et beaux billets bleus, la valeur des trois quarts de la marchandise sauv'ee, conform'ement au contrat ?

— Bougre de nom de nom, c’est justement ca qui me fiche en rogne. Je n’y comprends rien de rien. C’est bien s^ur que ce Norv'egien de malheur a ramen'e une caisse avec lui et qu’il a touch'e de l’argent pour, mais quand je vous dis moi, que c’'etait impossible d’aller la chercher la caisse dans la cale du navire coul'e, alors ? Voulez-vous m’expliquer comment il s’y est pris ? Vous le savez vous ?

— Bernique, p`ere Pastel.

— J’vas vous dire, monsieur, tout ca, c’est des trucs pas ordinaires. Le Norv'egien a embauch'e tout un personnel de sauveteurs qui viennent de je ne sais o`u, et qui ne s’y connaissent pas. On s’en apercoit rien qu’`a les regarder manoeuvrer. Alors je me demande s’il n’y a pas l`a-dedans des combinaisons avec le diable.

— Non, p`ere Pastel, trouvez autre chose, le diable ne renfloue pas.

Le p`ere Pastel se penchait `a l’oreille du journaliste :

— Ne cherchez pas. C’est trouv'e ou tout comme. Hein, qu’est-ce que vous diriez si je vous racontais que j’ai la conviction que ce Norv'egien de malheur est en train de fourrer tout le monde dedans et qu’il fait tout simplement un sauvetage fictif ?

— Un sauvetage fictif ?

— Fictif, oui, r'epliqua le p`ere Pastel, vous ne savez peut-^etre pas ce que veut dire ce mot, des fois que vous n’auriez pas beaucoup d’instruction ? Sans doute, que je ne suis pas un savant moi non plus, mais apr`es cinquante ans d’^age, on conna^it bien des petites choses. Je m’en vais vous l’expliquer, moi, ce que cela signifie, un sauvetage fictif.

Zut, voil`a qu’on les avait interrompus. Des matelots de L’OEuf, le sous-marin attach'e au port de Cherbourg.

— Ca va, le p`ere Fouille-Vase ? et les affaires ?

— Rigolez toujours, les gars, n’emp^eche que j’ai fait deux fois le tour du monde avant que vous ayez fini de t'eter votre m`ere. Et c’'etait encore sur des fr'egates `a voile. O`u on se remuait plus que dans vos bo^ites `a sardines.

— C`a, reconnut un matelot, vous avez raison. Surtout lorsqu’on est embarqu'e `a bord des sous-marins. Y a pas grand chose `a faire pour naviguer. On s’en va droit devant soi, sous l’eau, dans l’obscurit'e. Ca marche comme ca veut. Comme ca peut. Ca fonce au hasard.

— On m’a dit comme ca, les gars, que vous alliez faire bient^ot des exp'eriences avec un nouveau projecteur lenticulaire qui permettra de voir sa route `a dix m`etres sous l’eau. C’est-y vrai cette histoire-l`a ?

— Tout ce qu’il y a de vrai, r'epondit le premier des marins, `a preuve qu’on va s’en servir demain pour aller reconna^itre l’'epave que l’on doit faire sauter.

— L’'epave ? quelle 'epave ?

— Celle du Triumphnuisible pour la navigation. Alors ca a 'et'e d'ecid'e par le service de l’Amiraut'e. Demain `a mar'ee basse, reconnaissance avec L’OEuf, et apr`es-demain sans doute, bombardement avec feux d’artifice sous la mer, histoire de faire rigoler les marsouins.

— Amenez-vous, vous autres, je paye un verre, cria Pastel en se frottant les mains, `a la sant'e de l’explosion ! Tout de m^eme, il y a un bon Dieu, il y a une justice. Ah, on a d'ecid'e de faire sauter l’'epave, ca, c’est joliment bien. Comme ca, ce sacr'e Norv'egien pourra pas continuer.

Fandor ne l’'ecoutait plus. Le journaliste avait pris `a part un jeune matelot, qu’il interrogeait minutieusement :

— C’est int'eressant `a voir une plong'ee sous-marine ?

— C’est selon. Naturellement quand on a l’habitude, on ne fait plus attention, mais pour du jamais vu, c’est int'eressant.

— Pendant que L’OEuffera sa reconnaissance, est-ce qu’on continuera les op'erations de sauvetage ?

— Naturellement, ce n’est qu’apr`es demain qu’on les interdira si l’on fait sauter le navire.

— Comment s’appelle votre commandant ?

— Le lieutenant de vaisseau de Kervalac.

— O`u demeure-t-il ?

Le matelot donna une adresse.

Quelques instants plus tard, le journaliste se levait :

— Il faut, co^ute que co^ute, songeait-il, que j’obtienne de cet officier l’autorisation de monter `a bord. Non, ce lieutenant ne voudra jamais. Il vaut mieux que je t'el'egraphie au minist`ere de la Marine. L`a, j’ai quelques relations, j’aurai plus de chance de r'eussir.

Fandor ne songea plus, d`es lors, qu’`a quitter le bar. Mais comment allait-il se d'ep^etrer de tous ses nombreux et nouveaux amis ? Les circonstances, heureusement, vinrent `a son aide. Pastel avait suffisamment bu, il quitta la table, vint sur le seuil.

Et soudain, le visage jovial du sauveteur se rembrunit. Fandor suivit son regard, qui s’'etait arr^et'e sur deux hommes qui passaient sur la jet'ee.

— S’il n’y avait pas entre eux et nous de quoi faire flotter deux bateaux de cinq cents tonneaux, comme j’irais leur dire ma facon de penser `a ces gaillards-l`a.

— Vous les connaissez ?

— Parbleu, oui, fit Pastel, c’est le Norv'egien et son second.

— Ah. Vous croyez ?

— J’en suis s^ur, affirma le vieux sauveteur.

Mais soudain, Fandor le quittait, courait `a toutes jambes, s’efforcant de trouver la passerelle qui lui permettrait d’atteindre l’autre c^ot'e du bassin et de rejoindre les deux hommes signal'es.

Fandor eut beau courir `a perte d’haleine, lorsqu’il parvint sur l’autre bord, les deux hommes avaient disparu.

Pourquoi aurait-il voulu les approcher ? Parce que le journaliste avait reconnu ceux que Pastel prenait pour le Norv'egien et son second. Le premier 'etait s^urement l’apache B'eb'e. Quant `a l’autre, inutile de le nommer.

15 – SUR

« L’OEUF »

Fandor tira sa montre de sa poche, h'esita une seconde, puis se d'ecida `a entrer dans le petit caf'e de modeste apparence que d'esignait `a l’attention des passants une enseigne tricolore : « Au Vaisseau Amiral ».

— Cinq heures, monologuait le jeune homme, je suis en avance d’une bonne demi-heure, et je vais m’ennuyer comme un rat mort en attendant H'el`ene. Mais qu’y faire ?

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